Cher Mattéo,
Tu ne me connais pas, je suis un simple supporter de l’OM comme il en existe par centaines de milliers répartis dans les quatre coins du globe. Je souhaite aujourd’hui t’adresser ces quelques mots.
Nous sommes début septembre, et voilà que tu nous quittes. Tout amoureux de ce club pas comme les autres a aujourd’hui le cœur lourd. Il est l’heure de se dire un douloureux au revoir. Cependant, cette lettre n’a pas vocation à se morfondre dans la tristesse, encore moins dans le funeste.
Mon intention est au contraire joyeuse. Je souhaite ici mettre en lumière le fait que la relation entre le joueur de football que tu es, et les supporters que nous sommes, est une preuve irréfutable que le romantisme dans le football n’est pas une chimère, n’est pas un fantasme d’esprits naïfs.
Sans nier l’importance dans le football moderne de l’argent, l’ego et l’individualisme, il ne serait pas judicieux de penser que le sentiment n’a plus sa place. Elles ne sont peut-être pas la norme, mais les relations entre les supporters d’un club et un de leurs joueurs, empreint d’une affection sincère et réciproque, existent toujours. Dans certains cas, cette dimension affective peut égaler, même dominer, la dimension purement professionnelle et fonctionnelle.
Il suffit de contempler les messages passionnés et émus qui te sont adressés en ce moment, de la part du peuple olympien, et celui empli de tendresse et de gratitude que tu nous a formulé sur les réseaux sociaux, pour constater que la relation entre Mattéo Guendouzi et le peuple marseillais est spéciale.
Je me souviens de ton premier match sous nos couleurs. Une rencontre amicale à Braga, fin juillet 2021, dans un stade vide, Covid oblige. Pour tout dire, je me souviens même de ton premier ballon, un contrôle, un petit pont subtil, tête levée, passe en profondeur de classe… On a tout de suite su qu’un joueur différent venait de rejoindre la famille OM.
Pendant deux ans, dans toutes sortes de contextes, à toutes sortes de position sur le terrain, tu as tout donné. Ta recherche permanente du jeu vers l’avant, l’amplitude de tes courses et du moindre de tes gestes, ta créativité, tes passes subtiles, inventives, différentes, nous ont fait vibrer. Tu nous a rendu meilleur, plus ambitieux, plus exigeant aussi.
Il y a eu des hauts et des bas, mais tu nous as procuré bien plus d’enthousiasme et de fierté que de déception. On se souviendra de ta brillante première saison à 5 buts et 10 passes décisives, de ton premier but au Vélodrome en plein mois d’août contre Saint-Etienne, de ta passe parfaite sur le but de Payet face au PAOK, de ta prise de responsabilité pour tirer le penalty à Lisbonne, de ta légendaire spéciale : tête au premier poteau sur corner…
Mais au-delà du plan purement footballistique, on retiendra surtout un personnage incroyable, charismatique et attachant. Tu combines élégance certaine balle au pied, avec rage contagieuse partout sur le terrain, jusqu’aux vestiaires.
Tu cours partout, tu gueules sur tout le monde, particulièrement sur l’adversaire et l’arbitre que tu insupportes. Et tu es grand, tu es bruyant, tu es rebelle, tu es fou, bref tu es comme l’Olympique de Marseille.
C’est pour tout cela qu’on t’aime Mattéo, et inversement.
Un poète québécois (Christian Mistral) a écrit : « Les départs ne comptent pas, seuls les retours méritent une larme ». On ne pleure pas aujourd’hui, on garde nos larmes pour ton retour.
En attendant, on te souhaite le meilleur. On te suivra cette saison sous un autre maillot ciel et blanc, de l’autre côté des Alpes. Forza Guendouzi !
Magnifique lettre très réaliste et très émouvante. Il nous manque déjà Mateo