Arrivé à la fin du mercato estival 2020, Nagatomo avait promis de se battre valeureusement sous les couleurs de l’OM, avec une « âme de samouraï ». Alors qu’il était sensé n’assurer que la rotation au poste d’arrière gauche, la blessure d’Amavi a forcé le destin de l’international japonais. Nagatomo fut décrié en première partie de saison à cause de sa condition physique vieillissante. Néanmoins, à force de persévérance, il est finalement humblement parvenu à faire parler son expérience et à tenir son rang. Retour sur la saison complexe de l’autre olympien originaire du pays du soleil levant.
Une arrivée stratégique
L’arrivée de Nagatomo à l’OM est officialisée un 31 août 2020, en toute fin de mercato. L’OM est dans le dur financièrement et cela se voit : on recrute prudemment. À l’époque, on a seulement recruté Balerdi en prêt de Dortmund et fait venir librement Gueye du HAC. L’OM se cherche une doublure au niveau de son arrière gauche, capable de tenir le coup en ligue des champions en cas de sortie d’Amavi. Ainsi, l’OM décide de miser sur le vieillissant Nagatomo, n’ayant joué aucun match au Galatasaray depuis janvier 2020.
Le pari n’est pas ambitieux, mais l’opération permet de faire venir librement un joueur qui a connu la compétition internationale. Que ce soit en sélection nationale avec laquelle il avait remporté en 2019 la coupe d’Asie, ou alors en club, grâce auquel il avait pu disputer quelques matchs de ligue des champions. Nagatomo est alors un choix opportun qui permet d’attirer à moindre frais un joueur avec une véritable expérience des matchs à enjeux. Bien qu’en vertu de son âge avancé (33 ans à l’époque), celui-ci ne serait amené qu’à être le remplaçant d’Amavi.
« On cherchait un joueur d’expérience, qui pouvait aider le vestiaire sur l’aspect du leadership. Il a fait douze matchs de Ligue des Champions en deux saisons et demi au Galatasaray. Il était capitaine du Japon. On n’a pas besoin de plus le présenter. Amavi restera le numéro 1 dans la hiérarchie. »
– André Villas-Boas, en interview d’après SB29 – OM
Des débuts calamiteux
Les débuts du Japonais à l’OM sont d’abord cocasses, Nagatomo apparaît une première fois sur le banc lors du fameux Classico remporté. Puis, ce dernier ne pourra pas être retenu dans le groupe lors de la réception de Saint-Etienne. En effet, le match ayant été reporté, Nagatomo ne figurait pas administrativement dans l’effectif de l’OM à la date originale du match. Il fut donc inéligible à la participation de cette recnontre. Il faut donc attendre la réception de Lille pour enfin voir démarrer le Japonais. Pour autant, ses premiers matchs sont très compliqués, ce dernier semble en manque de repère et n’est pas capable de se montrer rassurant défensivement. Nagatomo manquera ensuite le déplacement à Lyon car en proie à une rechute de gastro-entérite.
Ce dernier ne sera de toute façon guère davantage sollicité par la suite, que ce soit en ligue des champions ou en championnat. Le joueur tiendra pleinement son rôle de rotation d’effectif. Pendant ce laps de temps, il jouera des bouts de matchs (contre Nantes), dépannera à des postes (contre Strasbourg où il jouera arrière droit). Il sera mis sur le banc (contre Nîmes) ou alors ne sera carrément pas retenu dans l’effectif de départ (contre Porto). Alors que l’équipe commence à sombrer dans ce qui deviendra le naufrage de la campagne européenne édition 2020-2021, Nagatomo ne se distingue pas. Tantôt passable, tantôt mauvais, il ne semble pas en forme. Et on commence à amputer à son âge vieillissant la raison de cette méforme.
L’appel du destin
Alors que Nagatomo assure comme il peut son rôle de suppléant, lors du déplacement à Rennes du 16 décembre, sa saison bascule. En effet, Amavi, dont il est sensé être le lieutenant, fait une rechute et se blesse. Ainsi, de second couteau, Nagatomo se retrouve propulsé seul à la barre du poste d’arrière gauche de l’OM. C’est un tournant majeur, puisqu’à partir de là et pour tout le reste de la saison, il sera sollicité à une majorité de matchs. Il entrera en jeu lors de 17 des 23 matchs restants, à partir de ce moment.
Néanmoins, toujours dans un état de forme insuffisant, ce dernier ne parvient pas à s’affirmer comme un arrière gauche capable de tenir le coup. À cette insuffisance, un but contre-son-camp finira par venir accabler le Japonais lors de la réception de Reims, qui coûtera la victoire aux Marseillais. Cela sera sans doute à l’origine du désamour des supporters à l’égard de Nagatomo.
La reconquête
Par la suite, Nagatomo enchaîne des prestations juste satisfaisantes, sans apporter ni porter de lourd préjudice. Il ne se démarque pas vraiment par sa présence sur le terrain. Pour autant, à force de partager des bouts de matchs, il va petit à petit stabiliser son niveau de jeu et s’empêcher d’être un fardeau comme il a pu l’être à ses débuts. À force de persévérance, Nagatomo parviendra même ensuite à retrouver un niveau convaincant, notamment dans le secteur offensif. En témoigne le superbe centre servi à Payet lors du déplacement à Nantes. Celui-ci comptera comme sa seule passe décisive de la saison. On pourra noter également une prestation intéressante contre Lyon, le match suivant. Il se démarquera encore par une certaine technicité et son apport offensif au jeu.
La rechute
Malheureusement, Nagatomo ne parviendra jamais, à la suite de ces deux apparitions, à hausser durablement son niveau. En effet, repositionné en milieu gauche dans le 3-5-2 de Sampaoli, il ne trouvera pas vraiment ses marques. Il aura néanmoins eu le mérite de proposer une certaine régularité. Puis le 20 mars, lors du déplacement à Nice, après avoir raté un superbe centre de Thauvin, celui-ci sort à la suite d’un claquage à la cuisse. Nagatomo ne jouera pas les deux matchs suivants. Puis ne jouera que deux matchs dans leur entièreté. Notamment lors de la réception de Lorient, où il ne s’illustrera pas particulièrement. Il semblera touché par sa blessure, rattrapé par sa forme physique. Enfin, Nagatomo restera sur le banc sur les deux avants derniers matchs. Il rentrera en jeu et jouera 23 minutes lors du déplacement à Metz pour clore la saison.
À l’heure du bilan, il est évident que le passage de Nagatomo à l’OM n’est guère flamboyant. Nagatomo ne s’est pas distingué par ses qualités défensives, mais a parfois su habilement impulser des attaques. Néanmoins, trop limité par sa forme physique, il n’a pas été capable de nous faire profiter de sa technicité qu’il nous a pourtant laissé entrevoir par moment. Pour autant, peut-on vraiment jeter la pierre à un joueur trentenaire qui n’avait été originellement appelé que pour faire de la rotation d’effectif ? La blessure d’Amavi l’a évidemment propulsé sur les devants de la scène. Nagatomo a fait ce qu’il a pu, mais sans doute n’avait-il pas anticipé une saison aussi remplie.