La saison étant officiellement terminée, il est temps de faire un tour de table de l’effectif. Nous vous proposons un bilan de la saison de chaque joueur. Et, pour ouvrir le bal, qui d’autre que celui que vous avez élu Olympien de la saison sur @peupleolympien? Steve Mandanda, joueur clé de cette belle saison, est le premier à être mis à l’honneur. Décryptage.
Mandanda cette saison, c’est 31 matchs pour 78 arrêts. Voici ci-dessous les statistiques propres à sa saison en Ligue 1.
Il faux-nomeno
Si la saison de Steve est aussi belle, c’est en partie parce qu’il revient de loin. Chacun d’entre nous se rappelle de son précédent exercice, et le souvenir n’est pas des plus agréables. Ses prestations ne ravissaient pas du tout, à tel point qu’il était même devenu, pour beaucoup, indésirable. Il venait d’effectuer sa pire saison à titre individuel. Notre gardien, que l’on avait tant chéri par le passé, était la cible de moqueries sur la toile où l’on retrouvait fréquemment des images de son visage dépité, soufflant et levant les yeux au ciel avec un air de chien battu. Il était aussi victime de railleries concernant son physique. Pour bon nombre de supporters marseillais, il avait alors fait son temps et devait désormais quitter le navire.
C’était une souffrance pour lui biensûr, mais pour nous également. Tout simplement parce qu’il était difficilement supportable de le voir sombrer, et le club avec. Ses mauvaises prestations lui avaient d’ailleurs coûté la place qu’il détenait depuis très longtemps en équipe de France. On imaginait alors que cet évènement lui avait mis un coup derrière la tête et que son ego en avait pris un coup. En conséquence, on se disait que, finalement, cela avait eu une influence sur la suite. Tout cela n’était que suppositions, jusqu’à ce qu’il explique officiellement que ce sont ses difficultés sur le terrain et sa non sélection (pour les matchs internationaux de juin 2019) qui ont déclenché sa remise en question.
« Par rapport aux matchs, par rapport aux enchaînements, il y a pas mal de choses que je ne pouvais pas faire. Après, ça a été un élément déclencheur (…) et derrière il y a eu cette non-sélection. »
Conférence de presse Equipe de France, 12 novembre 2019.
Personne ne voulait le voir finir sur cette note, personne, et encore moins le principal intéressé. Alors, nul ne sait précisément comment il en est arrivé là (certains évoquaient des problèmes personnels ou encore une décompression post titre de champion du monde) ni ce qui lui est exactement passé par la tête durant cette saison et à la fin, mais on imagine que ça a eu l’effet d’un électrochoc.
En effet, dès la trêve estivale, on l’a aperçu sur un cliché à Merano, la célèbre cure amincissante des sportifs, plus affûté que jamais. Il semblait avoir voulu se prendre en main et ce, de manière radicale. Envolés les kilos superflus, le gardien olympien affichait un large sourire et un physique digne d’un sportif professionnel, de quoi rassurer et même bluffer les supporters. Il ne lui restait plus qu’à mettre à profit ces efforts à l’entraînement pour afficher à nouveau le niveau qui était le sien. Et les fans de l’OM allaient rapidement se faire un avis sur leur portier…
Il fenomeno, le come back
Lors de la pré-saison, l’entraîneur marseillais avait donné un groupe de quatre joueurs susceptibles de porter le brassard. Fort logiquement, celui à qui il a officiellement été donné, c’est Steve. Et cela n’a bien évidemment étonné personne, puisqu’il est pour beaucoup plus qu’un cadre. Il est le taulier du vestiaire et également, le plus ancien. Quoiqu’il en soit, ce signe fort de la part du coach phocéen allait sans doute avoir son importance dans la tête et donc nécessairement dans les prestations du natif de Kinshasa.
10 août 2019. Les bleus et blancs retrouvent leur antre, et leur public. Ce dernier attend beaucoup de ses joueurs, et notamment, de son gardien. Si ceux présents sur le rectangle vert vont se retrouver rapidement en difficulté, ils vont au moins permettre à celui qui garde les cages de se mettre, lui, en évidence. Effectivement, dès la première minute de jeu, le Rémois Doumbia fait une rapide incursion dans la surface mais Steve Mandanda veille et est à la parade. Le ton est donné, notre fenomeno retrouvé.
Certes, il était peut-être un peu tôt pour le dire, mais il allait s’illustrer à d’autres reprises dans cette partie, comme sur cette nouvelle parade à la suite d’une frappe de Boulaye Dia à la 31ème minute. En fin de match, il sort à nouveau devant ce diable de Dia pour dégager un ballon très chaud. Si les olympiens de champ se sont fait « reimser » dans cette partie, le portier marseillais a de son côté plutôt tenu son rang. Même s’il se fait fusiller sur le but de l’attaquant champenois à la 58ème minute et qu’il en encaisse un second dans les dernières minutes de la rencontre, il a rassuré.
Ce match était un face à face de deux grands gardiens. Son homologue rémois étant, lui aussi, considéré comme l’un des grands artisans de la saison réussie de son équipe. On ne peut pas dire réellement que Steve l’ait emporté dans ce duel à distance, mais il a été de loin le meilleur joueur de son équipe cet après-midi là.
