Quelques semaines après une campagne d’Europa League décevante, l’OM est de nouveau à la recherche d’un titre potentiel. Ce jeudi, les Marseillais reçoivent Qarabağ avec comme obligation de marquer le coup à domicile. Retour sur une formation exotique et un match particulier.
La tête de gondole du championnat local
En Azerbaïdjan, seules huit équipes composent la première division du pays. Ainsi, chaque formation joue à quatre reprises contre ses opposants. De fait, le niveau est assez resserré entre les différentes écuries. En Premyer Liqa, le niveau technique n’est peut-être pas à la hauteur de la moyenne européenne, mais l’engagement, lui, est bien présent. Réputé pour être de nature fermée, cette ligue jouit d’une grand rigidité notamment sur le plan physique. Blocs resserrés mais capables de projections rapides, la cohésion qui émane de ces collectifs impose le respect tant les protagonistes donnent tout sur l’aire de jeu.
Durant la dernière décennie, cette formation de Qarabağ a surclassé le championnat azéri. À sept reprises la formation d’Agdam s’est imposée au cours des huit dernières années. Une domination sans partage qui assurait une qualification annuelle en éliminatoires de la Ligue des Champions. Seulement, une grosse zone d’ombre est venue s’ajouter au tableau presque parfait. La saison dernière, le club s’est fait dépasser à la dernière journée du championnat, ne validant ainsi pas les attentes habituelles. Qualifiés directement en Europa Conference League, les hommes de Qurban Qurbanov assure jusqu’ici en championnat, avec 36 points en 15 matchs joués. L’équipe se distingue par sa solidité à toute épreuve. En effet, elle culmine à 32 buts cette saison, soit plus de deux par rencontre en moyenne. Sur le plan défensif aussi Qarabağ s’est créé une réputation. Seulement 9 buts encaissés en Premyer Liqa, une vraie performance.
Actuellement dans le championnat chypriote, Jonathan Ayité a passé un an à Keshla et assure que le niveau de Qarabağ n’est pas si éloigné de l’élite française :
« Qarabag est une équipe qui peut facilement évoluer en Ligue 1. Pour le reste, c’est un mélange de Ligue 1 et de Ligue 2. »
Jonathan Ayité pour France Football
Il ne faudra donc pas faire preuve de négligence envers cette équipe surprenante qui a déjà prouvé qu’elle sait se montrer solide cette année.
Un effectif complet mais entamé
25 joueurs composent le groupe azéri pour cet exercice. Si un turnover est régulier durant le mercato estival, cette année l’équipe a su garder ses cadres et se renforcer sur plusieurs postes clés. Évalué à 14,93 millions d’euros, Qarabağ tient donc le meilleur effectif de son pays, et de loin. Une belle activité sur le marché qui vient compenser des blessures récurrentes.
Un mercato agité dans le sens des arrivées
En comptant également les retours de prêt, ce sont bien 13 joueurs qui sont arrivés au club cet été. Si la majorité constitue des transferts libres, l’effectif global a su se renouveler et rester pour le moins attractif. En effet, le club a effectué des recrutements de choix notamment en première division norvégienne et même en première ligue espagnole. Plusieurs joueurs ont particulièrement marqué le championnat azéri :
Ibrahima Wadji : Venu tout droit du championnat norvégien, cet avant-centre de 26 ans est, entre autres, passé par Molde. Rapide et agile, il est doté d’une bonne capacité de dribble qui lui permet de faire des différences balle au pied. Le Sénégalais possède aussi un bon jeu sans ballon et une intelligence de jeu. Il évalue bien la situation avant d’être mis en orbite. Polyvalent sur le front de l’attaque, il sait aussi jouer sur les ailes et dépanner en cas de besoin.
Élément incontournable de l’équipe cette saison, il détient un total de 8 buts en 17 rencontres disputées, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de l’effectif et l’avant-centre le plus prolifique. Régulier dans les statistiques saison après saison, il possède d’ailleurs 11 sélections en sélection nationale chez les U20, durant lesquelles il marquera 4 buts. Un attaquant dont il faudra se méfier, toujours capable de sortir une belle performance.
