Hier à 18h, le directeur sportif de l’OM, Andoni Zubizarreta, était l’invité exceptionnel du Phocéen. Il est revenu sur de nombreux sujets dont le mercato et la formation.
Dans un premier temps, le directeur sportif de l’OM a évoqué ses trois plus grandes réussites et ses trois plus gros échecs depuis son arrivée dans la cité phocéenne :
« Dans les trois réussites, il y a l’épopée européenne pour les pros. Pour la formation il y a la finale de Gambardella, car ce n’était pas dans les objectifs quand je suis arrivé. La finale au Stade de France était magnifique, même si on n’a pas gagné. Et en troisième point, concernant l’équipe féminine j’hésite entre la victoire face au PSG des féminines durant la première saison ou la montée de l’équipe féminine en première division la saison passée.
Quant aux erreurs, je dirais la descente en 2e division de l’équipe féminine. On n’avait pas bien travaillé la planification l’année précédente. En deuxième point et pour la formation, je dirais tous les problèmes que l’on a eu l’année passée avec la formation, lorsque l’on était relégués avec l’équipe B, ce n’était pas bon pour le projet du club. Quant au 3e point, concernant les pros, je dirais que j’aurais dû faire plus pour aider l’équipe pour la finale de l’Europa League. Je pense que j’aurais dû apporter plus.«
Andoni Zubizarreta : « Je comprends les critiques »
Ensuite, Zubizarreta est revenu sur le ressenti des supporters à son égard : « Bien sûr, je comprends les critiques des supporters. Après j’essaie de faire la part des choses et de différencier les critiques qui sont constructives ou pas. C’est quelque chose que j’ai appris dans le foot. Quand je jouais au football, après le match c’était moi qui connaissait mieux ce que j’avais fais de bien et de moins bien. Si quelqu’un dit quelque chose de faux, ça te fait mal mais pas trop. Par contre quand quelqu’un te dit quelque chose que tu penses vraiment, ça te fait plus mal.
Après, je pense que dans l’ensemble sur le mercato on a bien travaillé, on a bien bossé. On a essayé d’avancer pour les prochains mercatos, de contacter les agents, de trouver les bons joueurs à bon prix. Après, trouver des joueurs pas ou peu connus, qui sont de très bons joueurs, dans le monde du foot actuel c’est presque impossible, sauf si tu vas chercher des joueurs dans les championnats un peu mineurs, mais là le risque est très gros.«
Le dossier du latéral gauche
Depuis l’été 2017 et la signature de Jordan Amavi, l’OM n’a plus recruté de latéral gauche.
« Dans les mercatos que l’on a fait depuis mon arrivée, on a prit deux latéraux gauche : Patrice Evra et Jordan Amavi. Pour le remplacement de Jordan Amavi, on a eu plusieurs pistes :
Premièrement, on s’était renseignés sur Mitchell Bakker. Personne ne le connaissait avant qu’il signe au PSG. On a essayé de le prendre, son agent était le même que celui de Mario Balotelli, on a parlé avec lui pour savoir si il pouvait venir, il était en fin de contrat mais il avait déjà signé au PSG. On a aussi essayé un prêt avec Juan Miranda mais ce n’était pas intéressant, on n’avait pas la possibilité d’acheter le joueur, on aurait donc formé le joueur pour un autre club.
Ensuite, il y a eu Renan Lodi qui évoluait au Brésil. On a échangé avec lui mais l’Atlético Madrid est arrivé et a proposé 25 M€. A partir de là, c’était fini pour nous. On avait également parlé avec Achraf Hakimi, mais il était jeune et on avait pensé qu’avec un championnat plus physique comme le nôtre, il allait avoir besoin d’un temps d’adaptation. Finalement il s’est imposé à Dortmund.
