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[Interview] OM Nation Santiago : L’OM version Chili

Après avoir rencontré les groupes OM Nation de Los Angeles, de Tokyo et d’Abidjan , nous nous rendons à Santiago au Chili. Avec Olivier, cofondateur de l’OM Nation Santiago ainsi que dirigeant, nous avons échangé sur ces hommes et femmes qui aiment l’OM dans l’ancien pays de Bielsa et Sampaoli.

Vous lirez notamment un passage sur l’impact qu’a eu Marcelo Bielsa sur toute une génération et même un pays et comment la relation avec Sampaoli est assez complexe avec les Chilien. Mais surtout l’amour des fans de l’OM à Santiago et leur force de caractère dans la récente crise que l’OM a traversé.

Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Olivier Gangemi, j’ai 42 ans. Je suis originaire d’Antibes dans les Alpes Maritimes. J’ai vécu à Paris de 2000 à 2010, ce qui m’a permis de fêter le dernier titre de champion de France de l’OM dans la capitale. J’ai également pu assister à quelques victoires marquantes au Parc des Princes au beau milieu des supporters parisiens ! Et je suis résident Chilien depuis septembre 2010. Je viens du monde du journalisme, et je me suis reconverti dans le secteur gastronomique ici au Chili. Et surtout, je suis l’heureux cofondateur de l’OM Nation Santiago. Un projet initié en juillet 2020 et concrétisé en fin d’année 2020 avec l’officialisation de notre groupe par l’OM.

Comment êtes-vous devenu fan de l’OM ? 

Avec mes origines j’aurais pu être fan de Nice, de Monaco, voire même de l’AS Cannes. Mais j’ai découvert le football au stade Vélodrome, un soir d’été 1986. J’avais 8 ans et c’était la première fois que j’allais au stade. À cette époque, je ne m’intéressais pas encore au football. J’ai été ce soir-là plus marqué par l’ambiance qu’il y avait dans les tribunes que par le jeu en lui-même. Il y avait plus de 40 000 spectateurs.

Mon intérêt pour le football a coïncidé avec l’arrivée de Bernard Tapie au club, qui a fait venir des joueurs comme Jean-Pierre Papin, Alain Giresse, Karl Heinze Forster… Et comme un symbole, c’est surtout à partir du début de saison 88-89, pas fameux, que j’ai commencé à suivre plus intensément les matches de l’OM, principalement à la radio et un peu à la télé. Il y avait à cette époque beaucoup moins de matchs retransmis que maintenant !

À l’époque, je m’informais beaucoup grâce à la presse écrite régionale, L’Équipe et France Football notamment. Et si vous deviez me demander quels sont mes joueurs préférés de l’OM, je dirais surtout Carlos Mozer. Il est pour moi probablement le meilleur défenseur de l’histoire de l’OM. Il y a aussi Dragan Stojkovic que j’ai découvert durant sa très belle coupe du monde en Italie en 1990, mais qui n’a malheureusement pas eu la carrière qu’il méritait, notamment à l’OM, handicapé par de nombreuses blessures.

D’où vous est venue l’idée de créer votre OM Nation ?

Quand je suis arrivé au Chili, je me suis préoccupé de mon intégration tout d’abord. Après mon adaptation est venu le désir de se retrouver plus nombreux pour vivre notre passion pour l’OM en groupe. 

Pour moi, on vit mieux les victoires entourés d’autres personnes partageant la même passion. Mais je n’avais ni le temps, ni l’énergie pour me lancer dans un tel projet seul. Un jour, une amie m’a étiqueté sur un message d’un groupe Facebook dédié aux français au Chili. Robin Castanet cherchait des personnes pour créer un OM Nation à Santiago et je lui ai proposé mon aide. Il avait débarqué ici depuis peu de temps et n’avait pas forcément le réseau de contacts essentiel pour rallier du monde et trouver un quartier général, surtout en pleine pandémie de coronavirus.  

Nous avons la chance de compter avec deux « sièges » dans deux restaurants français, Le Bistrot de Gaetan et Marsella. Il sont tenus par deux membres OM Nation Santiago. Le but du groupe, outre le partage autour des matchs de l’OM, est de créer cette plateforme, ce réseau dont peuvent par exemple bénéficier de nouveaux venus au Chili et qui ont comme moi eu du mal à s’intégrer. Nous sommes un groupe très hétérogène, brassant diverses catégories professionnelles, diverses générations et diverses cultures. On construit autour de l’OM mais on veut que ce soit une aventure humaine, avec une organisation horizontale. Nous essayons de faire en sorte que d’autres membres s’investissent dans l’évolution de la vie du groupe.

Aujourd’hui, le groupe est composé d’une petite trentaine de membres, principalement Français. Nous comptons dans nos rangs quelques Chiliens, certains francophones car ayant vécu en Suisse ou en Belgique. On espère pouvoir accueillir d’autres nationalités, notamment des Haïtiens, dont la communauté a grandi exponentiellement depuis 5 ans.

OM Nation Santiago
Olivier et Robin
L’OM est-il connu au Chili ?