Marko Vesovic : Arrivé libre du Legia Varsovie, Vesovic fait déjà les beaux jours de Qarabağ. Passé par des écuries italiennes comme le Torino, cet arrière droit monténégrin de 30 ans est également une option plus haut sur son couloir. Il est par ailleurs titularisé milieu droit lors des derniers matchs de championnat de son équipe. Il cumule jusqu’alors 1 but et 1 passe décisive en compétition, et s’installe petit à petit dans le collectif. De nature calme, son expérience est un atout indéniable. Son volume de jeu important lui permet d’endurer de longues courses à haute intensité tout au long d’un match. Il totalise 38 sélections avec le Monténégro, pour 2 réalisations.
Kady : Ailier brésilien de 25 ans véloce et bon dribbleur, il a rejoint librement le leader cet été après un bref séjour au Portugal. Même si peu attendu au départ, il fait taire les belligérants cette saison. Pilier de cette formation, il séjourne à 7 buts et 8 passes décisives en 27 apparitions. Une implication telle dans l’équipe qui impressionne, avec en clé de voûte une régularité à toute épreuve. Encore la semaine dernière, il délivrait son écurie avec un doublé salvateur lors de leur dernier match de championnat. Une très belle affaire donc. Concrètement Kady est un joueur assez complet sur le plan technique, et il possède une bonne frappe de balle qui lui permet aussi de marquer. Un joueur difficile à prendre défensivement puisqu’il trouve très souvent une solution lorsqu’il est mis sous pression.
Des joueurs cadres
Abdellah Zoubir : Ancien pensionnaire de Lens, Zoubir est l’un des maîtres à jouer de Qarabağ. Depuis son arrivée au club en 2018, l’ailier a toujours fait preuve de constance dans ses prestations. Plutôt passeur que buteur, il change ses habitudes cette saison avec à l’ordre du jour 9 réalisations pour 3 caviars. En tout, le droitier franco-marocain totalise 33 buts et 37 passes décisives. Plus que tout autre joueur sur la période. Il sera sans doute l’un des plus gros dangers face à l’OM. Doté d’un talent de dribbleur mais également fort physiquement, il sait lire le jeu. Il possède aussi le sang-froid nécessaire pour trouver la bonne passe dans le bon tempo.
En 305 matchs de carrière, il aura, à 30 ans, joué à sept postes différents, véritable offensif polyvalent donc. Actuellement préféré sur le côté gauche du terrain, il est généralement laissé assez libre dans son positionnement, ce qui constitue autant une faiblesse dans l’équilibre offensif qu’un apport dans le surnombre. Un poison qu’il faudra canaliser pour finalement neutraliser les adversaires du jour.
Qara Qarayev : Il est la véritable figure du club. Formé ici et après avoir gravi tous les échelons, il est désormais le vice-capitaine de cette formation. Milieu défensif de métier, il met toute sa détermination au service du collectif. Quitte à se sacrifier sur le plan personnel. Son courage et son endurance en font un très bon joueur dans la transition même si son profil ne correspond pas vraiment à un milieu récupérateur. Toutefois, sa célérité est mise en exergue notamment par son grand nombre d’interceptions. Il lit bien les trajectoires, son agressivité et son anticipation lui accorde un grand abatage sur la durée. Quelques fois mis à l’écart en championnat, il n’en reste, à 29 ans, pas moins indispensable pendant la phase de groupes d’Europa Conference League. Un homme de travail donc.
Maksim Medvedev : Lui aussi formé au club, il incarne l’âme de l’équipe en qualité de capitaine. À 32 ans, sa loyauté n’est plus à prouver désormais. Formé en défenseur droit, il est également utilisé en tant que défenseur central depuis l’année dernière. Cette saison, avec l’arrivée de Vesovic, le défenseur azéri a gagné sa place dans la charnière centrale. Dur sur l’homme, son placement et son anticipation des mouvements compensent sa réactivité et sa vitesse d’exécution. Très concentré et très appliqué dans ses tacles, il impose le respect et respire la sérénité. Son expérience d’excentré lui donne également un avantage non négligeable dans les relances. Et malgré son petit mètre soixante-dix-sept, son jeu de tête et sa détente sèche sont assez bons pour gagner la majorité de ses duels aériens. Il porte également le brassard de la sélection azérie pour laquelle il tient 76 capes.
