Depuis l’arrivée de Jacques-Henri Eyraud à la présidence de l’OM, le club souhaite s’appuyer véritablement sur une formation de qualité. Et cela passe par une observation et un « scouting » plus rigoureux dans l’uns des plus grands viviers du monde en terme de football : l’Ile de France.
Le début d’une restructuration ?
Pour une restructuration complète de son centre de formation, l’Olympique de Marseille a mis en place différentes mesures. Après avoir signé différents partenariats, la volonté première a été de se rapprocher des clubs voisins locaux et de la région. C’est le fameux projet « OM Next Génération ». La région PACA regorge de talents et le club olympien a, pendant longtemps, laissé les clubs pros voisins les récupérer. L’OGC Nice et l’AS Monaco, notamment, sont réputés pour la qualité des effectifs de leurs équipes de jeunes. Et ces derniers n’hésitaient pas, jusque-là, à aller se renforcer avec des pépites marseillaises. Et l’arrivée à la tête de la formation de Nasser Larguet, homme compétent et réputé pour sa parfaite connaissance des différents rouages, souligne le nouvel élan insufflé par la direction.
Désormais, l’OM souhaite se renforcer avec des talents de la région dans un premier temps…mais aussi d’ailleurs ! Mais le problème principal, c’est que le club se doit d’être à l’affût des potentielles futures stars de demain. Et l’une des valeurs sûres en France, en Europe voire dans le monde, c’est la région Ile de France. Le nouveau directeur du centre de formation du club phocéen, Nasser Larguet, ne manque pas de le souligner.
« Si demain on nous signale une pépite vers Paris ou Lyon, on regardera. »
Nasser Larguet, sur actufoot.com.
L’Ile de France, un « vivier », vraiment ?
Anthony Martial, Paul Pogba, ou encore Kylian Mbappé, les exemples d’anciens Franciliens devenus internationaux français pleuvent. Ces noms qui nous sont familiers ont tous grandi dans la région IDF (Ile-de-France) et foulé les terrains de cette dernière. Là-bas, les jeunes issus parfois de familles modestes et de quartiers défavorisés ont trouvé un moyen d’échapper à cette réalité. Les clubs ont réussi à se doter de structures correctes et d’éducateurs agréés, ainsi, le niveau en banlieue parisienne est extrêmement relevé, et nombreux sont à l’échelon national. On observe notamment que 8 clubs franciliens étaient en U17 nationaux lors de la saison 2019-2020. Enorme.
« Le niveau moyen est plus élevé en Île-de-France et les jeunes sont plus motivés qu’ailleurs pour devenir footballeur professionnel. Les clubs professionnels ont des réseaux de recrutement un peu partout dans notre région. »
Paul Pogba, Courrier International, 2016.
Dans la région, le Paris Saint-Germain est évidemment le club le plus puissant au niveau de la notoriété et au niveau financier. Mais, un seul club attractif pour une région remplie de talents, ce n’est pas assez (le Paris FC possède un centre de formation, mais ce dernier n’a ouvert que récemment). Ainsi, des clubs d’autres régions ont tenté un rapprochement avec les équipes amateurs franciliennes. On peut le voir avec la JA Drancy, et ses U17 et U19 au niveau national, associée à l’AS Saint-Etienne. Ou encore l’AC Boulogne-Billancourt qui a signé un partenariat avec l’Olympique Lyonnais.
A l’instar des deux « gros » Rhônalpins, l’OM pourrait envisager une collaboration avec un club de la région IDF. D’un côté, cela permettrait au club de s’affirmer dans la région, et de l’autre, cela pourrait attirer de nombreux jeunes dotés de talent qui verraient là une opportunité de se rapprocher du club. Marseille reste une ville appréciée par de nombreux habitants en banlieue parisienne, même si on peut penser le contraire. D’autant plus que bon nombre de ses habitants ne cachent pas leur amour pour le club olympien.
L’INF Clairefontaine, un atout négligé ?
« La semaine dernière, j’étais à Clairefontaine pour les rassemblements INF, il y avait pratiquement tous les recruteurs de tous les clubs français, sauf Marseille. »
Himed Hamma, entraîneur des U19 nationaux de la JA Drancy, 20 Minutes.
L’Institut National de Football de Clairefontaine (INF), c’est quoi ? Tout simplement un centre de pré-formation d’élite du football français, si ce n’est le meilleur. Il a accueilli chaque année 23 jeunes de chaque génération depuis 1988, durant deux années. Pour y accéder, il faut remplir les conditions d’admission : la réussite aux différentes phases de sélection, le niveau scolaire,… Mais surtout, seuls les habitants de Paris, banlieue parisienne ou proche de la banlieue (éventuellement l’Eure et la Seine-Maritime) peuvent intégrer l’institut ! Durant ces deux années, les recruteurs de nombreuses écuries en profitent pour suivre leur évolution. La seconde année, ils décident de proposer un contrat (ou non) au joueur concerné. De très grands champions en sont sortis, comme Thierry Henry ou l’ancien Marseillais William Gallas.
L’OM a toujours mis de côté les joueurs de l’INF, et cela ne surprend plus. L’exception, c’est Mehdi Benatia. En effet, l’ancien Turinois a attisé la convoitise de nombreux clubs, dont celui de la cellule de recrutement de l’OM. Il a finalement rejoint le sud de la France pour poursuivre sa formation. Il est indéniable que les qualités des joueurs formés à l’INF pourraient sublimer les équipes jeunes phocéennes. C’est dommage que l’OM ne se penche pas davantage sur leur cas….
Les jeunes « franciliens » passés par l’OM
Marseille a pourtant compté dans ses rangs des joueurs formés dans la région IDF. William Gallas et Mehdi Benatia, comme cités précédemment. Mais aussi, plus récemment Hatem Ben Arfa, Mario Lemina ou encore Florian Chabrolle, qui sont eux issus d’une formation francilienne. Le joueur francilien se caractérise généralement par plusieurs points clés. Tout d’abord, la technique ou la maîtrise du ballon, notamment les passes et les contrôles, et ce, dès le plus jeune âge. Aussi, au niveau physique, le francilien a généralement du « coffre » et peut enchaîner les allers-retours. Ce sont des profils à mettre en avant et à valoriser du côté de l’OM. Pour cela, il faudrait que la cellule de recrutement se penche sur la région ou qu’une équipe d’observateurs la sillonne plus régulièrement.
« Entre 60 et 70 % des joueurs professionnels français sont aujourd’hui issus de région parisienne. »
Jean-Claude Lafargue, directeur de l’INF Clairefontaine, Le Parisien.