C’est officiel. Les Olympiennes restent en D2. A l’instar de la saison dernière, l’OM féminine voit de nouveau ses espoirs d’évoluer au sein de l’élite être anéantis. Encore une fois, ça s’est joué à pas grand chose.
Acte 1 : Les enjeux de la dernière journée
14h45. J’allume mon ordinateur. Aujourd’hui, nous allons savoir si l’équipe féminine de l’OM va monter ou pas en première division. D’ailleurs, lors de la prochaine saison, on ne parlera plus de D1 Arkema mais de Arkema Première Ligue. Valentine m’envoie le lien YouTube pour suivre en parallèle des Olympiennes le match Nantes-Albi. On espère tous un miracle. Pour que l’OM puisse accéder en D1, les Albigeoises doivent l’emporter ou tenir Nantes en échec. Je regarde leurs statistiques, pour me rassurer. Elles restent sur 5 défaites et deux matchs nuls. L’après-midi foot-angoisse commence bien. Pourtant, les paroles de Alain Benedet, l’entraîneur d’Albi, se veulent rassurantes : « On est venu faire un résultat à Nantes. Il nous manque un point pour assurer le maintien ».
Nous, on joue contre une équipe de Rodez Aveyron qui n’a rien à craindre et rien à espérer alors que les Nantaises affrontent des Albigeoises qui vont sans doute leur donner du fil à retordre. Avant le coup d’envoi de la dernière journée, Nantes et l’OM ont 41 points mais l’équipe bretonne entraînée par Nicolas Chabot est classée deuxième en raison d’un goal-average particulier en leur faveur. L’enjeu est clair. L’OM doit s’imposer face à Rodez et espérer qu’Albi, au coude-à-coude avec Le Mans et Metz pour le maintien, arrache le match nul ou la victoire à Nantes.
Une injustice de plus
Le match va bientôt débuter. Je regarde ce qui se passe sur les autres terrains. A Strasbourg, le compte twitter Femmes Foot News signale que les joueuses orléanaises manifestent leur mécontentement en apparaissant sur le terrain avec du scotch sur le logo du club et les mains sur la bouche. Ce dimanche matin, dans le journal L’Equipe, Namnata Traoré a exprimé ses inquiétudes après que le nouveau président de l’U.S. Orléans ait décidé d’arrêter les investissements octroyés à l’effectif féminin. Après l’indignation exprimée hier suite à la non diffusion de la finale de la Ligue des Champions opposant Lyon et le Barça sur une chaîne de télévision française, cette affaire montre que la reconnaissance du football féminin au sein de nos sociétés pas toujours égalitaires est plus que jamais d’actualité. Soutien aux joueuses orléanaises !
Acte 2 : Menaçantes sans être dangereuses
L’arbitre siffle le coup d’envoi. D’emblée, les Olympiennes pressent haut les joueuses de Rodez. Elles se créent deux occasions de buts en sept minutes, notamment grâce à une Inès Kbida en pleine forme. L’internationale marocaine, qui jouera les 30 mai et 3 juin prochains à Berkane, en sélection, face à la République Démocratique du Congo, voit son tir arrêté par la portière aveyronnaise. Ce sera également Mama Diop qui essaiera de créer le danger dans la surface de Rodez mais sans succès. Pendant ce temps, à Nantes, la capitaine Sylia Koui ouvre le score à la 6e minute. Cela commence mal !
Les joueuses de l’OM poussent. A la 10e minute, Ashley Clark centre pour Inès Kbida qui ne cadre pas son tir. Les joueuses de Rodez tente de réagir par un tir lointain d’Océane Saunier, bien bloqué par Boklach. A partir de la 20e minute, les Aveyronnaises vont même prendre le jeu à leur compte. Toutefois, la défense olympienne tient bon.
Après un petit moment de flottement, Clara Giaimo, sur coup-franc, fait de nouveau peser le danger sur la portière de Rodez. A la 36e minute, Monguillon fait un très beau centre qui n’est guère exploité par les attaquantes. L’OM menace mais n’est pas suffisamment dangereux. Les joueuses doivent être plus décisives, plus efficaces devant le but, à ce stade de la rencontre. En tout cas, le 0 à 0 n’arrange pas nos affaires. Et Nantes mène toujours au score.
