Au terme d’un match maîtrisé, l’OM n’a pu obtenir qu’un triste match nul face au Lokomotiv Moscou pour son entrée en coupe d’Europe. Un résultat mitigé dans un groupe plutôt relevé cette année. L’heure est maintenant à la confirmation pour nos Olympiens. Mais face à une formation turque sur courant alternatif, quelles sont les conditions de victoire de l’OM ?
Un mercato animé
Après une incroyable fin de saison 2020/2021 et un titre effleuré du bout des doigts, Galatasaray n’a pas hésité à aligner les billets cet été pour renforcer son effectif dans tous les secteurs. Des dépenses assumées à hauteur de 25,35 millions d’euros. À l’inverse, peu de ventes ont été effectuées par le club turc, portant la balance dans le négatif. Toutefois, il est à noter qu’un bon nombre de prêts ont été réalisés dans le sens des départs.
Des bonnes affaires ont aussi pu camoufler le budget transfert. Notamment grâce à l’acquisition de joueurs libres ou la montée de jeunes joueurs prometteurs. Au total, 15 nouvelles têtes ont émergé dans le collectif, contre 19 départs. Un remaniement massif pour la formation qui n’a finalement pas tant perdu dans l’échange. Cela reste avant tout dû au massif investissement des entrepreneurs. En effet, le club n’a en soit vendu que pour 400 000 euros.
Des recrues intéressantes
Victor Nelsson : Après deux solides saisons au FC Cogenhague, le défenseur central s’est engagé cet été pour cinq ans avec Galatasaray. Également capable de jouer au milieu de terrain, le Danois de 22 ans s’est directement imposé comme un pilier de la défense turque. Il n’a raté aucune minute jusqu’à maintenant en championnat, et multiplie les performances correctes. International avec deux sélections, il a représenté son pays lors d’un match éliminatoire pour la coupe du Monde. C’était face aux Iles Féroé lors du dernier rassemblement. Un bon coup, mais pas donné : il a fallu débourser sept millions d’euros pour s’attacher ses services. Ce qui fait de lui la recrue la plus chère du mercato.
Alexandru Cicaldau : Signé pour 6,5 millions d’euros, lui aussi n’avait jamais connu qu’un seul championnat. Le milieu polyvalent débarque en Turquie en provenance de Craiova. Pourtant, il n’a pas eu besoin de temps d’adaptation pour faire parler son talent. Buteur dès ses débuts en championnat, il réitère face à Kasimpasa et s’affirme comme un buteur efficace. Il distille également une passe décisive lors du dernier match de son équipe. Plus intéressant encore, son équipe est rapidement mise en difficulté en son absence (défaite 3-0 contre Kayserispor). Son apport dans les phases de transition est essentielle dans ce collectif. À 24 ans, Cicaldau possède déjà 17 sélections avec la Roumanie pour deux réalisations. Capable de jouer en relayeur comme en meneur de jeu, son gros volume de jeu fait du bien à toute son équipe.
Des transferts intelligents
Gustavo Assunção : Quel coup de la part de Galatasaray ! Arrivé dans les derniers instants du mercato en prêt de Famalicão, le milieu de 21 ans a finalement choisi le projet turc pour continuer sa carrière. Formé en partie à l’Atletico, ce jeune joueur possède une grosse marge de progression. Capitaine dans le club portugais durant les deux dernières saisons, Assunção était courtisé après une belle confirmation au haut niveau. Agressif dans le duel, ses qualités défensives font de lui une belle option dans l’entre-jeu. Il récupère énormément de ballons et possède un mental d’acier. Pourtant, il peine pour le moment à se dévoiler avec ses nouvelles couleurs. N’ayant joué qu’un seul match jusqu’alors avec le forfait de Cicaldau, il ne trouve pas encore ses marques en terres inconnues. Brésilien et Portugais, il a choisi son pays de naissance et est régulièrement appelé avec les U23 brésiliens.
Patrick van Aanholt : Oh la belle affaire ! Laissé libre par Crystal Palace après la fin de son contrat, c’est à Galatasaray que le latéral hollandais décide de se relancer. Malgré sa mauvaise passe, le joueur de 31 ans continue d’être appelé avec son équipe nationale, et ce depuis 2013. Évalué à sept millions d’euros, le prolifique défenseur jouit d’une importante expérience en Europe. Titulaire indiscutable à gauche depuis le début de la saison, ses attributs de célérités sont toujours aussi déstabilisateurs pour ses adversaires. Agile et vif, il est même parvenu à sauver les siens en inscrivant un but essentiel pour la qualification en Europa League. Mais, quelques fois en difficulté sur le plan défensif, il écope déjà de trois cartons jaunes depuis le lancement de la saison.
Et d’autres paris
On pourra encore citer Berkan Kutlu, Olimpiu Morutan, Sacha Boey l’ancien Rennais ou bien l’acquisition d’Alpaslan Öztürk après la fin de son contrat avec Göztepe. Un mercato mouvementé dans le sens des arrivées, avec on l’a vu des recrues pour tous les postes. Car la deuxième place sécurisée durant le dernier exercice camouflait des lacunes persistantes au sein de l’effectif. Un groupe vieillissant qui devait subir un rafraîchissement, tout en veillant à garder de l’expérience, si cruciale en coupe d’Europe. Avec la perte de Radamel Falcao, c’est toute l’animation offensive qui a dû être revue en long et en large.
