Nous voici avec l’OM Nation Beirut, là où des passionnés du club bleu et blanc chantent et crient à la gloire du plus grand club français qui n’est nul autre que l’OM. Après Massilia Helvetia, nous rencontrons Karim, un des responsables d’OM Nation Beirut, pour être notre guide dans le labyrinthe de la passion Marseille à Beirut. Nous parlerons aussi de l’explosion qui avait frappé Beirut, qui a emporté un membre du fan club, mais qui en aucun cas n’a fait dérouter ceux qui se savent fan de l’OM.
Bonjour, merci de nous accorder cette interview, pouvez-vous vous présenter?
Bonjour, je m’appelle Karim Lahoud, j’ai 22ans et je suis Libanais.
Comment êtes-vous devenu fan de l’OM ? Qu’est-ce qui dans l’histoire de l’Olympique de Marseille a provoqué votre amour pour le club (évènements, joueurs…) ?
J’ai toujours été un grand fan de sports en général et de football en particulier. Dès mon plus jeune âge, je ne ratais un match de foot sous aucun prétexte, sans nécessairement supporter une équipe. Étant francophile, le championnat français est celui qui m’attire le plus, suivi de la Premier League, puis les autres grands championnats. Ma passion pour l’OM est arrivée en 2007, j’avais entre 8 et 9 ans à l’époque, et un de mes meilleurs amis supportait l’OM… et bim le coup de foudre. Voir les virages et le stade en ébullition m’a fait tomber amoureux du club et depuis je ne rate aucun match de l’OM, amical ou pas.
Comment vous est venue l’idée de créer un groupe de supporters de l’OM depuis votre ville et étiez-vous déjà structurés en groupe auparavant ?
Tout est parti en 2018, j’étais avec mon père et on partait à Marseille. Nous avons eu l’idée de créer un fan club de l’OM ou un centre de formation au Liban avant de savoir qu’il y avait le programme OM Nation. Du coup, en arrivant à Marseille, nous avons envoyé un mail et on nous a parlé du programme OM Nation avec les avantages d’être invité pour suivre un match. Et c’est finalement en novembre 2018 qu’on a créé le fan club avec l’exigence de réunir 30 membres.
Est-ce difficile de trouver des supporters de l’OM dans votre ville ? Et est-ce difficile de supporter l’OM au Liban ?
Je ne vais pas vous mentir, avec l’arrivée des Qataris à Paris et les nouveaux pseudo-supporters qui les ont suivis, j’étais sceptique à l’idée de trouver 30 supporters pour créer le fan club. Mais, à ma grande surprise, ça a été d’une facilité déconcertante. Si je me rappelle bien, on les a trouvé en une ou deux semaines.
Comment vivez-vous la passion pour l’OM dans votre ville ?
Avant l’explosion, nous avions un QG au centre de Beirut, nous nous réunissions pour chaque match en chantant et festoyant. Et lorsque n’y avait pas de match, on continuait à se réunir pour parler de l’actualité de Marseille, du Mercato, ou de ce qui s’est passé à la Commanderie. Au Liban, il n’est pas difficile de suivre les matchs de Marseille parce qu’ils sont diffusés, mais les autres matchs de Ligue 1 c’est plus compliqué.
Le peuple libanais se reconnait bien avec Marseille, en tant que ville ou caractère. On vit de la même façon. Ensuite pour suivre les matchs il suffit juste de s’abonner à BeinSport, mais les commentaires sont en arabes. Du coup on s’abonne à Bein et Canal !
Il y a eu une explosion à Beirut, comment avez-vous vécu ces instants ?
C’était compliqué parce que nous avons perdu notre QG. Nous étions obligé de nous réunir dans des maisons pour les matchs puis il y a eu le covid, et c’était vraiment des moments compliqués.
Nous avions été vraiment touchés. Un membre du fan club, Cyril Canaan, qui était au travail a été tué par l’explosion. Et personnellement j’ai été épargné de justesse puisque j’étais allé à une consultation pour ma jambe; ma maison qui n’était pas loin du lieu de l’explosion avait subi des sérieux dégâts.
Avez-vous des anecdotes d’événements marquants survenus ces dernières années au sein de votre OM Nation ?
Pas tellement d’anecdotes, mais je me souviens que lors du matchs du 2-1 face à Lyon. Nous avons fait la fête en chantant et dansant, les tables étaient renversées… des beaux moments. Mais sinon quand on perd, il y a une table qui part ou un verre, des basiques, rien d’exceptionnel.
Estimez-vous avoir une façon particulière, ancrée localement, de vivre votre supportérisme ?
