L’entraîneur portugais a transformé l’effectif depuis son arrivée en juin dernier. Aujourd’hui dauphin du PSG et dans une série de 6 victoires consécutives, l’OM est bien positionné pour atteindre les places européennes. Au-delà des chiffres, c’est la méthode que plébiscitent les joueurs et les supporteurs.
Ce n’est pas encore l’été mais la chaleur estivale est déjà bien présente lorsqu’André Villas-Boas débarque à la Commanderie pour sa première conférence de presse le 29 mai dernier. Cheveux peignés et teint halé, l’entraîneur portugais est à l’aise dans son costume de coach de l’OM et répond -déjà- avec franchise aux journalistes présents dans la salle, en affichant ses objectifs de Ligue des Champions. Dehors, sous un soleil de plomb, les cigales s’en donnent à cœur joie et chantent à pleine voix, comme pour annoncer l’arrivée des jours heureux au sein de la maison olympienne…
Du côté des supporters le ton est plutôt cassé. Il contient les stigmates d’une saison remplie de colère et de frustration. Il faut dire que la saison qui vient de s’écouler a été épuisante, sans relief et sans passion. C’est d’ailleurs, il faut le reconnaître, presque avec déception qu’ils accueillent le technicien portugais. Dont la réputation est écornée par ses échecs à Chelsea et Tottenham. C’est la fin du mois de mai, l’OM est au bord de l’asphyxie et les températures caniculaires n’y sont pour rien, la crise de résultat a eu des conséquences désastreuses sur le moral du groupe ainsi que sur les finances du club. Sans Coupe d’Europe, les perspectives sont sombres et l’argent de Frank McCourt a fondu comme neige au soleil.
De son côté, le président Jacques-Henri Eyraud annonce du changement. Mais sous la contrainte du Fair-play financier, ce qui ne pousse guère à l’optimisme. Chez les supporters, beaucoup se demandent ce que va devenir le club. Avant l’été, le chantier du Portugais était donc colossal… Presque six mois plus tard, après un mercato d’été emphatique et 17 journées de championnat, tout a changé ou presque. L’effectif a connu quelques retouches avec six départs contre trois arrivées. Mais la différence entre l’équipe d’il y a quelques mois et celle d’aujourd’hui n’est pas palpable. Elle se situe dans les têtes.
Des joueurs transformés
Aujourd’hui dauphin du Paris Saint-Germain et auteur d’une magnifique série de 6 victoires consécutives, l’OM est bien positionné pour atteindre les places qualificatives en Ligue des Champions. Au-delà du classement et des chiffres, la patte Villas-Boas c’est avant tout un management singulier. Comme le soulignait Steve Mandanda après la victoire à Angers (2-1) : « le coach est proche des joueurs. C’est quelqu’un à l’écoute, qui dit les choses lorsqu’il faut les dire, que ça soit en positif ou en négatif… ».
Le discours du technicien portugais plaît et il semble trancher avec celui de Rudi Garcia. Ce dernier avait pour habitude de pratiquer la langue de bois. Ce n’est pas un hasard si depuis l’été, la méthode « AVB » a permis à des joueurs de revenir à leur meilleur niveau. Steve Mandanda a retrouvé l’équipe de France. La machine à laver Kevin Strootman a repris des couleurs. Duje Caleta-Car ne se pose plus de question. Nemanja Radonjić commence à justifier l’investissement placé en lui. Dimitri Payet défend et Morgan Sanson redevient le footballeur talentueux qu’il était à son arrivée.
Et que dire de Jordan Amavi, symbole du retour à l’état de grâce ? « Quand un coach défend un joueur, c’est magnifique. André Villas-Boas m’a beaucoup aidé à retrouver mon niveau et je le lui rend sur le terrain. Il est franc. Il m’a dit ce qu’il attendait de moi, il m’a demandé comment je me sentais après cette période. Avoir un coach comme ça tire vers le haut. », assure l’international français.
Plus que les louanges, il faut noter également certains choix du coach dans l’intérêt collectif. L’exemple le plus marquant est la montée en puissance de Valentin Rongier. Son niveau actuel et son état de forme n’auraient sûrement pas été atteint si Villas-Boas l’avait directement lancé dans le grand bain. Au lieu de ça, l’ancien canari a été incorporé petit à petit à l’équipe. En rentrant en cours de match et jusqu’à devenir un titulaire indiscutable. Cela peut ne paraître rien, mais ce genre de choix a le mérite de mettre un joueur dans les meilleures dispositions.
Le plaisir retrouvé et un pressing tout terrain
Sur la pelouse, l’équipe n’a plus rien à voir avec celle amorphe qui avait fini dernière de sa poule d’Europa League il y a un an. Les joueurs sont métamorphosés. Le spectacle proposé au Stade Vélodrome n’avait pas atteint une telle qualité depuis la saison 2014/2015. Il y a bien eu entre temps cette jolie parenthèse avec cette finale de coupe d’Europe en 2018. Mais le jeu proposé n’était pas aussi léché.
L’OM version Villas-Boas c’est une idéologie de jeu résolument offensive avec un système en 4-3-3 et les consignes sont claires : un attaquant disponible, qui se déplace entre les lignes et alternant entre jeu en pivot et en profondeur. Payet en position d’ailier gauche qui repique dans l’axe pour laisser la place aux montées de Jordan Amavi. De son côté, Bouna Sarr propose autre chose avec de la percussion tout en assurant plus de sécurité défensive.
Derrière, les défenseurs varient entre jeu long et court selon la lecture du match comme ça a été le cas face à Lyon. Enfin dans le coeur du jeu, Villas-Boas demande au duo Sanson–Rongier une grande projection vers l’avant de manière à pouvoir gêner la première relance de l’adversaire. Le bloc se retrouve haut et c’est cette spécificité qui rend le jeu de l’OM spectaculaire. Ce n’est donc pas étonnant de voir les deux jeunes milieux de terrains monter dans la surface adverse avec une grosse intensité, comme face à Bordeaux où l’OM a marqué ses trois buts suite à un pressing dans les 20 derniers mètres adverses. Ce n’est pas un hasard non plus si l’OM a tiré plus de 50 fois au but lors de ses deux derniers matchs à domicile face à Bordeaux donc et Brest.
André Villas-Boas privilégie le jeu mais il sait également être pragmatique. A Angers, l’OM était promis à un résultat compliqué. Car l’équipe angevine est reconnue, surtout à domicile, pour être très solide, compact et avec un bloc bas. Le coach lusitanien a réussi le pari de laisser la balle à des adversaires sans idées. Mais aussi et surtout de faire assimiler cette doctrine à ses joueurs. « tout le monde se bat pour lui et valide ce qu’il fait au quotidien », assurait Morgan Sanson après le match.
L’agressivité sur le terrain et cette volonté de vaincre séduit les suiveurs du football de manière générale et en particulier les supporters de l’OM. Le public prend du plaisir à voir jouer cette équipe qui rappelle celle de Marcelo Bielsa. Nous sommes en décembre, le stade est quasi plein à chaque rencontre, les cigales ne chantent plus mais les supporters ont pris le relais. Après la pluie vient le beau temps…