À l’été 2017, Jordan Amavi arrive à l’Olympique de Marseille en prêt d’Aston Villa. Presque cinq saisons plus tard, il quitte le navire phocéen après 126 rencontres disputées, et laisse ainsi derrière lui un souvenir assez mitigé. Parfois décrié par la presse, voire même détesté par certains supporters olympiens, retour sur son passage à l’OM plutôt mouvementé.
Une première saison encourageante
Lorsqu’il pose ses valises à Marseille à l’aube de la saison 2017/18, Jordan Amavi fait figure de joueur assez prometteur mais qui n’a pas encore exploité son potentiel. Étant l’une des premières recrues du « Champions Project », l’ancien niçois occupe dans un premier temps le rôle de remplaçant de Patrice Evra au sein d’un effectif totalement remanié avec pas moins de sept arrivées et encore plus de départs. Pour ses débuts, il vit d’abord deux premiers matchs de championnat compliqués sous le maillot olympien. L’OM concède un triste match nul sur sa pelouse contre Angers, avant de connaître une humiliation face à l’AS Monaco, 6-1, où il vit une soirée terrible avant d’être remplacé à la pause.
Sur le banc lors de la nouvelle défaite face à Rennes 3-1, il dispute néanmoins les cinq matchs suivants en Ligue 1 où ses prestations sont de plus en plus convaincantes. Lors de son premier classico en octobre, il est auteur d’un match vraiment intéressant en étant à la fois bon offensivement et surtout très précieux dans le secteur défensif en stoppant les nombreuses percées de Mbappé dans son couloir. Dix jours plus tard, l’OM se déplace à Guimarães en Europa League et Patrice Evra est impliqué dans une altercation avec un supporter marseillais, à qui il assène un violent coup de pied au visage. Ce geste déplorable oblige la direction à résilier son contrat et offre donc à Amavi une place de titulaire qui va ainsi disputer tous les matchs jusqu’à la trêve hivernale.
Sélectionné avec les Bleus
Propre techniquement, et agressif dans les duels, il devient un réel atout dans la défense de Rudi Garcia et va même marquer son premier but, face à Valenciennes en coupe de France en janvier 2018. Malheureusement, après cette rencontre, il est victime d’une déchirure à la cuisse qui le laisse éloigner des terrains pendant six matchs. À son retour, il continue ses bonnes performances qui lui avaient permis d’être sélectionné en équipe de France pour la première fois en octobre. Pas avare d’efforts dans ses retours défensifs, il fait beaucoup de bien aux Marseillais grâce à sa rapidité et sa puissance. Un de ses seuls défauts concerne sa qualité de centre qui laisse souvent à désirer malgré ses sept passes décisives cette saison-là.
Son association sur le côté gauche avec Dimitri Payet ou Lucas Ocampos fonctionne très bien même si sa deuxième partie de saison est légèrement moins bonne. Au printemps, les Marseillais vont vivre une épopée inoubliable en Europa League, où Amavi va participer à 12 des 15 matchs depuis la phase de poules. À Lyon, le 18 mai, il disputera sa première finale de Coupe d’Europe au cours de laquelle il éprouvera quelques difficultés, sûrement pris par l’enjeu. Concurrent sérieux à une place dans le groupe de Didier Deschamps pour disputer la coupe du monde en Russie, le sélectionneur préférera finalement convoquer Lucas Hernandez et Benjamin Mendy à son poste. En championnat, les Marseillais finissent à une frustrante quatrième place, à seulement un point du podium, mais à titre personnel, avec 43 rencontres disputées, la saison d’Amavi est motif d’espoir pour la suite.