La seule saison où il y a eu un réel engouement pour l’OM, c’est lorsque Marcelo Bielsa (ex sélectionneur du Chili) était sur le banc du club. Tous les matchs passaient à la télé. Aujourd’hui, le constat est douloureux mais je pense à l’image de nombreux pays de l’étranger : le PSG est le club français le plus représentatif, de par sa puissance économique, ses stars mais aussi sa stratégie très agressive en terme de produits dérivés. Mais avec l’arrivée récente de Sampaoli, les médias parlent à nouveau fréquemment de l’OM. Il reste ici l’entraineur qui a offert son premier titre international à la sélection nationale !

Bielsa serait donc très apprécié au Chili ?

Oui ! Bielsa est une idole au Chili. La sélection Chilienne avant lui c’était quelques qualifications au mondiale sans grands résultats. En 1998 cependant ils arrivent a se hisser en huitièmes de finale avec Zamorano et Salas avant de se faire éliminer par le Brésil. Quand Bielsa est arrivé, il a restructuré de nombreuses choses, notamment le centre d’entrainement. Il a récupéré une génération de joueurs prometteurs et les a amenés à maturité. Des joueurs comme Vidal, Sanchez, Medel ou encore Claudio Bravo sont ce qu’ils sont en grande partie grâce à Bielsa. Et l’ironie du sort est qu’il est parti sans avoir pu récolter les fruits de son travail. Comme à Marseille, il a claqué la porte parce qu’il est un homme de parole et d’éthique. Il dénonçait certaines attitudes mafieuses au sein de la fédération.

Il est donc parti en pleine gloire, quelques mois après s’être fait éliminé en huitième de finale du mondial 2010. J’ai eu la chance d’assister à l’un de ses derniers matchs au Stade Monumental (celui de Colo Colo) contre l’Uruguay, demi-finaliste en Afrique du Sud, en septembre. Le Chili s’était ce soir-là imposé 2-0, et le stade rempli de 40.000 supporters criait pendant tout le match “Bielsa ne t’en va pas”. Cela tranchait avec des insultes envers la personne à l’origine de son départ, pressentie pour devenir le nouveau président de la Fédération. Puis Bielsa est parti, son successeur Claudi Borghi a renié son héritage et a connu l’échec. Ensuite, Sampaoli est arrivé, il est revenu au « Bielsisme » avec un peu plus de rigueur, de pragmatisme. Puis il a gagné la Copa America 2015… au Chili !

Sampaoli a aussi évolué au Chili avant de prendre la sélection, comment est-il vu depuis le Chili ?

Il a connu des grands succès avec l’Universidad de Chile. En dix ans, au Chili, c’est la seule équipe qui m’a presque fait rêvé. Elle avait un niveau vraiment européen pendant ces deux ans. Les supporters du Chili ont été déçus de Sampaoli puisqu’il a quitté la sélection en pleine gloire, après le départ de Sergio Jadue, le président de la fédération qui était accusé de malversation. Certains Chiliens ont cru et croient encore, à tort, que les deux départs étaient liés.

Aujourd’hui, à part les supporters de la « U », beaucoup de gens le détestent alors qu’il a paradoxalement offert des moments uniques de bonheur au peuple chilien. Outre son départ précipité par la petite porte, il a attaqué en justice la fédération de football chilienne pour des dépenses fiscales qu’il a payé et qui selon lui auraient dû être prises en charge par la fédération. Il reproche également à l’organisation un préjudice morale du fait que l’ANFP l’a mis publiquement dans le même sac que Jadue

Quels sont vos objectifs à court et long terme ?

On souhaite que le groupe continue à grandir et se structurer, notamment quand nous pourrons sortir de quarantaine. À terme, on a envie de faire ce que certains OM Nations en Afrique font, comme des actions caritatives. Mais nous le ferons quand nous serons plus nombreux, plus médiatisés, plus entourés. Le Chili est un des pays les plus inégaux du monde. C’était, avant la crise sociale de 2019 et la pandémie mondiale, la 1ère puissance économique du continent sud-américain, devant le Brésil et l’Argentine. Cependant il y a encore beaucoup de gens qui vivent au jour le jour, beaucoup de gens qui travaillent sans contrat formel… L’État apporte peu d’aides sociales et les gens qui ont perdu leur travail ou qui étaient déjà dans une situation sociale compliquée doivent piocher dans leur retraite ou leurs indemnités de chômage pour subsister.

Nous aimerions également dresser des passerelles entre le football chilien et français, malgré la distance. Là aussi, il y a beaucoup moins d’argent dans le foot qu’en Europe. Les structures sont beaucoup moins développées, notamment pour le football des jeunes et le football féminin. Ce serait je pense intéressant et d’intérêt commun pour l’ANFP mais aussi pour l’OM de voir s’implanter ici au moins une OM School.

Comment vivez-vous votre passion pour l’OM ?

