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PROCHAINS MATCHS

Episode 3 : le tragique VA-OM

Peuple Olympien lance la série : Nanard : l’intrépide roublard, qui retrace le parcours à l’OM de l’influent Bernard Tapie. L’épisode trois est consacré à un tournant de son histoire à l’OM. Un élément qui fait partie de sa légende : la rencontre VA-OM, un soir de mai 93.

« Rien ne sert de gagner quand on est soupçonné de tricher », martèle Hervé Claude, le présentateur du JT du soir de France 2, ce 21 mai 1993. On sent comme une amertume ou plutôt une envie de donner une leçon, dans le discours du journaliste à la moustache brune et épaisse. Ce sujet placé en une du soir fait le tour des plateaux de télévisions et de la sphère médiatique. Il s’agit d’une bombe, d’un polar, d’un roman noir. Cinq jours avant la grande finale face à l’AC Milan. Cinq jours avant le sacre.

Un match anodin

Les ogres olympiens affrontent les petits valenciennois. Un des plus gros budget européen rencontre un des portefeuilles les moins important du championnat. Au classement, il n’y a pas photo. L’Olympique de Marseille est premier avec environ 47 points et le VAFC végète dans le bas de tableau avec 20 de moins. Ce match, aux allures de promenade de santé pour les Phocéens, ne devrait pas être complexe. À part la pression de la finale, rien ne peut entacher la partition marseillaise. L’OM doit gagner et sans sourciller. Une journée qui s’annonce tranquille…

Un joueur valenciennois sonne l’alarme

Au stade Nungesser, le 20 mai, l’ambiance est comme à son habitude, plaisante. Les 17 000 et quelques supporters remplissent les gradins de l’enceinte sportive. Les pro-valenciennois entament des chants et poussent des cris pour soutenir leur équipe. En lutte pour le maintien dans l’élite, ils espèrent, au mieux un match nul et au pire une défaite pas trop cuisante. Mais Boksic en décide autrement, d’une reprise de volée, collé au but il troue les filets adverses. À la pause, l’OM mène au score.

Avant la reprise, le défenseur central du VAFC va lancer une bombe au micro des journalistes postés aux abords de la pelouse. Rongé depuis quelques jours, Jacques Glassmann ne tient plus. Insomnies, culpabilité, ses sentiments naviguent. Alors il craque. Un joueur de l’OM et Jean-Pierre Bernès l’ont contacté peu de temps avant la rencontre pour qu’il « lève le pied » et « contribue à la victoire de l’OM » en échange d’une somme d’argent importante.

Ses déclarations, en premier lieu, font l’effet d’un pétard mouillé. La caste médiatico-journalistique reste dubitative. C’est trop gros. Pourquoi un tel club irait soudoyer une écurie si modeste ? La partie reprend, l’OM gagne et quitte la ville, avec une seule idée en tête, le prochain match au stade de Munich.

La fête à Marseille après la victoire de l’OM en Coupe d’Europe

Bombe à retardement

Jacques Glassmann en avait parlé à son entraîneur de l’époque, Boro Primorac, qui a ensuite fait tourner au président du club. Ça mijote dans l’effectif et ça rumine dans les instances administratives du ballon rond. Jacques dit avoir été approché par Jean-Pierre Bernès et son ami milieu de terrain à l’OM, Jacques Eydelie. Eydelie n’est pas un joueur comme un autre dans l’équipe. Pas titulaire véritable, il a une situation contractuelle particulière. Il signe des contrats quasi chaque mois et n’a pas un statut assis dans le club. Il vit d’avance sur salaire.

La FFF prend l’affaire très au sérieux. Noël Le Graët sait ce que représente ces accusations. Une immondice sans égale. Un pêché absolu, une crasserie sans nom.

Le processus judiciaire est entamé

« Les accusations sont vraies, ça s’est fait par téléphone », Glassmann persiste. Le numéro trois de l’OM et Eydelie ont tout fait pour tenter de corrompre Jorge Burruchaga, Christophe Robert et lui-même.

La commission juridique de la ligue ouvre une enquête préliminaire. S’en suit alors l’audition des protagonistes de l’affaire. Les Valenciennois et les pièces maîtresses du club marseillais sont interrogés. Le premier rapport rédigé montre que cette histoire est fondée. Finie la thèse d’une fake news créée par un footballeur moyen dominé par la frustration. Et alors que l’OM fête ses titres de champion d’Europe et de France, que Bernard Tapie exulte, une plainte est déposée contre X. C’est un coup sur la tête pour le club phocéen, rien à voir avec les buts glorieux marqués par Basile Boli.

