De ceux qui abordaient la saison avec le besoin de se faire pardonner, Nemanja était sans doute l’un des moins attendus. Une saison 2018-2019 à zéro but avait mis un coup d’arrêt aux espoirs de nombreux supporters. Il faut dire que pour un offensif, c’était là un bilan difficilement défendable. Et pourtant. Un changement d’entraîneur pour reprendre la confiance, conjugué à une attitude nouvelle qui laisse les fantaisies de côté pour faire place à une maturité jamais vue auparavant : l’ancien de l’Étoile Rouge fait peau neuve et parvient enfin, par quelques fulgurances, à briller.
Quel bilan comptable ?
21 matchs joués, dont 13 commencés sur le banc, pour un total de 862 minutes passées sur le pré qui font seulement de Radonjić le 15ème joueur le plus utilisé par Villas-Boas en termes de temps de jeu. Moins souvent apparu en Ligue 1 que Strootman, Sakai, Germain, ou encore, de manière surprenante, que Lopez, dont la saison a été bien moins remarquée que celle du Serbe. Ce dernier a pourtant su rentabiliser les minutes passées sur le terrain.
Auteur de 5 réalisations et d’une passe décisive en championnat, auxquelles s’ajoute un but contre Granville en Coupe de France, l’ailier aura fait honneur à son numéro en se montrant décisif à 7 reprises. Enfin, avec 3 cartons jaunes contre 2 la saison passée, on ne peut pas reprocher à Radonjić d’être indiscipliné. Très peu de fautes sont d’ailleurs sifflées à son encontre, ce qui témoigne aussi d’un axe de travail concernant son apport défensif encore trop limité.
Itinéraire d’un flop devenu supersub
Le Stadium pour ouvrir le compteur
Cette saison, le Serbe a donc fait trembler les filets par 6 fois. Ses victimes se nomment Toulouse, Brest, Bordeaux, Metz, Granville et enfin Saint-Étienne.
La lanterne rouge de Ligue 1, alors futur relégué, aura donc été sa première victime. Dans un match fermé, débloqué par le génie de deux hommes, Payet et Benedetto, l’OM venait de trouver l’ouverture. Rentré à l’heure de jeu, Radonjić, bien servi par Germain file vers le but toulousain, envoie Agustín Rogel dans la Garonne d’un crochet assassin et ajuste froidement Reynet. Trois minutes après l’ouverture du score, le Serbe coule le Téf’ et, devant des supporters olympiens tant incrédules qu’aux anges, célèbre sans retenue. Un maillot retiré qui lui vaudra un avertissement dont personne ne lui tiendra rigueur.
Pour beaucoup, ce n’est qu’un coup d’éclat, et l’on s’attend alors à voir le feu follet retomber dans ses travers. Villas-Boas, lui, ne l’entend pas de cette oreille et a déjà compris comment il pouvait utiliser Nemanja à son avantage.
La naissance de « NR7 »
5 jours plus tard, l’OM reçoit Brest au Vélodrome. Les Olympiens livrent l’une de leurs plus belles prestations collectives de la saison, mais ne parviennent malheureusement pas à conclure. Peu avant l’heure de jeu, Bouna Sarr ouvre le score on ne peut plus logiquement. Tout le monde pense alors que la fin de match sera une promenade de santé. Tout le monde, sauf Irving Cardona. L’ex-Monégasque profite peut-être de la seule erreur d’inattention de la défense marseillaise pour s’en aller crucifier Mandanda tout en finesse. À 5 minutes du terme, tout est à refaire.
Mais alors que chacun regrette ces occasions manquées et cette absence de la défense qui coûte si cher, Sanson décale Radonjić. Ce dernier déborde avant de rentrer sur son pied droit, puis enroule une frappe venue d’ailleurs qui vient se loger dans la lunette. Le stade explose. La déception aura été aussi courte que la délivrance fût belle. la légende raconte que Franck Sauzée ne se serait toujours pas remis de ce but.
Entériner un succès et arracher le nul
Le 8 décembre, moins de 2 semaines après son coup de maître face aux Bretons, l’international serbe grappille une petite demi-heure de jeu supplémentaire. Entré peu après que Sanson ait inscrit le but du 2-1 face à Bordeaux, il profite en toute fin de match d’un formidable travail de récupération de Rongier pour tromper Costil. Le défenseur girondin s’emmêle les pinceaux et ne peut que constater la 3ème réalisation du jeune ailier cette saison.
À Metz, le scénario est tout autre. Bousculés, les Olympiens ne parviennent pas à prendre les devants. Pire, ils perdent Mandanda et concèdent dans la foulée l’ouverture du score. Le constat à la mi-temps n’est guère rassurant. Les affaires marseillaises ne semblent pas s’arranger en seconde période puisque c’est Metz qui obtient rapidement un pénalty. Pelé ne s’échappe pas et sort brillamment la tentative du Grenat. Dans un match où tout reste à perdre, Radonjić, une fois de plus entré en jeu, surgit sur un centre de Germain et vient arracher un nul heureux. Une fois encore le but du Serbe compte et rapporte un point à l’OM.
Après la trêve, il viendra rajouter une unité à son compteur en exploitant la fatigue d’une équipe granvillaise réduite à 10. Enfin, et c’est à noter, il inscrira son dernier but de la saison à Saint-Étienne, son premier en temps que titulaire. Un but survenu une nouvelle fois en fin de match, qui met les Olympiens à l’abri d’une révolte stéphanoise et confirme sa capacité à exploiter la fatigue adverse.
Une régularité à travailler
Si quelques aspects de son jeu restent perfectibles, Nemanja affiche de nets progrès cette saison. L’international serbe a débloqué tardivement son compteur buts, mais l’a fait de belle manière en marquant des buts extrêmement importants. Son but face à Brest compte parmi les plus exceptionnels inscrits par l’OM cette année, mais son impact sur la rencontre illustre, au-delà de la qualité esthétique de cette réalisation, la réussite qui est la sienne dans son nouveau rôle de « supersub ».
Certes, défensivement la marge de progression est énorme, et « Nema » peut aussi beaucoup travailler sur ses choix dans certaines situations offensives. Cependant, sa saison 2019-2020 prouve que ce garçon reste plein de promesses et qu’il mérite les espoirs à nouveau placés en lui. Avec le retour de la plus belle des compétitions au Vélodrome en septembre, Radonjić aura l’occasion de montrer qu’il est capable de franchir un autre palier. Et on a hâte de voir ça…