La descente aux enfers
L’exercice 2018/2019 s’avère être beaucoup plus compliqué pour le Toulonnais. Sans la moindre concurrence à son poste, Amavi va disputer quasiment tous les matchs mais ses prestations sont plus que mauvaises. Trop souvent pris de vitesse dans son dos, il affiche également beaucoup plus de déchets dans ses rares montées en comparaison à la saison précédente. Dès la deuxième journée, aux Costières, il est fautif sur le troisième but nîmois de Ripart. Au fil des matchs, il inquiète de plus en plus dans le secteur défensif. Pas assez agressif, il tarde trop souvent à monter sur le porteur du ballon. Les choix tactiques étranges de Rudi Garcia n’aident pas le latéral à améliorer ses performances presque catastrophiques. Amavi, tout comme d’autres de ses coéquipiers, devient alors la cible d’un public marseillais virulent qui n’hésite pas à le siffler fortement à chaque match au Vélodrome.
Un Amavi méconnaissable
Sur la pelouse de Montpellier début novembre, l’OM prend l’eau et s’incline 3-0 dans un match où l’ancien joueur d’Aston Villa est responsable sur tous les buts héraultais. Cette prestation lui coûte sa place de titulaire pour les trois matchs suivants avant de vivre à nouveau une soirée cauchemardesque à Francfort où l’OM prend encore une fessée 4-0. Rebelote, après cette rencontre, il goûte une nouvelle fois au banc de touche pour les trois matchs qui suivent. Entre fin octobre et mi-janvier, les Marseillais ne remportent que deux petits succès en 15 matchs (10 défaites et trois nuls) et se font donc logiquement éliminer des trois compétitions. L’OM s’enfonce dans la crise et l’ambiance du vestiaire est au plus bas. Les broncas du public se succèdent à chaque match à domicile, ce qui n’arrange rien à la situation du latéral.
Lorsque les Phocéens renouent enfin avec le succès, à Caen, Amavi, lui, se fait exclure dès la première mi-temps. Même constat à Rennes le mois suivant où il écope encore d’un carton rouge. Contre Angers en mars, il provoque cette fois-ci un pénalty qui coûte la victoire à ses partenaires. On se demande alors où est passé le bon défenseur prometteur de la saison passée tant le contraste est flagrant. En fin de saison, Garcia tente assez régulièrement de faire jouer Sakai à sa place côté gauche, symbole de la période extrêmement compliquée du Français.
Le renouveau sous AVB
L’arrivée d’André Villas-Boas en 2019 va complètement changer la donne. Après quelques premiers matchs compliqués, sur la même longueur que la saison précédente, Amavi va soudainement retrouver un niveau très correct. Le déclic aura très certainement eu lieu lors de la rencontre face au Stade Rennais soldée par un match nul 1-1. À la mi-temps de ce match, Radonjic prend sa place sous les sifflets du Vélodrome. Il confiera plus tard dans un entretien pour France Football avoir « touché le fond » ce soir-là. « J’étais au bord des larmes, les nerfs lâchaient. Je ne me reconnaissais plus. Je ne pouvais pas tomber plus bas. Avant même de toucher le ballon, je me faisais siffler… » avoua-t-il plus tard. À la fin du match, le technicien portugais avait publiquement pris la défense de son joueur en critiquant les sifflets du public. Ce geste avait particulièrement touché le latéral.
Le réveil d’Amavi
Débutant les trois rencontres qui suivent sur le banc, les premiers signes de son renouveau apparaissent contre Lille où il obtient l’une des meilleures notes du match. Les supporters ont même applaudi plusieurs de ses interventions. Le week-end suivant, il monte en puissance lors de la magnifique victoire face à Lyon. Amavi a retrouvé la confiance, et ses projections vers l’avant en sont la preuve.
Sans faire de bruit, l’arrière gauche renaît peu à peu sous le maillot phocéen. Et ce retour en forme coïncide avec la très bonne période de l’OM qui monte sur le podium en enchaînant 14 matchs de suite sans défaite en Ligue 1 (11 victoires pour seulement 3 matchs nuls). Il est même buteur face à Bordeaux au mois de décembre en plaçant une belle tête sur un corner de Dimitri Payet. Très souvent titulaire, Jordan Amavi ressent alors la confiance de son entraîneur et devient un membre important du onze marseillais en haussant son niveau au fil des matchs. Malheureusement, cette année-là, la saison va s’achever bien plus tôt que prévu en raison de la pandémie mais l’OM termine tout de même deuxième du championnat et retrouve enfin la Ligue Des Champions après 7 ans d’attente.
