Peuple Olympien lance la série : Nanard : l’intrépide roublard, qui retrace le parcours à l’OM de l’influent Bernard Tapie. L’épisode 2 se consacre aux prouesses sportives réalisées par le club et l’impact sur l’aspect hors football.
Sixième, c’est la place de l’Olympique de Marseille pour la deuxième saison de Bernard Tapie au club. Pourtant lancé par une entrée en matière quasi idyllique, l’Olympique de Marseille n’a pas su aller de l’avant en championnat. La magie n’a pris que pour la C1. En 1987-88, l’équipe refaite à neuf a atteint les demi-finales.
Le crack hollandais de l’époque, Bergkamp, a emmené les joueurs olympiens dans la réalité du terrain. Patience ! Avant de remplir l’armoire à trophées emplie de poussières, il faut bâtir.
Cette saison, marquée par le manque de cohésion tactique, n’est pour autant pas à jeter. Le projet prend forme, mais il est nécessaire d’ajuster pour tendre à une équipe compétitive sur tous les plans.
Nanard, affecté et en pleine dissimulation de sa frustration, se retient de montrer son caractère explosif. La saison phénoménale de Papin et le parcours en Ligue des Champions calment ses ardeurs. Par contre, il ne va pas se cacher bien longtemps…
Bernard fait parler la poudre
Avant de monter dans les chaumières, le « Boss » fait recruter du beau monde. Plus d’élimination face à Bastia six tours avant la finale de Coupe de France, cette fois, c’est guerre ouverte pour le titre de champion de France.
L’armada marseillaise a été renforcé. Bruno Germain, Franck Sauzée, Huard, Di Meco, Vercruysse, Thys rejoignent l’orchestre. Sans oublier un certain Cantona. Alain Giresse, dans la fleur de l’âge et pas émerveillé par son expérience marseillaise, repart au FCGB.
Nanard mise beaucoup sur le natif de Marseille, Eric Cantona, qui s’est révélé à l’AJ Auxerre. Et pour le faire venir, pas de tractations ou d’intenses et périlleuses négociations. Ah non, en deux temps, trois mouvements le « Boss » ramène la pépite à la Commanderie. Comme l’explique Guy Roux au micro de l’Équipe.
Guy Roux revient sur l'approche particulière de Bernard Tapie pour recruter les joueurs de l'AJ Auxerre 👇#lequipeENQUETE pic.twitter.com/6vgNi5s7k6
— la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) October 28, 2019
Mais les résultats en début de saison ne sont pas bons. Après les matches nuls et défaites concédés rapidement, le président va trancher. Il remercie Gérard Banide à l’entrée du mois d’août. Gérard Gili, responsable de la formation, prend sa place. Un coup porté sur la table puisque l’ancien gardien olympien est en mal d’expérience. Mais Tapie est convaincu. Il a les épaules pour faire passer ce pallier au club.
Premiers pas de géant
Le temps va donner raison au duo. L’Olympique de Marseille connaît une saison folle. En battant le PSG dans un match soporifique ou en gagnant l’AS Monaco en finale de coupe de France, le club phocéen montre qu’il vit parmi les grands.
Après avoir réussi le doublé coupe/championnat et essuyé le fameux épisode du maillot jeté de Cantona, Bernard Tapie impose le respect.
Sa carrure et sa posture sont déjà connues et respectées par les plus grands entraîneurs et présidents de la ligue, mais le cap atteint est immense.
L’Olympique de Marseille commence à s’imposer en tant que bête féroce du championnat et Jean-Pierre Papin installe son trône.
Politique, homme d’affaires et président du club : fonctions troubles
Les multiples casquettes de l’auteur de « vite un verre » ne sont plus à présenter. Son carnet d’adresses et de contacts non plus. Toujours fourré dans le monde politico-médiatico-financier, si habile lorsqu’il faut agiter l’opinion, son culot et sa force de persuasion sont ses armes. Il s’en sert pour se frayer un chemin dans le monde du pouvoir.
Le président de la République et ami de Tapie, Francois Mitterand, à la genèse de son deuxième mandat, lui confie une mission d’envergure. En parallèle du poste de chef de garde du club marseillais, Tapie doit être celui qui va tenir la gauche à Marseille.
Inquiété par le score historique de l’extrême droite dans la région des Bouches-du-Rhône aux élections présidentielles (26%), le Président croit en l’ex Séquano-Dyonisien.
Contre l’extrême droite
Bernard Tapie doit contrer le Front National montant qui ne cesse de s’accaparer la problématique des différentes vagues migratoires. Ultra populaire dans la ville et les alentours, il s’érige en figure. Le soldat qui va battre le fléau de l’extrême droite. Malgré le fait que d’un tour de passe-passe il ne se retrouve pas dans la même circonscription que Le Pen, il organise tout pour l’affronter.
D’une pierre, deux coups, il bat Guy Tessier, devient donc député des Bouches-du-Rhône et incarne de plus en plus le statut de missionnaire de l’anti extrême droite. Affûté et placide, un soir glacial de décembre 1989, il met « K.O » son adversaire lors d’un débat télévisé qui n’est autre que Jean-Marie Le Pen.
Toujours plus haut
Le ballon rond et la politique est un mélange explosif. Si ce poste de député obtenu était un tremplin pour s’installer plus haut, il doit quitter le gouvernement en mai 1992. Contraint de démissionner à la suite de sa mise en examen dans l’affaire « Toshiba France« , mais trois mois plus tard il est blanchît par la justice.
Une sorte d’arrêt momentané pour mieux rebondir, puisque moins d’un an après, il est élu Ministre de la Ville, jusqu’en 1996.