De quoi rassurer les supporters marseillais, à l’inverse de ses coéquipiers qui eux, ont plutôt inquiété. Heureusement, on connaît aujourd’hui le scénario final de cette saison 2019-2020, mais il est vrai que sur ce premier match de la saison, Steve était le seul à avoir convaincu. La question que tout le monde se posait : était-ce une performance qui resterait rare, ou avait-il vraiment retrouvé toutes ses capacités qui avaient fait de lui une légende olympienne et un gardien de l’équipe nationale? La suite nous amènerait à en savoir plus sur le sujet.
La résurrection officielle
Douze saisons, rendez vous compte. Il ne voulait vraiment pas baisser les bras et partir sur un échec, alors il s’est démené et l’a prouvé. Au cours de la saison, Steve a rayonné à de nombreuses reprises. Remémorons-nous ces moments clés tous plus importants les uns que les autres.
17 août 2019. A la Beaujoire, l’OM était en difficulté. Ils n’ont pas réussi à marquer mais auraient pu en encaisser sans la présence d’un grand gardien. Les Nantais ont poussé à la fin du match, s’offrant trois belles occasions repoussées par notre portier en pleine forme qui a brillé tout au long de la rencontre. A ce moment-là, il n’avait pas réalisé autant d’arrêts depuis presque deux ans, une performance permettant aux phocéens de repartir de leur confrontation face aux canaris avec un point.
Un mois de septembre plus que rassurant
15 Septembre 2019. C’est un match fou auquel on a assisté à Louis II. Steve Mandanda, malgré les buts encaissés, était l’un des héros marseillais de la soirée. Il a notamment empêché le 4-4 par deux fois, devant Slimani et Baldé à la 77ème minute. Sauveur.
29 septembre 2019. Ce soir là, nous avons été témoins d’une double parade PHE-NO-ME-NALE de notre fenomeno devant Hunou à la 85ème minute, alors que l’OM faisait match nul. Probablement celle(s) qui a (ont) le plus marqué les esprits cette saison.
Une fin d’année en demi-teinte
24 novembre 2019. L’OM se déplace au StadiOM dans un match qui semble largement à sa portée. Pourtant, la partie ne sera pas si simple et l’OM aura du mal. L’équipe finira par trouver la faille par deux fois en fin de match, mais en ayant fortement été aidée par son capitaine. En effet, le tournant du match a été l’arrêt du pied du numéro 30 d’un réflexe sur sa ligne avant les deux buts marseillais.
3 décembre 2019. La bande à Mandanda se déplace en pays de la Loire pour affronter Angers. Dans ce match également, Steve aura eu un rôle plus qu’important puisqu’il a maintenu son équipe dans la partie. Il a formidablement repoussé sur sa ligne une tête décroisée de Capelle alors que deux minutes plus tard, Sanson marquait le premier but des hommes d’AVB.
Lors du match suivant, les supporters marseillais vont se faire une petite frayeur.
Plus de peur que de mal
Une saison parfaite n’existe pas et il fallait que quelque chose vienne la ternir. Lors de l’avant dernière journée de la première partie de saison, le capitaine est sorti sur blessure. Au vu de ses performances, inutile de préciser que l’inquiétude nous a toutes et tous gagnés. Finalement, nous avons été rapidement rassurés en apprenant qu’il ne s’agissait que d’une entorse bénigne de la cheville droite. De plus, Pelé a parfaitement assuré l’intérim, dans un premier temps face à Metz en s’offrant même le luxe de stopper un pénalty, puis face à Nîmes où il n’a quasiment pas eu à s’employer.
Février au sommet
02 février 2020. L’OM ne gagne toujours pas en Gironde, mais l’OM ne perd pas, en tout cas, pas cette fois. Et Il Fenomeno n’y est pas pour rien, car, comme l’affirme son coach aux micros ce soir-là, le match nul, c’est en grande partie lui qui le tient.
« Il a fait deux arrêts impossibles: un en première mi-temps et l’autre en deuxième. Cette saison, il est là pour nous. Il nous a tenus dans plusieurs matchs. Il l’a fait encore une fois. »
AVB, conférence de presse d’après-match FCGB-OM.
Les deux arrêts dont parle le tacticien portugais sont les suivants. Dans le temps additionnel de la première mi-temps, Steve a d’abord détourné du ventre une tentative de Rémi Oudin, puis, en toute fin de match, il s’est admirablement détendu au sol pour mettre en corner la tête de Pablo. Ces deux précieuses parades à des moments cruciaux ont permis à l’OM de revenir de son déplacement en terre girondine avec un point, ce qui était, au vu du match, mieux que rien.
16 février 2020. Dans ce match au sommet, les olympiens ont montré beaucoup de caractère, et Steve, qui n’a pas échappé aux assauts lillois, a lui aussi fait preuve de solidité. Aux 4ème et 15ème minutes, face à Osimhen puis Rémy, il a parfaitement empêché le ballon d’entrer dans sa cage avant de céder une fois à la 51ème. Ses coéquipiers étant parvenus à égaliser puis enfoncer le clou, on peut considérer que ses jolies parades ont eu leur importance.