Avant l’OM Nation, nous nous regroupions avec quelques amis uniquement pour les grands matchs – les clasicos contre le PSG, la finale d’Europa League contre l’Atletico Madrid – à cause de l’horaire de travail et autres occupations. J’ai le plus souvent suivi les matchs seuls, parfois connecté avec des potes supporters en France. Mais tu ne vis pas les matchs de la même manière. Avec l’OM Nation Santiago, on a pu régulièrement se réunir depuis la sixième journée contre l’OL jusqu’à début mars. Aujourd’hui nous sommes de nouveau plongé dans une quarantaine générale dans le grand Santiago par mesure sanitaire. Depuis, on tente de se retrouver à chaque match sur Zoom ou Meet, ou on commente et échange via notre groupe Whatsapp. J’ai bien peur qu’on ait du mal à se réunir de nouveau avant la fin de saison, toute proche.

OM Nation Santiago

Le décalage horaire est-il un problème ?

Oui, en effet. Selon les changements d’heure, en France et au Chili, on peut passer de 4 à 6 heures de différence. À 4 heures de décalage, ce n’était pas très compliqué car les matchs étaient le plus souvent à 17h. Depuis peu, nous sommes de nouveau à 6h, avec des matchs à 15h voire plus tôt. J’ai la chance d’organiser mon travail pour pouvoir me libérer le temps d’un match quand l’OM joue en semaine. Malheureusement ce n’est pas le cas de tout le monde au sein du groupe.

Avez-vous des anecdotes concernant votre OM Nation ?

Des grandes anecdotes pas vraiment, mais peut être trois petites. La première est que nous avons Karl, membre du groupe qui est chilien, francophone car il a vécu en Suisse. Supporter de la sélection chilienne évidemment, de l’Universidad de Chile et de Sampaoli. Quand il a su qu’il signait à l’OM, c’était le plus heureux de tous.

La deuxième est plus un clin d’œil, à savoir que l’un de nos QG s’appelle Marsella, le nom de Marseille en espagnol, et est tenu par un des membres du groupe. Donc nous nous réunissons souvent voir l’OM à Marseille, mais à l’autre bout du monde. 

La troisième est que nous avons été officialisés fin décembre et deux mois après, nous avons participé à notre manière au mouvement de grève des groupes de supporters. Nous étions mécontents de la communication et des agissements des dirigeants du club envers les groupes à Marseille. Nous l’avons fait dans la mesure, sans insulter personne. Mais aussi sans manquer de respect à l’institution ni aux personnes au club qui nous ont aidé dans nos démarches et qui sont nos interlocuteurs au quotidien. Et nous ne voulions surtout pas sortir du programme, contrairement à d’autres, car nous sommes amoureux de notre club quel que soit son président. Nous appuyons à 120% le programme OM Nation. Nous nous sommes par contre désolidarisés des sorties médiatiques de certains autres groupes à l’étranger. Elles n’étaient à nos yeux pas représentatives de l’ensemble des OM Nation.

Quels sont les avantages du programme ?

Tout d’abord son prix qui a été revu à la baisse par rapport aux années précédentes. La somme payée l’année dernière était assez modique (10€).

Les avantages ne sont pas nombreux en temps de pandémie car il n’est pas possible d’aller visiter le stade Vélodrome et la Commanderie en raison des mesures sanitaires. Chaque membre bénéficie d’une remise de 10% sur les produits dérivés de la boutique OM. Nous avons reçu un colis du club, avec quelques goodies qui vont nous permettre de récompenser certains membres du groupe. Depuis mars, on fait gagner les lots reçus avec des concours mensuels de pronostics. On a reçu un maillot de cette saison dédicacé par les joueurs. Nous l’avons encadré et accroché au mur d’un de nos QG, en plus de la banderole OM Nation Santiago. On a surtout un lien étroit avec les composantes du club.

Avez-vous eu des contacts ?

Nous avons eu en quelques mois deux réunions. La première avec Pablo Longoria, alors directeur sportif, et Hugues Ouvrard, ex-« head of business » où chaque OM Nation était représenté par un de ses représentants. Puis avec Nasser Larguet, directeur du centre de formation, quelques jours avant son intérim sur le banc suite au départ d’André Villas Boas. Deux réunions très intéressantes avec des personnes sympathiques et disponibles.

Avez-vous quelques mots à ajouter ?

J’ai été agréablement surpris par la bienveillance des autres responsables de groupe OM Nation, notamment Anthony à Los Angeles et Antoine à Lausanne. Ils ont été nos premiers contacts et conseils au moment où nous avons débuté l’aventure. Je les salue et remercie pour leur disponibilité et leur sympathie. Je regrette par contre, durant le mouvement de soutien aux groupes de supporters à Marseille, que certains membres se soient retirés du programme. L’union fait la force et à l’image de cette amorce de renouveau sportif avec Longoria et Sampaoli, je pense que le programme OM Nation a de nouveau de beaux jours devant lui.

Nous remercions Olivier et les membres de OM Nation Santiago pour leur participation à cette interview. Merci à vous chers lecteurs d’être fidèles à notre série OM Nation. Nous souhaitons le meilleur à l’OM Nation Santiago à l’avenir.

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