L’arrivée de l’expérimenté et talentueux Éric Bailly à l’été 2022 généra légitiment de grands espoirs chez les supporters olympiens. Tant par son profil technique que par son expérience et son leadership, il représenta un renfort de poids pour ce nouvel OM version Tudor. Malheureusement, la fragilité physique indissociable du défenseur ivoirien, ainsi que d’autres aléas malencontreux, ont eu raison de sa saison et de son avenir à l’OM.
Le profil idéal
Recrue phare du dernier mercato estival, Éric Bailly semblait le renfort idéal pour la défense du nouvel OM. La révolution Tudor fut synonyme de nouveaux besoins spécifiques. Bailly y répondait à merveille. En effet, dans un football basé sur le pressing haut et le 1vs1 tout terrain, et ayant donc pour conséquence de laisser de grands espaces dans son camp, avoir des défenseurs centraux rapides, athlétiques et forts dans le duel était indispensable.
L’international ivoirien a le profil idoine. Les qualités l’ayant mené à Villarreal, à Manchester United et à être un cadre de l’équipe nationale de Côté d’Ivoire, sont celles-ci. Éric Bailly est un joueur très rapide, prodigieusement athlétique, aux instincts défensifs remarquables, aimant et sachant défendre en 1vs1.
Son agilité technique représente aussi une arme majeure, elle est grandement utile tant Tudor attend de ses défenseurs centraux qu’ils soient capables de prendre des initiatives avec le ballon, d’attaquer les espaces. Il ne faut pas non plus négliger la valeur de son expérience des grands matchs, ainsi que de son leadership.
Une attente d’abord comblée
L’espérance accompagnant l’arrivée d’un tel joueur fut dans un premier temps pleinement satisfaite. Quand il est sur le terrain, qu’il enchaîne les matchs, il justifie les éloges relatives à ses formidables qualités.
On pourrait mettre en avant différentes performances de sa première partie de saison. Son entrée pour sa première sous le maillot olympien à Nice, son premier match au Vélodrome contre Clermont, celui face à Francfort où il fut de loin le meilleur Marseillais dans une soirée très difficile pour l’OM, sa rencontre à Lisbonne…
Mais une performance incarne tout particulièrement le joueur qu’est Éric Bailly : celle à Tottenham. Face à un des meilleurs numéros 9 de la planète, il démontra toute sa classe. Harry Kane fut très rarement influent et touché par les Spurs, tant l’Ivoirien fut dominateur.
Igor Tudor demanda à son équipe d’étouffer les Londoniens, de les enfermer dans leur camp, de couper toutes liaisons entre les relanceurs adverses et leurs attaquants. Il était alors nécessaire que les trois défenseurs centraux soient très forts, très agressifs, afin de couper tout jeu direct. Les trois centraux marseillais ont été impressionnants. La mission de Bailly était d’empêcher Harry Kane de toucher le ballon, ou au moins de se retourner, pour éteindre sa capacité à orienter le jeu et envoyer Son et Richarlison dans la profondeur. Il l’accomplit brillamment pendant la majeure partie du match.
On pourra toujours dire qu’il ne fut pas irréprochable sur l’unique opportunité laissée au duo Kane-Son, qui a su en tirer profit. Mais globalement, Éric Bailly démontra ce soir-là en quoi il était un renfort de poids pour l’OM.
Deux blessures et un dérapage : causes d’une grande désillusion
Si sportivement il fut à la hauteur de sa réputation, on peut en dire de même de sa capacité à enchaîner les matchs. L’élan de son formidable début de saison fut rapidement coupé, et d’autres coups d’arrêts jalonnèrent la saison de l’ancien joueur de Villarreal.
Le premier eut lieu lors d’un match cauchemardesque pour tout supporter olympien : la défaite au Vélodrome face à Francfort. Bailly était d’ailleurs le seul au niveau ce soir-là, de loin le meilleur Marseillais. Mais à la 65ème minute, une douleur à la cuisse rendit la soirée encore plus amère pour le peuple bleu et blanc. Le défenseur fut éloigné des terrains trois semaines.
Comme souvent dans la carrière du défenseur, une blessure en appela une autre. Lors du match au Parc des Princes, face à l’ennemi parisien, une seconde blessure à la cuisse stoppa à nouveau une performance de qualité de sa part. Trois jours plus tard, il essaya malgré tout de jouer le match décisif contre Tottenham, mais en vain, il dut sortir au bout de 9 minutes.
Il est très symbolique de la frustration associée à ce joueur, que ces deux blessures stoppèrent deux performances de grandes qualités. À l’intérieur d’un même match, on a le meilleur et le « pire » (dont il est victime, et non coupable) d’Éric Bailly.
L’après Coupe du Monde a été marqué par un acte totalement inattendu venant de l’Ivoirien, pas connu pour ses gestes violents. Il fut l’auteur d’un véritable dérapage lors du 32ème finale de Coupe de France contre Hyères, en s’essuyant violemment les crampons sur la poitrine d’un adversaire. Bien que le geste n’était pas volontaire, un tel manque de contrôle est inexplicable et indéfendable.
Malgré cela, on peut consciemment juger la suspension de sept matchs bien trop sévère. Cet évènement et cette sanction furent synonymes d’un nouveau coup d’arrêt. Il se révéla être encore encore plus important que les blessures automnales.
Le numéro 3 olympien n’enchaîna plus jamais les matchs, et ne retrouva alors plus son niveau et son influence. On peut toutefois trouver la gestion d’Igor Tudor à son égard très hasardeuse et critiquable. À son retour de suspension, il fut d’abord laissé sur le banc, puis joua une mi-temps à Clermont….avant d’avoir comme mission de défendre 90 minutes en 1vs1 face à Kylian Mbappé. Un Bailly mieux géré et donc plus en forme aurait pu faire une grande performance, mais ce Bailly sans rythme a logiquement été en grande difficulté.
Retenir le positif du passage d’Éric Bailly à l’OM est compliqué, tant il aura été rendu rare par les péripéties de sa saison phocéenne. Mais il est aussi difficile de regretter le pari que fut sa venue, tant ses immenses qualités ont su être très précieuses. Son leadership a été de grande valeur. Son talent et son attitude ont marqué les esprits de belle manière. On lui souhaite le meilleur.