OM : Brique après brique…
Cette année encore, la musique de la Champions League résonnera dans les stades français. De Lyon jusqu’à Lille en passant par le Parc des Princes, la “coupe aux grandes oreilles” apportera son lot unique d’émotions. À Marseille, l’hymne originel de Georg Friedrich Haendel semble appartenir au passé, six ans après la dernière participation du club phocéen à la plus prestigieuse compétition européenne.
Sous le soleil provençal, les ouvriers de la maison OM transpirent, la tête bien ailleurs de l’élite, s’attelant à la (re)construction d’un chantier colossal. Dixit les outils du sergent Garcia, jugés bien longtemps inefficaces par les supporters, l’heure est au changement avec l’arrivée de l’architecte André Villas-Boas. Mais pour éviter que l’échafaudage ne s’écroule complètement, le technicien portugais a entre ses mains un budget limité, trop limité. Les comptes sont dans le rouge et les murs se fissurent, la faute à des investissements hasardeux aux périodes de mercato depuis le rachat sous pavillon américain. Cet été encore, le marché des transferts n’a guère rassuré les fans phocéens. Des propres mots de Jacques-Henri Eyraud, l’arrivée “d’Alvaro Gomez” permettra sans doute de colmater les brèches d’une défense centrale encore trop fragile. L’autre recrue aura sans doute été le feuilleton estival. Mario n’est plus, voici Dario… Benedetto. Un ciment made in Argentina qui a fait ses preuves de l’autre côté de l’Atlantique mais qui devra s’adapter au climat du boulevard Michelet. Les bouchées doubles doivent néanmoins être entrepris sur le côté gauche du bâtiment : Jordan Amavi n’est pas au niveau en ouvrant des brèches béantes tandis que le départ du vaillant Lucas Ocampos n’a toujours pas été comblé.
Alors, à la veille de la première rencontre de Ligue 1 contre Reims, la stabilité de la demeure olympienne est plus que jamais à surveiller. De la voix de la plupart des experts, l’OM ne pourra pas rivaliser avec les grands noms du championnat cette année. Mais ce n’est plus ce qu’attendent les patriotes des virages et d’ailleurs. Le maillot bleu et blanc doit être synonyme d’une fierté retrouvée et d’un jeu collectif cohérent. La maison OM ne sera pas flambant neuve à la fin de l’exercice 2019/2020, alors, sous ses fêlures qui la rendent unique, elle devra être porteuse d’une émotion palpable quand on la contemple. L’effectif phocéen devra se sublimer avec sa jeunesse, Florian Chabrolle en tête, minot malheureux de la Coupe Gambardella 2017 après son pénalty raté en finale contre Montpellier. En deux ans, le natif de Montmorency a bien grandi et semble avoir une carte à jouer au milieu de terrain à côté d’artisans expérimentés. Le cas Isaac Lihadji est lui en stand-by : le talentueux Marseillais n’a toujours pas trouvé d’entente sur son futur contrat de travail. Sa technique, pleine de promesses, pourrait donner de la percussion à un rythme parfois psalmodique.
Avec ses jeunes, l’OM devra profiter de l’essoufflement de ses adversaires. Sans compétition européenne à disputer, le club phocéen devra privilégier le championnat. André Villas-Boas est ambitieux, il estime avoir l’effectif pour terminer dans les trois premiers. Le Portugais a même fixé comme objectif de ramener un trophée à la maison en fin de saison. Ce nouveau cycle influé par l’ancien entraîneur du FC Porto pourrait donner lieu à une saison charnière : une deuxième non-qualification européenne s’avérerait fatale pour l’ensemble du projet initié par Frank McCourt. Au contraire, la bonne forme de certains joueurs ouvrirait les portes d’une saison surprise, proche du podium. Les enjeux sont cruciaux, le club marseillais devra se montrer à la hauteur tous les week-ends. Main dans la main, brique après brique, il faudra faire preuve de rigueur pour que la maison OM puisse espérer dépasser certains de ses rivaux en mai prochain.
Merci à Jordan Piol-Speranza pour cet édito d’avant saison. Vous pouvez le suivre sur Twitter.