A la 42e, je zappe sur Nantes-Albi. Une des défenseures albigeoises sauve sur sa ligne un tir nantais qui aurait pu faire 2 buts à 0. Je reviens vers le match de l’OM sur le champ, histoire d’éviter de nouvelles sueurs froides. Et j’exulte ! A la 45e minute, Anna Conesa centre pour Mama Diop qui ouvre le score. Voilà l’OM conquérant que l’on aime voir, l’OM qui va droit au but !
L’arbitre siffle la mi-temps sur le score de 1 à 0 pour les deux équipes qui jouent la montée en D1. Lors des arrêts de jeu, Inès Kbida fait une belle passe en profondeur pour Coralie Monguillon qui est à deux doigts d’aggraver le score. Je me dis qu’en deuxième mi-temps, le miracle va se produire. Egalisation d’Albi et victoire des Olympiennes. Je dis ça à Cheryl D, supportrice de l’Olympique Lyonnais et commentatrice de match de foot féminin sur les réseaux sociaux, qui me répond espérer aussi la montée de l’OM en D1. Si même les Lyonnaises nous soutiennent, ça va le faire !
Acte 3 : Vous avez gardé la tête haute, les filles !
A la mi-temps, j’apprends des commentateurs que le championnat français de première division féminine est apparu en 1983. Je suis convaincu que nous allons y évoluer l’année prochaine. Mama Diop vient d’inscrire un magnifique deuxième but pour l’OM, en lobant la portière de Rodez. En deuxième mi-temps, on voit Monguillon et Khezami donner leur maximum pour aggraver le score. Leur engagement sur le terrain fait plaisir à voir.
Cela n’empêchera malheureusement pas Sylia Koui de marquer de nouveau sur coup-franc pour Nantes, à la 62e. Là, ça va être dur ! Albi doit marquer deux buts pour que nous puissions accéder en D1. Je comprends mieux brusquement la phrase de Bertolt Brecht dans La vie de Galilée : « Malheureux les pays qui ont besoin de héros« . C’est quand cela va mal que l’on a besoin de héros, pas quand tout va bien. Il en est de même des miracles. Lors de cette dernière journée, aucune héroïne albigeoise ne viendra nous sauver. Au contraire, elles feraient même parties de celles qui nous ont pris des points précieux durant cette saison, des points dont nous aurions eu besoin aujourd’hui pour assurer la montée en D1.
A la 63e, Darlina Joseph remplace Coralie Monguillon. Choix tactique gagnant pour Borelli. L’internationale haïtienne marque le troisième but de l’OM en reprenant un dégagement raté de la portière de Rodez. Le match est agréable à regarder, avec des attaques des deux côtés. Toutefois, à la 80e minute, Nantes mène toujours 2 à 0 face à Albi. Les joueuses de l’OM poussent encore davantage. Jenny Perret marque le quatrième but à la 81e.
Sans rien lâcher
Les Olympiennes continuent de prendre d’assaut le camp aveyronnais. Elles savent peut-être que les Nantaises mènent au score 2 à 0, que la montée en D1 est très improbable, que la saison ne va pas se terminer favorablement. Peu importe ! Durant ces dernières minutes de jeu, avant de s’effondrer, avant d’affronter la dure réalité du classement final, elles se donnent corps et âme sur le terrain. Juste pour la beauté du geste, pour l’amour du football, pour ce public dans les gradins qui chante régulièrement depuis le début de la rencontre avec le fameux « Aux armes » du Vélodrome. Dans les arrêts de jeu, Roxane Couasnon met le cinquième but. Tu ne peux pas supporter l’OM et ne pas vibrer dans des moments comme celui-là ! Bravo les filles, vous terminez dignement la saison, la tête haute.
L’OM n’évoluera malheureusement pas avec l’élite. Pour la saison prochaine, on souhaite aux joueuses de remporter le championnat de D2 et de monter en Arkema Première Ligue pour y durer le plus longtemps possible ! Et peut-être même, pour certaines d’entre elles, une belle interview dans le média Peuple Olympien !