Bernard Tapie, dès la genèse des témoignages de Glassmann, répète avec véhémence, c’est une histoire de fou. Elle a été inventée pour vendre du papier. Tapie se retrouve dans une position indélicate, mais l’homme d’affaires au caractère trempé, n’est pas embarrassé. Au mieux il est à peine ennuyé, au pire un peu contrarié.

La rencontre sulfureuse Tapie-Montgolfier

Fidèle à lui-même, le « Boss », fier de sa carrure, décide d’aller à la rencontre du magistrat de Valenciennes en charge de cette affaire, Eric de Montgolfier. Il s’est rabattu vers un rendez-vous avec le jeune fonctionnaire de justice à la tête très froide, après que le juge Beffy ait refusé de le voir. Assuré, il va au tribunal, sans savoir un détail. Christophe Robert est passé par la case GAV avant sa venue dans les bureaux du magistrat. C’est du lourd, le joueur a parlé aux enquêteurs. Il a révélé que :

« Deux jours avant le match, mon ami Eydelie que j’ai connu au centre de formation de Nantes m’a contacté, m’a demandé de rassembler Robert et Burruchaga. Si je ne le fais pas ça va être chaud pour lui à Marseille. »

Christophe Robert, en garde à vue.

Les coulisses

Donc le magistrat a toutes les cartes en main pour au moins faire douter le grand Bernard. L’ex Ministre de la Ville a imposé cette rencontre et va jouer de son personnage. Il arrive en retard et comme excuse, il lâche un « désolé du retard j’étais avec le président ». Rusé, mais pas intimidant.

Tranquillement installé dans le bureau du magistrat, il fait parler son charisme. Les preuves récoltées par la justice ? Ce n’est rien. Glassmann ? C’est un pauvre joueur moyen voire mauvais de notre championnat, il est manipulé par d’autres.

Et Bernès ? Ce sont des paroles en l’air, des promesses qui ne seront jamais tenues. De Montgolfier ne se laisse pas surprendre. La posture de Tapie n’est pas honnête, son bagout ne fonctionne pas. Le magistrat n’est pas convaincu. Tapie, en quête continuelle de reconnaissance, remarque que son petit jeu n’a pas pris.

L’étau se resserre

Ça se referme sur le corps décisionnaire de l’OM. C’est à ce moment que le virage est pris. Nanard sait que des doutes planent sur lui, mais c’est JeanPierre Bernès qui est le plus proche de squatter les Baumettes. Les soupçons sont plus intenses sur le numéro trois. Jean-Marc Eydelie est lui aussi dans une mauvaise posture. Fin juin 93, plus d’un mois après l’éclatement de l’affaire, il est forcé de manière officieuse à aller voir le juge Bernard Beffy, en charge de l’instruction. En découle une perquisition au siège de l’OM.

Séjour en prison et bouche cousue

C’est JP Bernès qui se retrouve dans le tambour de la machine judiciaire. Il aurait retiré les 250 000 francs pour les transmettre au défenseur olympien. Et ensuite passer à la tentative de corruption envers les Valenciennois. Bernès se tait, il ne lâche rien et le juge Beffy le met en examen, ainsi qu’en détention provisoire en attente du procès. Il est écroué pendant près de deux semaines.

Pendant ce-temps, Nanard n’est pas épargné. Il tente quelques manœuvres en sous-marin, dont celle d’accuser l’entraîneur de Valenciennes. Une sorte de retournement de situation mais ça ne marche pas. Bernard Tapie, avec son charisme et sa force de persuasion, doit trouver autre chose. Pendant ce temps, Christophe Robert est mis en examen.

Langue pendue

Il dévoile tout aux enquêteurs. Eydelie a remis à sa femme une enveloppe de 200 000 francs sur le parking d’un hôtel bon marché. Cet argent, les inspecteurs le retrouve. Guidés par les indications du joueur du VAFC, ils mettent la main sur l’enveloppe. En déterrant l’argent dans le jardin de la maison de sa tante à Lille, la police fait remonter à la surface la culpabilité probable du « Boss » dans cette affaire. Pour sa défense, Tapie annonce que cet argent n’est pas un pot-de-vin, c’est un simple prêt entre deux amis (Eydellie-Robert). Une histoire à dormir debout pour les inspecteurs.