Pour Stanley N’Soki, c’est différent. On a discuté avec lui bien avant que son nom ne sorte dans la presse. On avait assez avancé avec lui, on avait même démarré des discussions avec le PSG. Mais durant la pré-saison, comme Kurzawa était blessé et avait joué la coupe du Monde, le PSG n’avait pas de latéral gauche car Bernat n’était pas arrivé. Cette saison-là N’Soki avait très bien joué durant la pré-saison et son entraîneur a voulu le garder. Il lui avait fait signer son contrat pro.
Le dossier mercato
Andoni Zubizarreta est donc revenu sur le fameux dossier mercato : « Les arrivée dépendent des départs. Cette année on a décidé de faire un effectif un peu plus court. On a eu beaucoup de joueurs qui sont partis (11 en tout), mais on a pensé qu’on en avait pas besoin en plus parce qu’on ne va pas jouer de match européen. Donc on a pensé à faire un effectif un peu plus court et de travailler avec cet effectif.«
« Généralement, les mercatos pour nous démarrent entre le mois de mars et avril, ce sont des mois parmi lesquelles nous prenons des décisions. Au mois de juillet, tout le monde attend des offres anglaises. Les clubs anglais, ce sont les clubs qui mettent le plus d’argent.
En juillet, on avait des possibilités, on a eu des joueurs qui ont été sollicités. On pensait vraiment qu’on serait capable de trouver le bonheur de quelques joueurs. Oui il y avait Sanson mais pas que lui. On a parfois des demandes pour des joueurs qui ne sortent pas dans les médias, ce sont des joueurs qui restent parce qu’ils ont des agents plus calmes, plus tranquilles. On a eu des intérêts sur 6 ou 7 joueurs environ durant le mercato. »
« Le mercato ne se prépare pas d’un jour à l’autre »
« Le mercato ne se prépare pas d’un jour à l’autre, c’est une continuité d’informations. On travaille sur les éléments de contrats. On anticipe, on travaille toujours sur le latéral gauche, on travaille sur des projets sur lesquels on a déjà travaillé cet été et on cherche aussi des joueurs qui peuvent prétendre à une place pour l’Euro 2020 mais qui ne sont pas titulaires dans leurs équipes et ont donc besoin de temps de jeu. Le marché des transferts est quelquefois très complexe. Cet été, quelqu’un m’appelle pour me dire que West Ham est intéressé par un de nos joueurs. Je connais très bien le directeur sportif de West Ham, Mario Husillos, je l’appelle tout de suite et il me dit que non, ils ne sont pas intéressés, qu’il est dans la liste mais que ce n’est pas le joueur qui fait partie du top 3.
« Dans notre équipe de scouting, on a une personne qui travaille sur le marché français, et on a une autre personne qui travaille sur les jeunes joueurs, que ce soit en Ligue 2 ou même en U19, National. On a essayé d’anticiper quelques joueurs mais on n’est pas parvenu à un accord.
On a tout mis sur Strootman et du coup on a pas eu assez pour mettre sur un autre joueur. Cette année on a décidé de laisser la chance à nos jeunes joueurs qui sont chez nous. »
« Si Upamecano vaut 80 M€, Kamara en vaut 90. »
Andoni Zubizarreta : « Aujourd’hui, je vois dans la presse que Dayot Upamecano est sur le marché, que Leipzig veut le vendre et qu’il y a des clubs intéressés qui sont prêts à mettre 80 millions. Quand je le vois jouer et que je le compare à Boubacar Kamara, je me dis que si Upamecano vaut 80 M€, Kamara en vaut 90. »
Par la suite, il est revenu sur son rôle de directeur sportif au sein de l’Olympique de Marseille:
« Mon rôle va dépendre du club dans lequel je travaille. Tout le monde pense que notre rôle c’est de s’occuper du mercato, mais mon rôle ce n’est pas seulement ça. Mon rôle c’est de structurer le projet sportif du club. Ca va être donc de structurer l’équipe première, mais aussi de définir quel est le projet sportif, comment on peut faire, qu’est-ce qu’on peut faire, quels sont les joueurs qu’on peut faire monter, comment anticiper des décisions pour des joueurs qui seront de futur pros d’ici un ou deux ans, le fair-play financier… etc. Actuellement, on est en train de travailler sur le nouveau projet de la vidéo, sur le centre médical du centre de formation, sur le nouveau projet de l’OM Campus. C’est vraiment un poste global.«
« Álvaro est un joueur que l’on connait très bien »
Il a ensuite évoqué le transfert d’Álvaro González : « Álvaro est un joueur que l’on connait très bien car on on le suit depuis longtemps. C’est un joueur qui a joué dans l’équipe espoir d’Espagne, ensuite il a joué à l’Espanyol et surtout à Villarreal. Quand on a commencé à travailler sur le mercato avec Villas-Boas, on lui a dit qu’on avait deux besoins qui sont l’avant centre, suite au départ de Balotelli et un défenseur central pour remplacer Rami.