Le dernier match
Lors de leur dernière apparition, Galatasaray s’est imposé 2-1 à domicile face à Goztepe. Cependant, malgré les apparences, le résultat apparaît moins convainquant lorsqu’on a vu le match. Alignés en 4-3-3, le plus gros enjeu du match s’est joué dans la domination des ailes et le contrôle de la largeur. Au niveau de la composition, pas vraiment de surprise. On retrouve en soutien des attaquants le duo roumain Morutan / Cicaldau, terriblement efficace en ce début de saison. L’un comme l’autre est capable de faire la différence en un contre un et se projeter vers la surface.
Mais si l’on étudie en détail les performances individuelles, tout n’a pas été parfait loin de là. Les joueurs emmenés par Muslera ont concédé l’ouverture du score après une belle boulette du gardien uruguayen. Dervisoglu, le buteur de cette équipe, a néanmoins réussi à égaliser après une belle offrande du portier adverse cette fois-ci. Et c’est finalement l’incontournable Morutan qui, peu avant l’heure de jeu, s’est baladé dans la défense avant de marquer un très joli but synonyme de victoire. Trois points qui font du bien à Galatasaray.
En effet, si cette rencontre prise à part semble satisfaisante, elle ne reflète en rien la dynamique de l’équipe en championnat. Cette victoire leur a de fait permis de remonter provisoirement à la dixième place, bien en deçà des attentes. Le bilan est lourd : trois victoires, deux matchs nuls et deux défaites. Une équipe sur courant alternatif qui peine parfois à trouver des automatismes dans son plan de jeu.
Un jeu large
Comme on peut le voir sur la heatmap de leur dernière rencontre, Galatasaray utilise au maximum les espaces qui leur sont laissés, s’engouffrant et dédoublant dès que la possibilité s’en fait sentir.
Un autre point important est le contrôle du milieu de terrain. Cette équipe possède une grosse activité dans l’entrejeu, ce qui lui a permis de complètement éteindre le tandem défensif de Goztepe. La transition vers les ailes est facilitée par le décrochage incessant des attaquants excentrés. Ils viennent toujours proposer une solution supplémentaire dans l’optique de libérer l’espace autre part sur le terrain. Des brèches s’ouvrent donc entre les lignes, notamment pour un jeu en une touche.
Une tactique bien rôdée
Capables de varier entre plusieurs systèmes tactiques, les hommes de Fatih Terim alternent entre axialité et prise des ailes. Habitués à défendre à quatre, les lions rouge et jaune peuvent également changer de schéma au cours d’un match.
Entre 4-2-3-1 et 4-3-3
En 4-3-3, l’animation offensive passe par les ailes, par l’intermédiaire d’Aktürkoglu à gauche et Feghouli à droite. Les deux joueurs de couloir se plaisent à varier entre fixation le long de la ligne ou l’attaque du demi-espace. Les trois milieux sont reliés en triangle avec Kutlu en pointe basse. Le bloc est stable puisque l’alignement limite la prise de profondeur tout en réduisant au mieux les contres attaques.
En 4-2-3-1, Feghouli prenait l’axe avec un rôle de meneur de jeu avancé. S’excentrant également à souhait, il pose des problèmes au bloc défensif adverse par son positionnement spécifique entre deux lignes. Cette fois-ci c’est Mohamed qui était titularisé à la pointe de l’attaque.
Ici, on se rend mieux compte de la variabilité des attaques stambouliotes. Les attaques sont dispersées, autant à droite qu’à gauche. En terme de zone d’action, le jeu se crée au milieu de terrain essentiellement. La phase de récupération est autant présente dans le jeu des Lions que celle de projection. Un atout sur le papier qui peut aussi se muer en bémol au vu des montées des latéraux. Des espaces persistent en contre sur les ailes malgré la couverture mise en place.
D’un point de vue purement offensif maintenant, les tirs sont majoritairement effectués du centre du terrain. Cela induit donc la présence de nombreux centres assez variés. Avec différents gabarits de buteurs, plusieurs possibilités se présentent pour la finition des actions. Toutefois, c’est essentiellement les centres en retrait qui sont préférés. Ils représentent plus de la moitié des frappes. On peut également remarquer la quantité importante de frappes lointaines mises en exécution contre des blocs bas la plupart du temps.
Des débuts européens réussis
Malgré une dynamique hésitante, les vice-champions de Turquie en titre ont fait bonne figure pour leur première en Europe. Opposés à la Lazio, les joueurs sont très bien rentrés dans leur match. Ainsi, ils ont parfaitement géré les temps faibles et temps forts durant la première demi-heure de jeu.
Le jeu est resté ouvert et les deux équipes se sont finalement neutralisées à la mi-temps sur un score vierge. Les formations n’ont pas hésité à prendre des risques, créant le surnombre tout en s’exposant à des contres romains ravageurs.
Poussifs en reprise de seconde mi-temps, les Turcs concrétisent enfin leur domination avec une frappe qui trompe Strakosha. Le gardien bosnien se troue et marque dans son propre camp. La Lazio revient à la charge mais ne parvient pas à passer la rugueuse défense de Galatasaray.
C’est donc par un succès que débute parfaitement la campagne européenne du club turc face au chapeau 1 du groupe. Une fulgurance qui contraste avec la forme en championnat, prouvant leur capacité à se surpasser quand l’enjeu s’en fait valoir.
Marseille n’a gagné aucun de ses neuf derniers matchs en Europa League lorsque Galatasaray est invaincu lors de ses cinq derniers matchs dans cette compétition. Un duel de force va s’installer ce jeudi soir au Vélodrome, entre deux équipes déterminées à faire bonne figure. L’ambiance sera au rendez-vous, et les joueurs aussi on l’espère !