L’OM sur le toit du monde
Passé ce point politique et autre présence dans les sphères décisionnaires du pays pour Bernard Tapie, il est temps de revenir au cuir.
Après la saison 88-89 et le fameux doublé, l’OM s’apprête à prendre une place de cador du football européen.
Waddle, Tigana, Mozer, Francescoli, Amoros, pour ne citer qu’eux, débarquent sur la Canebière. L’équipe cinq étoiles voulue par Bernard Tapie est bien là. Le Zorro des entreprises casse la tirelire à nouveau et va vite être récompensé. Les Olympiens sont époustouflants.
World Class mais il manque ce petit truc
Le jeu proposé est à hauteur des joueurs de classe mondiale. Le championnat est à eux et les supporters sont conquis. Les records d’affluences à domicile comme à l’extérieur sont battus. Bernard Tapie, qui a le sens du spectacle, jubile.
Les supporters apprécient le folklore, la gagne, l’ambiance. Tout ce qui forme l’OM de ces années-là. Ils ne sont pas déçus. Après avoir lutté jusque dans les derniers instants, l’OM remporte le championnat et commence à s’inscrire en tant que l’un des clubs des plus populaires de France.
Les Marseillais ont crevé l’écran. La diffusion des matches de l’OM sur la chaîne cryptée plaît énormément. Des records d’audience sont aussi battus.
La main du diable
L’OM parvient à se hisser dans les derniers rangs de la C1. En quart de finale, l’équipe olympienne s’est défaite du CSKA Sofia, 4 à 1 sur les deux confrontations. Il est l’heure d’affronter le Benfica de Sven-Göran Eriksson. À l’aller, l’OM l’emporte sans difficulté, galvanisé par tout un stade, les joueurs remportent la rencontre 2 à 1. Ils laissent même filer des buts.
No Estádio da Luz, près de 115 000 spectateurs viennent assister à la demi-finale de C1. Un véritable bourbier tant le monde gronde et la sécurité du stade n’est pas au beau fixe. Les commentateurs ont du mal à s’entendre au vu du vacarme dans l’enceinte. L’ambiance est formidable pour le club portugais et effroyable pour les Phocéens. Castaneda, le portier marseillais, vit une soirée compliquée.
89e…
À la 89e minute, le sang des Olympiens monte et bouillonne. Vata marque après un corner, un but qui stagne aujourd’hui dans les mémoires de chacun. Il a utilisé son bras pour transpercer les filets. Un but scandale qui hante Bernard Tapie. Il déclare à la fin de la rencontre que…
Désillusions
Un an après, l’OM doit retourner sur les dernières marches de la LDC. Tout le monde y croit, ce n’est pas le moment de s’arrêter là. Bernard Tapie, qui a fait « l’affaire de sa vie » en rachetant la marque aux trois bandes, est remonté mais pas vaincu.
Gérard Gilli se voit licencié dès le début de la saison 90-91, Tapie nomme Beckenbauer entraîneur de l’OM. Gérard a réussi des exploits la saison précédente, doublé coupe championnat, mais le sanguin Nanard n’en veut plus. Il prend le récent champion du monde allemand pour montrer aux autres que l’OM n’est pas une petite équipe.
Arrivée de la science
Mais sa stratégie ne paie pas. Le Kaiser est renvoyé deux mois après pour mauvais résultats. Ou plutôt, il rejoint le poste de directeur sportif et laisse le champ libre à un certain Raymond Goethals.
Le tacticien belge fait des merveilles en championnat, mais reste impuissant face à la victoire de Belgrade et ne peut que laisser couler les larmes de Bari.
1991-92 : l’année avant le sacre ultime
Les Olympiens sont trop forts pour le championnat français, il est plié rapidement, il faut se concentrer sur la Ligue des Champions. Cette fois, pas de finale ni de demi. Une pauvre défaite face à un impressionnant onze de Prague. Défaite en huitième. Les Olympiens sont forts et vont tout faire pour gagner l’année suivante le graal.
Départ de Papin, Tapie montre qui il est
JPP meilleur buteur du championnat sur ses cinq saisons à l’OM est abattu par les défaites de l’OM dans le dernier tiers, il s’en va rejoindre le Milan AC. Pour le meilleur et pour le pire…
Un journaliste va couvrir la nouvelle de ce départ. Et le plus footballeur des politiciens n’apprécie pas. Dominique Grimault évoque la réaction de Nanard à la suite de son interview de JPP.
Dominique Grimault raconte son face-à-face avec Bernard Tapie après son interview de Jean-Pierre Papin annonçant son départ vers l'AC Milan 👀#lequipeENQUETE pic.twitter.com/l2xmvzmvGv
— la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) October 28, 2019
Le drame Furiani
Le 5 mai 1992 fût une journée dramatique. Lors de OM-Bastia, une partie du Stade Furiani s’effondre. 18 personnes perdent la vie et 2500 sont blessées. Bernard Tapie comme d’autres, tente de secourir les victimes. La coupe de France est annulée.
Encore aujourd’hui le drame pèse et le magnat veille à ce qu’un hommage perpétuel soit célébré à cette date.
La coupe aux grandes oreilles
L’OM tient en ce 26 mai 1993 dans ses mains, la Ligue des champions. Un sacre, une lutte, une gloire, un combat de longue durée, pour la direction, les joueurs et le « Boss ».
Il a réussi, l’OM est le premier club français à remporter ce trophée. Une immense joie et une fierté.
Seulement quelques jours avant une affaire est venue faire surface. Les plans de Nanard risquent d’être contrariés…