Après deux convaincantes victoires face à Bâle, l’OM défie la formation grecque du PAOK Salonique en quarts de finales d’Europa Conference League. Bien que peu connue du grand public, cette équipe affiche de solides résultats et enchaîne les très bonnes performances. Que peut-on attendre d’elle à l’aube d’une double confrontation qui s’annonce bouillante ?
Un club historique
L’ADN du football grec
Véritable pilier de la Super League grecque, le PAOK est l’un des trois seuls clubs à n’avoir jamais connu la relégation dans son pays. Une stabilité qui en fait l’un des meilleurs clubs nationaux. Habitué aux coupes continentales dès le passage au professionnalisme du championnat grec en 1979, le PAOK se crée beau palmarès sur la scène nationale. Néanmoins ils ne parviennent jamais à s’imposer réellement en Europe. Ils se contentent d’un huitièmes de finale de Ligue des Champions ou de plusieurs seizièmes de finale de Ligue Europa pour meilleures performances.
Vainqueur à trois reprises du championnat local dont la dernière fois en 2018/2019, le club a fini vice-champion sept fois sur les huit dernières années. En coupe aussi, les Thessaloniciens se démarquent avec au total huit titres dont quatre lors des cinq saisons passées. Le signe d’une montée en puissance du PAOK qui petit à petit revient à hauteur de son plus grand rival : l’Olympiakós.
Une vague de confiance
En championnat, la formation de Thessalonique n’a connu que cinq petites défaites en 26 journées de Super League. Dauphin confortable de l’Olympiakós, l’équipe accède donc au groupe championnat réunissant les six meilleures écuries. Les hommes de Razvan Lucescu ont obtenu deux précieuses victoires 1-0 dans ce groupe, face à Giannina et à l’AEK. Ils restaient sur cinq succès consécutifs et plus globalement neuf rencontres invaincus jusqu’à ce week-end. Meilleure attaque du pays, ils ne sont restés muets qu’à sept reprises cette saison, toutes compétitions confondues.
L’optimisme et la confiance règnent donc en maître sur les côtes grecques. Qualifiés durant cet exercice en Europa Conference League par le biais du championnat, les Blanc et Noir réalisent un parcours admirable jusqu’ici. Deuxièmes de leur groupe, ils sont devancés par Copenhague contre lesquels ils subissent leur unique défaite. Par la suite, l’écurie grecque se détache du FC Midtjylland aux tirs au but lors du match retour à domicile. Enfin, le PAOK montre un visage convainquant en huitièmes de finale avec deux francs succès contre La Gantoise. Ainsi, les « Aigles à double tête » arrivent le vent en poupe avant de se frotter à l’OM.
Seule ombre au tableau : la défaite hier 2-1 face au Panathinaikos dans une rencontre serrée.
Un public déchaîné
Réputé pour abriter l’une des ambiances les plus folles d’Europe, le derby de Thessalonique voit chaque année une flambée de fumigènes et des jeux de feux d’artifices illuminer le ciel grec. Des ultras engagés, qui poussent quelques fois les limites. Un mort a été déploré il y a de cela quelques semaines, des suites d’une rixe entre supporters. De fortes tensions existent entre les différents groupes qui les placent au centre des projecteurs. Un contexte particulier à l’aube d’un match crucial pour leur saison. On notera tout de même que des bâches étaient visible face à La Gantoise dernièrement.
Un public omniprésent mais également salvateur. Durant l’ensemble de la tournée européenne, les Grecs n’ont subi qu’une seule défaite à domicile, tout en étant en infériorité numérique. Un apport non négligeable de leur douzième homme qui les poussera à se surpasser face à l’OM.