Boro Primorac et le politicien Mellick

Il y a une semaine, on m’a conduit chez Bernard Tapie, après un déjeuner au Fouquet’s. Bernard Tapie a proposé de m’aider à sortir Bernès du pétrin en échange de quelques générosités. Je dois suivre les conseils de son ami Noël, en qui il a toute confiance. Tapie en repartant m’a salué en me disant : Bien sûr, on ne s’est jamais vus…

Propos rapportés par l’Express

Boro Primorac fait naviguer Bernard Tapie en eaux troubles. L’accusation est immense, au milieu du mois de juin, le président de l’OM est venu voir l’entraîneur pour tenter de le soudoyer. En premier lieu, Bernard Tapie va nier sa présence. Pour appuyer son alibi, il déclare que ce jour-là il était avec un ami du monde du pouvoir, Jack Mellick, dans les bureaux de son entreprise Bernard Tapie Finance (BTF). Soit à plus de 200 km du lieu décrit par Boro. Sauf que cette histoire est entièrement démontée et le politicien Jack Mellick est condamné pour faux témoignage. Coup dur pour Tapie qui commence à couler.

Source : Le récit du 17 juin 1993

Plusieurs années de procédure

Il faut attendre un an pour voir Bernard Tapie être mis en examen et une année de plus pour assister au procès. En 1995, tout s’écroule. C’est la fin. Lors de l’audience, les langues se délient. Le silence de plomb qu’a entretenu Bernès se transforme en un discours de fer. Il raconte tout, il n’était qu’un pion dans cette histoire. Ce n’est pas l’instigateur, il n’a fait que suivre les directives du redoutable Tapie, obligé de démissionner de son poste de président de l’OM.

Le dénouement

La sanction tombe et Nanard, bien qu’il connaît l’odeur des tribunaux, n’est pas coutumier de celle de la prison ferme. Eric De Montgolfier a gagné son combat face à Tapie, condamné à huit mois de prison ferme. Le désormais ancien président de l’OM est mouillé jusqu’au cou. De la corruption aux faux témoignages, il s’en va dormir dans 9m². Quant à Jean-Pierre Bernès, il prend deux ans de sursis.

Une revanche face à Tapie. À la sortie du jugement, il déclare « la prison c’est dur, Bernard Tapie me disait que c’était facile et qu’il fallait pas que je l’emmerde parce que j’ai fait 15 jours de taule ». Un froid sur le parvis du tribunal s’installe. Tapie abasourdi, file en voiture et ne se retourne plus. Il est le seul condamné à du ferme, Eydelie, Burruchaga, Robert et sa femme prennent entre trois mois et un an de sursis.

Fin des rebondissements, les Français ont enfin les clés de cette affaire. Jacques Glassmann, le joueur mué en lanceur d’alertes, ne perçoit qu’un franc symbolique de dommages et intérêts. Très peu pour celui qui a révélé l’une des plus grosses affaires de l’histoire la ligue 1.

Nanard, l’homme au mille vies

Il s’est relevé et est reparti en conquête. La prison n’arrête pas un homme d’une telle envergure. Essuyer cette enquête, qui stagne encore dans la tête des supporters de l’époque et des novices du ballon rond, forge le mental. Ce match truqué restera gravé à jamais. Utilisé par des fans rivaux pour discréditer et inventer des rumeurs, il hantera toujours de près ou de loin l’institution olympienne. Quant aux joueurs évoqués, certains se sont écartés de cette histoire, d’autres reviennent de temps en temps pour agiter la presse à scandale. Ou alors ils se sont effacés du cuir et ne veulent plus évoquer ce VA-OM.

La fin de l’histoire Tapie à l’OM fut brutale, des paillettes aux barreaux en métal forgé, l’homme d’affaires est passé par toutes les étapes. Il s’en est allé par la porte rouillée. D’autant plus qu’en 98, sa gestion financière du club est alpaguée par la justice. Mais quelques années plus tard, attaché au club, il est revenu mettre son cerveau et ses griffes dans les papiers administratifs du club…

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Akian
Admin
Akian
8 septembre 2020 19 h 27 min

C’est quand même dingue d’avoir voulu payer des joueurs sur un match si insignifiant. La prise de risque en valait-elle la chandelle ? Je suis pas certain. Çà reste mon seul reproche à ce grand monsieur.

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