28 février 2020. D’entrée, au stade des Costières, il est l’auteur d’une parade exceptionnelle à la 5ème minute, en venant précipitamment se coucher et renvoyer d’une main ferme une tentative de Roux. Malheureusement, sa parade reviendra sur Ferhat qui marquera le premier but de la partie. Le portier olympien s’est donc rapidement mis en vue mais n’a pas pu empêché le premier but des Nîmois. Mais quel geste encore une fois! Plus tard, à 2-1 pour les olympiens, il s’illustrait sur une parade majestueuse devant Landre (62ème) qui vaudrait de l’or au vu de la fin de match. Deux minutes plus tard, il détournait à nouveau du bout des gants une frappe de l’intenable Ferhat.
Lorsque les Marseillais avaient deux buts d’avance, Steve réalisait une parade du bout des gants. Cependant, le ballon allait heurter son montant gauche et se dirigeait vers l’intérieur du but avant que le portier ne vienne stopper sa course à la limite du franchissement de ligne (82ème). Finalement, dans une sortie aérienne pas assez impériale, il venait encaisser un second but, mais ses mains fermes à des moments clés du match auront tout de même permis à l’OM de repartir de ce derby avec les trois points.
Un bilan plus que positif
C’est une liste non exhaustive évidemment, tant ses parades ont été nombreuses. Et parfois, il a réalisé la parade mais n’a pas pu empêcher le but dans la foulée. On note par exemple celle du 29 janvier en coupe face à Strasbourg. Il a été décisif sur une frappe de Waris, mais Corgnet avait suivi. Et ce type de situation a eu lieu à plusieurs reprises cette saison.
On ne peut pas vraiment dire combien de points le portier marseillais a offerts à son équipe ni même s’il en a réellement offerts, étant donné que le foot n’est pas une science exacte, mais une chose est sûre, ce mois de février très solide du gardien olympien a grandement aidé l’équipe dans une période qui devenait de plus en plus délicate en terme de jeu proposé. En outre, l’OM a réalisé une très jolie série en restant invaincu lors de 14 matchs de L1 entre novembre 2019 et février 2020 (11 succès, 3 nuls). Cette dernière était la meilleure série du club sur un même exercice dans l’élite depuis février-mai 2010 (15 matchs). Et nous sommes tous d’accord pour affirmer avec certitude que Steve y a sérieusement participé.
Nul n’est parfait
En toute honnêteté, notre gardien a fait une saison exceptionnelle. Son retour en forme a marqué les esprits et il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre le contraire. Cependant, il lui reste tout de même quelques axes à perfectionner. Son jeu au pied est bon, il a été impérial sur sa ligne, presque irréprochable dans les airs. Mais alors que peut-il améliorer?
Eh bien, on le sait tous, finalement. On aimerait beaucoup le voir soigner ses statistiques sur pénalties. Sur ce point, et c’est peut-être le seul, il peine quelque peu. Pour preuve, son dernier arrêt remonte au 1er octobre 2017. Sa doublure, quant à elle, excelle en la matière. En décembre, Yohann Pelé détournait la tentative d’Habib Diallo. Contre Trélissac, il réussissait à repousser deux tentatives sur quatre de la part des joueurs de N2. Enfin, l’Albatros écoeurait les Lyonnais en écartant le tir de Dembélé en coupe de France. Si notre Marseillais le plus capé doit progresser dans un domaine, c’est donc très certainement sur celui-là.
Olympien de la saison
Début 2020, l’OM était la meilleure défense d’Europe et sans aucun doute, on peut dire que Steve n’y était pas étranger. Vous l’avez d’ailleurs élu Olympien de la saison sur @PeupleOlympien et de la même façon, les internautes l’ont désigné comme meilleur joueur 2019/2020 dans le quotidien local La Provence. Il avait également été plébiscité comme olympien du mois à quatre reprises, en août, septembre, octobre et février.
Pour sa douzième saison sous le maillot ciel et blanc, Il Fenomeno nous a régalés. Il y a quelques mois, beaucoup l’envoyaient à la retraite, mais force est de constater que son abnégation, sa persévérance et son travail lui ont permis de revenir à son meilleur niveau, pour notre plus grand bonheur. On l’imagine aujourd’hui finir ici, mais d’ici quelques années seulement, pas maintenant, car oui, il a montré qu’on pouvait encore compter sur lui. 35 ans ? Ce n’est qu’un chiffre, ne lui parlez pas d’âge…
Et lorsqu’il décidera de prendre sa retraite de footballeur, on peut se laisser rêver à une suite, autrement. Imaginez une reconversion au sein du club pour le gardien de 35 ans, qu’en diriez-vous?
« Steve a d’ores et déjà marqué l’histoire de son club à son poste. Tout est possible dans ce domaine. Mais nous n’avons jamais encore parlé de reconversion car je pense qu’il a encore beaucoup de pages à écrire pour l’OM. »
Jacques-Henri Eyraud à RMC Sport