Des blessures préoccupantes
Même si le groupe sera presque au complet face aux Marseillais, plusieurs signes tendent à croire que Qarabağ ne sera pas dans sa meilleure facette. Dans un premier temps, le gardien titulaire Mahammadaliyev revient à peine d’une blessure au bras et reste incertain avant la rencontre. Avec trois matchs ratés, il ne sera probablement pas à 100% s’il est titularisé. De plus, le gardien remplaçant Emil Balayev est lui aussi handicapé d’une hernie. Il n’a d’ailleurs pas pu tenir sa place en coupe. Le club a donc dû recruter en urgence cet hiver, avec l’arrivée surprise de Luka Gugeshashvili en prêt. En trois matchs, il aura tout de même su assurer la victoire à chaque fois pour son nouveau club. Mais son manque de cohésion avec le reste de l’équipe sera à prendre en compte avant la rencontre.
Un autre point à noter est la blessure longue de Badavi Hüseynov, éloigné des terrains depuis le début de la saison. Défenseur central et international azéri, son profil complet manque à sa formation qui a su adapter intelligemment son mercato pour combler son importance dans le collectif. Il ratera donc sans aucun doute la double confrontation face à l’OM.
Enfin, une autre blessure longue ampute Qarabağ. Il s’agit de l’ailier droit Jaime Romero, qui arrive d’ailleurs en fin de contrat en juin. Blessé aux ligaments en tout début d’exercice, il ne sera pas remis sur pied d’ici là et constitue une valeur en moins dans la rotation.
Une forme indécente
Qarabağ reste sur quatre victoires consécutives, avec 11 buts inscrits pour seulement un seul encaissé. Un défense impressionnante en championnat surtout, et qui se ressent dans le rythme qu’imprime cette équipe à ses adversaires. D’ailleurs, leur dernier match s’est terminé sur une victoire sans appel 6-0 en coupe, avec une domination sans partage. Qurban Qurbanov avait même fait tourner pour ce match retour, montrant ici l’implication de tous les joueurs au sein de l’effectif.
Le dernier match de championnat remonte au 7 février dernier face à Neftci Baku. Une victoire 2-1 à la clé au cours d’un match tendu qui a vu Kady venir en sauveur pour son équipe. Qarabağ a certes dominé mais s’est fait peur en fin de rencontre. Malgré une possession et un plus grand nombre de tirs, l’équipe n’a réalisé que 55 attaques dangereuses dans le match. Bien loin de la moyenne de l’OM en championnat cette saison. Preuve de plus que la Premyer Liqa est une ligue fermée où la moindre occasion vaut cher tant la rigidité défensive est de mise.
Une campagne européenne solide
Ce qui est sûr, c’est que cette écurie de Qarabağ n’aura pas démérité pour en arriver là. Dans un groupe accessible, les azéris ont engrangé de la confiance après un nul prometteur face à Bale sur un score vierge. L’équipe enchaînera bien avec un carton face à Omonia. Par la suite, une victoire sur Almaty sur un score serré 2-1. S’en suivront une nouvelle victoire face aux Kazakhstanais, un nul face aux Chypriotes et enfin une défaite face aux Suisses qui laissera un goût amer en bouche. Ils finiront alors second de leur groupe.
Si le jeu proposé par Qarabağ peut parfois être qualifié de stérile, ils imposent une pression sur leurs adversaires et tentent de les pousser à la faute. Ils finiront d’ailleurs cette phase de groupe avec la meilleure possession de la compétition, petit exploit. Un fait qui n’aura pas manqué à notre coach argentin qui a loué le jeu de son adversaire en conférence de presse :
« L’objectif c’est de connaître Qarabağ physiquement, c’est une compétition nouvelle que j’ai envie de découvrir. Qarabağ est tout de même l’équipe avec la meilleure possession en phase de groupe d’Europa Conference League, à côté d’équipes comme la Roma. Notre objectif est de gagner demain mais aussi dimanche. Il faut impliquer tout le monde et voir jusqu’où on peut aller. Les joueurs les plus en forme joueront demain mais aussi dimanche. Une des difficultés sera la distance mais les attentes sont les mêmes. »
Sampaoli en conférence de presse d’avant-match
Qarabağ, actuel leader confortable de son championnat, viendra donc défier l’OM avec la confiance et le vent favorable. Toutefois la tâche s’annonce rude malgré de bonnes individualités dans l’équipe. Il s’agira pour eux d’exister et de pouvoir s’exprimer face à la défense phocéenne. Mais également d’être en mesure de stopper les offensives marseillaise emmenées par un Milik en feu lors des rencontres européennes. Un beau match qui s’annonce entre deux formations aux attentes élevées et qui auront chacune leurs cartes à jouer.