Des hauts et des bas
La suite pour Amavi est un peu plus mitigée. Ce dernier ne réalise pas un grand début de saison même si ses performances sont loin d’être affligeantes. Contre Paris par exemple, dès la troisième journée, le latéral vit un match plutôt compliqué malgré la victoire de son équipe. Il est d’ailleurs exclu en fin de partie après un violent accrochage avec Layvin Kurzawa. À l’inverse, il est excellent face à Bordeaux quelques semaines plus tard en marquant le second but marseillais et en obtenant un pénalty. Il va même jusqu’à provoquer le CSC de Pablo par une belle frappe cadrée. Match abouti qui lui vaut la meilleure note de la rencontre dans les médias. En octobre, il est d’ailleurs élu meilleur olympien du mois par les supporters, une vraie satisfaction pour un joueur qui a connu de trop nombreuses fois les sifflets du Vélodrome.
En Champion’s League cependant, c’est plus difficile. Amavi est malheureusement spectateur du naufrage général de son équipe. Lui et ses coéquipiers ne peuvent rien face à Manchester City et Porto, même si, à titre personnel, il s’efforce tant bien que mal de se montrer sérieux et appliquer en proposant notamment pas mal de solutions offensivement. Sa première expérience en Ligue Des Champions se solde donc par une triste campagne où l’OM aura perdu cinq de ses six matchs.
Une blessure qui gâche tout
Le fait marquant de sa saison intervient le 16 décembre 2020, à Rennes. À la vingtième minute de jeu, Amavi se blesse lourdement à la cuisse et est contraint de laisser sa place à Nagatomo. Cette élongation qu’on pense alors légère va finalement l’éloigner des terrains pendant trois longs mois.
Son retour a lieu contre Nice où il entre en jeu dans le temps additionnel. Trois jours plus tard, il entre également en jeu dans les toutes dernières minutes à Nantes avant de se blesser à nouveau à cette même cuisse. Cette blessure à rallonge l’éloigne donc encore une fois pendant 3 mois. Au total, entre décembre et mai, c’est pas moins de 24 matchs que Jordan Amavi aura loupé en raison de cette lésion musculaire. Il revient seulement en toute fin de saison contre Angers où il ne dispute que cinq minutes et contre Metz. Ainsi, en Ligue 1, il n’aura joué que 13 matchs cette année-là. Une saison à oublier donc pour le Marseillais.
Pas d’Amavi pour Sampaoli
La saison suivante, sa dernière à l’OM, le nouveau coach Jorge Sampaoli ne compte clairement pas sur lui. Arrivé en cours de saison passée, lorsque Amavi était indisponible, l’entraineur argentin n’a pas donné la moindre chance à son latéral qui a ainsi ciré le banc de touche jusqu’à la trêve. Deux, c’est le très faible nombre de bouts de match qu’aura disputé Amavi en Ligue 1 depuis le début du championnat. S’ajoutent à cela deux autres bouts de matchs en coupe de France contre des équipes de National 3… Autre chiffre encore plus marquant : durant l’intégralité de l’année 2021, Amavi n’aura pris part qu’à seulement sept rencontres officielles, dont aucune en entier. Un bilan famélique donc qui illustre bien la période une nouvelle fois cauchemardesque qu’a vécu le natif de Toulon avant d’être prêté sans grande surprise à Nice cet hiver.
Ainsi s’achève la longue et mouvementée aventure d’Amavi dans la cité phocéenne. Après quatre ans et demi de bons et loyaux services où il aura connu des périodes compliquées et d’autres plus heureuses, le défenseur est retourné dans son club formateur, l’OGC Nice, où on lui souhaite un maximum de réussite.