Pas forcement. Bien sûr c’est différent des groupes de supporters qui vivent à Marseille, ils se préparent tous les jours pour faire vibrer le club le week-end, chanter en virage pour permettre à des fanatiques comme nous de tomber amoureux du club. Nous avons un groupe Whatsapp pour partager notre passion du moins. Je me considère comme un grand passionné de l’OM mais eux (les groupes des supporters), c’est à un autre niveau quand même.
Votre groupe a t-il des projets sur le court et sur le long terme ? (passion, projet)
Vu qu’il y a une crise économique en plus de la crise sanitaire au Liban, c’est compliqué de développer un centre de formation, présentement ce n’est plus d’actualité parce qu’il n’y a pas d’investisseur. Si on crée un centre de formation, il n’y aura pas assez de clients, car le taux de pauvreté au Liban a beaucoup augmenté à cause de la récente dévaluation de la monnaie libanaise. C’est vraiment compliqué d’avoir des ambitions à court et à long terme.
Mais je pense que le groupe c’est plus une famille déjà formée car même si on ne se réunit pas à cause de la crise sanitaire, on discute et on débat sur l’actualité de l’OM. Bien que plusieurs voyagent et que tout le monde veut quitter le Liban, on reste tjrs unis, les uns derrières les autres. A long terme si la crise économique et sanitaire s’arrêtent, nous créerons un centre de formation au Liban car il y a beaucoup de talents à exploiter
Êtes-vous nombreux ?
Nous sommes une cinquantaine de personnes aujourd’hui. Nous ne cherchons pas forcément à élargir le groupe parce que nous sommes déjà comme une grande famille. Tout le monde rigole et se chamaille ensemble. On chante ensemble, on pleure ensemble. Ceux qui nous contactent sont les bienvenus, mais nous avons arrêtés de chercher activement les supporters au Liban.
Et quels sont les avantages liés au programme OM Nation ?
Les avantages qu’on a du fan club sont qu’on a eu une visite à la Commanderie, et qu’on a été invité au match OM vs Reims dont le score s’était soldé par une défaite (2-0). Ce fut la première année de Villas-Boas. D’autres avantages sont d’avoir accès prioritaire à la billetterie. Mais avec la crise récente, c’était très compliqué puisqu’on était victime de plusieurs critiques sur Twitter. On trouvait que ça ne servait à rien de quitter le programme, car on avait le pouvoir de parler et d’améliorer la situation du club. Et après, on a fait signe au club, on a dit: « si vous vous attaquez aux groupes des supporters, on va se retirer du programme. » Chose qui a été faite jusqu’à ce que JHE soit écarté. C’est après, qu’on est revenu.
Que voulez-vous dire par suspendre vos activités avec le club?
Par suspension je veux dire ne plus communiquer sur Twitter et Instagram, et on ne ferait plus parti des plans de l’OM.
Êtes-vous en contact avec les autres OM Nations ?
Oui, un groupe Whatsapp avec tous les OM Nation, c’est hyper intéressant parce qu’on parle de tout le monde, on a le point de vue de chacun, et si on part dans un autre pays, on peut trouver et regarder l’OM partout.
Quels contacts avez-vous eu avec l’Olympique de Marseille jusqu’ici ? Que ce soit dans la genèse du projet de création OM Nation, avec certains joueurs ou avec certains dirigeants ?
Au départ nous étions entrés en contact avec l’ancien président Monsieur Eyraud ainsi que Monsieur Laurent Colette. Et lors de notre visite à Marseille, nous avons rencontré les deux principaux acteurs du projet OM Nation, dont Monsieur Alejandro, International Development Manager et Jeremy Sauvan, International Project Manager. Aujourd’hui Alejandro n’est plus au club puis qu’il a été remplacé. Mais nous sommes en contact continu avec Jeremy et Laurent Colette. Je tiens à remercier ces trois personnes, et surtout Alejandro. Après l’explosion, ils nous ont apporté un soutien énorme avec des maillots vendus aux enchères qui ont beaucoup aidé la Croix Rouge.
Ces maillots ont été portés lors de la rencontre OM vs Nîmes avant le début de la saison. Ce qu’ils ont fait pour nous a été incroyable. Et il y a quelques semaines, nous avons eu un meeting avec le Directeur Général et Jeremy qui nous ont affirmé rester à nos côtés, et voir comment nous apporter un soutien. Je tiens à les remercier profondément parce que ce sont des personnes en or qui agissent dans l’ombre. Ça fait très plaisir de travailler avec ces personnes.
Nous remercions Karim ainsi que les membres de OM Nation Beirut. Malgré les difficultés leur passion est restée intacte. Le type de passion qui représente ce qu’est l’OM, celle qui s’adapte pour continuer à vivre et exister. Nous remercions aussi les dirigeants du club qui ont été sensibles, et qui ont soutenu comme ils pouvaient les habitants de Beirut. Hommage à Cyril Canaan.