Une équipe soudée
Interrogé sur les forces de cette formation du PAOK, Martial Debeaux, spécialiste du football grec, affirme qu’un collectif fort émane de cet effectif :
« Parmi les forces, il y a le collectif au sens large. Pour moi, le principal apport du coach Razvan Lucescu, c’est d’avoir vraiment su fédérer un groupe autour de lui avec quelques lieutenants. Il y a Omar El Kaddouri, Vieirinha, José Angel Crespo ou Diego Biseswar qui ont plus de 30 ans. C’est un vrai collectif, ce n’est pas une équipe qui se repose sur un joueur phare. On voit parfois des clubs modestes en Europe qui brillent parce que tu sens qu’il y a un joueur au-dessus. Le PAOK, c’est pour moi un vrai collectif en place depuis plusieurs années, c’est une vraie force. Il y a une base de joueurs expérimentés. Je parlais de Vieirinha, c’est le capitaine, il a joué la Ligue des Champions avec Wolfsburg, il a 25 sélections avec le Portugal. »
Martial Debeaux sur RMC
Le PAOK possède selon lui un équilibre vital qui permet une bonne gestion des événements la plupart du temps. Il ne place pas un joueur au dessus de l’autre mais prône une identité collective au sein du groupe. De plus, la forme récente de l’équipe viendrait en partie de la qualité de coaching de l’entraîneur Razvan Lucescu :
« Il y a aussi une dynamique sur les dernières années, et depuis quelques mois. Parce que depuis décembre et une série de trois défaites, il n’y a pas eu une seule défaite. En termes de schéma, on est sur un 4-2-3-1 qui change assez peu. Ce que le coach aime bien faire, c’est laisser la possession à l’adversaire pour bien contrer. »
Martial Debeaux sur RMC
Des individualités au service du collectif
Lorsque l’on observe les meilleurs buteurs et passeurs du club cette saison, on se rend déjà compte que chacun amène sa pierre à l’édifice. Vingt-neuf joueurs composent l’effectif du PAOK, dont seulement huit possèdent la nationalité grecque.
Jasmin Kurtic : Milieu polyvalent de 33 ans, il est prêté au PAOK en provenance de Parme. International slovène, il cumule 76 sélections pour deux buts. Il est cette saison le meilleur buteur de son équipe, avec pas moins de quinze réalisations. Fin tireur de pénalty, il possède également une très belle patte pour les coup-francs. C’est d’ailleurs de son génie que le PAOK accroche la victoire lors du match aller face à La Gantoise sur coup de pied arrêté. De nature aggressive sur le terrain, il gratte beaucoup de ballons mais s’adonne en contrepartie à de nombreuses fautes. Déjà dix cartons jaunes pour lui durant cet exercice, sans aucune suspension par carton rouge toutefois. Joueur assez complet, sa mentalité en fait un leader-né. Physique et batailleur, il régule le jeu du club grec et son jeu sans ballon promeut des projections rapides en contre-attaque.
Sverrir Ingi Ingason : Après un début de saison tronqué par une blessure au genou, le défenseur islandais est vite revenu à une place de titulaire indiscutable. Imperturbable en sélection, il cumule 22 rencontres cette saison pour deux buts. Doté d’un bon jeu de tête, il anticipe bien les situations pour tacler proprement. Il fait aussi la différence dans la relance, octroyant une bonne conservation de balle et un jeu de transition rapide. A 28 ans, il évolue proche de son meilleur niveau. Son apport est assez conséquent offensivement, avec un incroyable caractère décisif tous les 7 matchs en moyenne avec le PAOK. Impressionnant pour un central.
Vieirinha : A 36 ans, le vétéran et capitaine de cette équipe apporte toute son expérience à ses coéquipiers. Avec 34 apparitions cette saison, il reste un référence dans son rôle de latéral gauche. S’il n’est plus aussi tranchant qu’auparavant, il garde ses qualités de dépassement par le dribble et son bon sens du jeu. Lui aussi possède un réel caractère de guerrier et ne lâche rien sur le terrain. C’est d’ailleurs cette attitude collective qui fait la force des Blanc et Noir. Il aura capitalisé 25 sélections avec le Portugal pour une réalisation et une passe décisive. Un joueur à surveiller et sur lequel Ünder devra mettre la pression tout au long du match.
Par son collectif solide et sa bonne forme récente, le PAOK se déplacera pour mettre à mal l’OM autant que possible. De belles performances leur permettraient en effet de réaliser l’une des plus importantes épopée de leur histoire en coupe européenne.