Didier Roustan est décédé ce mercredi 11 septembre 2024 à l’âge de 66 ans. Commençant sa carrière en 1976, il aura façonné le paysage médiatique du football français pendant près d’un demi-siècle. Peuple Olympien livre un hommage appuyé à l’un des plus grands journalistes sportifs français.
Aujourd’hui, on a pu voir fleurir un tas d’hommages du football mondial sur Didier Roustan, un choc comparable au décès soudain de Thierry Gilardi. Parce que lui fait partie de la caste des Thierry Rolland, des Michel Drucker, Roger Zabel et autres Michel Denisot. Ce sont des gens qui ont changé le visage médiatique du football français, ils en sont le témoin, le souvenir et l’héritage d’un sport qui a viscéralement changé en 50 ans.
De ses débuts à TF1 à Téléfoot
On était alors dans le football comme spectacle, des grandes soirées sur de grands plateau en mode show à l’américaine, pour vivre de grands matchs avec de grandes équipes, tout cela en clair. Une époque où Jean Sadoul, grand uniquement par sa longévité anormale à la présidence de la LNF (ex-LFP), proposait de payer les chaines pour diffuser les matchs de football.
C’est une époque où Marseille se tire la bourre avec les Verts de Saint-Etienne. Une époque où l’OM remporte la Coupe de France et où les Stéphanois se hissent en finale de la Coupe des Clubs Champions Européens (défaite 1-0 face au Bayern Munich). Car, il commence au service des sports de TF1 à l’âge de 19 ans, alors chaîne de service public. Il va progresser au sein de la chaîne, faire sa première télé en 1978 puis devenir le responsable des sports en 1984 et récupérer la présentation du mythique magazine « Téléfoot ».
Didier Roustan, le loup et l’OM
Il quitte la chaîne en 1989 par convictions personnelles, alors qu’elle est privatisée, et se rend sur Canal+. Etant proche d’Eric Cantona, il va pouvoir s’intéresser de près à l’Olympique de Marseille. Le journaliste va alors réaliser un documentaire très inspiré du film « Danse avec les Loups » avec les joueurs de Bernard Tapie qui viennent de renverser le Milan AC, alors double champion d’Europe. Il va faire venir un loup, le faire promener sur le terrain du Stade Vélodrome, l’amener à Jean-Pierre Papin dans les couloirs qui tente de le caresser (une mauvaise idée) et enfin le laisser rôder dans les vestiaires entre tout l’effectif un peu apeuré. Au-delà de l’effet d’anecdote que peut avoir ce documentaire, il montre ce qu’était la patte Roustan. Un reportage plein de poésie, plein d’amour et de passion pour le ballon rond aussi.
Roustan considérait le football professionnel comme un rêve d’enfant car tout le monde a au moins une fois pratiqué le football. Certains en avait l’objectif de se professionnaliser, de gagner des trophées mais à la fin il ne reste que des passionnés. Peu importe les différences de chacun, le football nous réunit.
Journaliste pour OMtv lors de la saison du titre
Le chemin de Didier Roustan l’a ramené à la Commanderie lors de la saison 2009/2010 où il va commenter, pour OMtv, les matchs de la saison en différé (à minuit, après la diffusion en direct) avec Jean-Marc Ferreri. Une saison qui restera mémorable pour les supporters puisqu’il s’agit, à date, du dernier Championnat de France remporté par l’OM. Le journaliste avait ce grain de folie dans son commentaire, qui convenait parfaitement au tempérament de cet OM.
Il gardait toujours une analyse pertinente, sur quelque chose que l’on ne voyait pas, tout en ayant cette envie de créer du divertissement. Loin, bien loin de ce que nous propose le club phocéen aujourd’hui dans ses résumés, avec une description bête de ce qu’il se passe sur le terrain et un beuglement absurdement exagéré quand un joueur marque un but qui fracasse juste les oreilles de tout le monde. En même temps, avec cinquante ans de carrière, un France-Portugal 1984 iconique commenté avec Michel Denisot, des finales de Coupe d’Europe. Roustan c’était un peintre, sauf que sa toile était le football.
Apprendre la disparition de Didier Roustan, c’est un peu comme apprendre la disparition du football à papa. Loin de ce business omniprésent, loin de la multipropriété, loin des réseaux sociaux (bien qu’il soit lui-même précurseur sur internet). Et bien qu’il eut tout un tas de qualités, son seul défaut peut-être c’est qu’il vouait un culte au Parisien Javier Pastore. Mais après tout ce qu’il a fait, on peut bien lui pardonner.
Merci Didier, que tu puisses reposer en paix.