Soixante-dix. Non, ce n’est pas l’âge du dernier supporter stéphanois à avoir vu une victoire des Verts au Vélodrome. Soixante-dix. Ce n’est pas non plus le nombre de supporters olympiens qui ont pensé que Paolo De Ceglie serait une bonne recrue. Rien de tout cela. Soixante-dix, c’est bel et bien le nombre de cartons pris par les Marseillais cette saison. Un total élevé, surtout pour un effectif aussi court.
Malgré seulement 3 cartons rouges concédés, le bilan est considérablement alourdi par les 67 avertissements qui s’y ajoutent. Sans surprise, l’OM est donc la pire équipe sur cette statistique en Ligue 1. Si beaucoup de formations se situent autour de la cinquantaine de cartons, Monaco talonne les Phocéens. Les pensionnaires du Rocher comptent certes 9 cartons jaunes de moins, mais ont en revanche écopé de 10 exclusions.
L’indiscipline, ça donne quoi ailleurs ?
Si l’on compare avec nos voisins où l’arbitrage est certes propre à chaque championnat, cette indiscipline paraît parfois toute relative. Regardons pour cela les homologues « leaders » en terme de cartons. L’OM est, de ce fait, plutôt proche d’un Cologne (59 jaunes, 3 rouges) ou d’Arsenal (63 jaunes, 3 rouges). D’autant plus que, on le sait, le jeu de Premier League est réputé pour son arbitrage « à l’anglaise », très enclin à fermer les yeux sur plus grand nombre de contacts que chez nous, en France.
En revanche, les 82 unités de Bologne en Serie A paraissent loin, tout comme les 93 unités de Getafe. Des Madrilènes qui, à l’instar de l’OM et à l’inverse des autres nommés, jouent les premiers rôles cette saison, à la fois en termes d’indiscipline qu’au niveau du classement des points à proprement parler. La comparaison s’arrêtera toutefois sur ce point, et nous nous garderons d’établir des conjectures douteuses sur les similitudes entre la formation de Bordalás et celle de Villas-Boas.
3 cartons rouges, un vrai symptôme
Trois exclusions en 28 journées de Ligue 1, le bilan est plus qu’honorable. Nous omettrons donc, à travers cette statistique, le rouge pris par Hiroki Sakai en Coupe de France, et plus récemment celui de Villas-Boas en marge du match face à Amiens. Penchons-nous plus en détail sur les 3 rouges reçu en championnat. Álvaro, pris dans son dos lors de la victoire face à Lyon, n’a eu d’autre choix que de ceinturer l’attaquant lyonnais est s’est vu logiquement sanctionner. Jusqu’ici, rien de bien inquiétant dans la mesure où cette situation ne s’est jamais répétée depuis. Seulement, ce sont les deux autres cartons, concédés par Kamara et Payet, tous deux lors de la réception de Montpellier fin septembre, qui posent souci.
En fin de rencontre, les deux Marseillais avaient été priés de quitter la pelouse. Une exclusion surprenante côté Kamara, coupable selon Amaury Delerue d’un accrochage avec Jordan Ferri, à l’origine aux prises avec Radonjić. L’arbitre exclut également l’ancien nîmois sur le coup. La sentence pour Payet est quant à elle bien plus symptomatique de l’égarement dont font trop souvent preuve les Olympiens. Sanctionné d’un premier carton après un tacle trop rugueux, le numéro 10 perd ses nerfs. Malgré une peine de 4 matchs très sévère prononcée plus tard à son encontre, on peut blâmer le joueur pour cette sanction qui était alors évitable.
La solution miracle : apprendre à se taire
Et c’est bien cette action-là qui laissait présager de la suite de la saison. Dernièrement, ce même Payet a de nouveau vu l’homme au sifflet sévir contre lui. La raison ? Un ballon déplacé de quelques centimètres avant de tirer un coup franc. Certes, cette situation est une énième illustration de l’absence de pédagogie chez les arbitres français. Cependant, la mauvaise qualité de leur formation, bien que réelle, n’est pas notre sujet du jour. En revanche, le comportement du maître à jouer marseillais pose problème. Comment un joueur de son expérience peut-il faire aussi souvent preuve de tant d’immaturité ? Et surtout, quand les cadres s’emportent aussi facilement, comment reprocher aux plus jeunes de suivre cet exemple ?
Le constat est là : sur les 70 cartons dont les Marseillais ont écopé, seulement 45 ont été obtenus suite à des fautes dans le jeu. Il est vrai que l’OM de Villas-Boas peut par moments pratiquer un jeu plus dur, défensif et laisser l’adversaire dominer. Mais cet argument ne suffira pas à expliquer l’indiscipline olympienne. En témoignent les bilans respectifs des spécialistes en termes de jeu défensif en Ligue 1, à savoir Reims et Nice. Tous deux sont eux plutôt bons élèves, et particulièrement les Champenois qui pointent à la 15ème place au niveau des cartons reçus. Il est donc possible d’être sous pression, sur la défensive, tout en étant bon élève à ce jeu-là. Espérons maintenant que ces écarts de conduite appartiennent au passé et que les Marseillais – et arbitres – reviendront sur les pelouses en faisant preuve d’un zeste de philosophie supplémentaire. À bon entendeur…