Pour le poste de défenseur central, on avait proposé trois noms différents. Le premier était Ivan Marcano. Avant qu’il reparte au FC Porto, on avait discuté avec lui, il était intéressé, mais au final il a voulu retourner à Porto car il se sentait très bien là-bas. Suite à ça, on a démarré les discussions avec Álvaro. Au moment de notre échange avec Álvaro, il était presque tombé d’accord avec un club turc. Mais au final, Álvaro était intéressé pour venir à Marseille, c’est pour cette raison que c’est allé si vite. Et si l’information n’a pas fuité dans les médias, c’est parce que son agent n’a parlé avec personne de la presse. Villarreal est un club très droit, on a travaillé direct et ça s’est conclu dans les trois jours.
Rudi Garcia et AVB
Après ça, le directeur sportif est revenu sur la gestion de Rudi Garcia au niveau du mercato : « Toutes les décisions que l’on a prises, on les a prises ensemble. Après, c’est impossible de prendre un joueur dans son effectif que son entraîneur n’a pas validé ou qu’il ne veut pas. Ce n’est pas valable qu’à Marseille mais dans tous les clubs, en général. »
Il a ensuite parlé du nouveau coach André-Villas Boas : « Avec André, on se connaissait, on avait parlé, j’avais aussi déjà parlé avec son agent. On se connaissait mais on ne s’était encore jamais vu jusqu’à ce qu’on se voie à Paris la première fois. A partir de là, on a commencé à discuter de football et on a eu un bon feeling. On lui a par la suite proposé de venir à l’OM, il a accepté peut-être parce qu’il connait Bielsa qui lui a parlé du club. »
Isaac Lihadji et Niels Nkounkou
Andoni Zubizarreta a ensuite évoqué la situation d’Isaac Lihadji et de Niels Nkounkou :
« Nous discutons en ce moment avec l’agent d’Isaac Lihadji et je pense que ça va se faire, je suis optimiste et j’espère avancer rapidement. Pour Niels Nkounkou, nous sommes en train de voir ce que l’on va faire avec lui. On doit se rencontrer pour continuer nos discussions. »
Pour conclure, il est revenu sur sa situation avec Jacques-Henri Eyraud et Frank McCourt ainsi que sur la rumeur qui annonçait son départ de l’OM : « J’ai lu ça dans le journal L’Equipe. J’ai lu le premier papier avant le match contre Monaco quand j’étais en vacances. Il n’y a rien eu. Personne ne m’a parlé. On a simplement eu une discussion avec JHE à mon retour de vacances comme c’est le cas chaque saison. Après tous les mercatos, on se réunit afin de faire un bilan du mercato, de dire ce qu’il s’est bien et mal passé, ce qu’on en pense, on parle aussi du futur. Mais hormis cette discussion, il n’y a rien eu, personne ne m’a appelé pour me parler de ça. J’ai vraiment été surpris de lire ça. Ça ne m’a pas blessé mais ça m’a beaucoup surpris.«