Début octobre, 2020 aura vu s’expatrier le jeune Marseillais Maxime Lopez en Italie. Prêté avec option d’achat à Sassuolo, le milieu de terrain semble épanoui, comme il l’a confié au quotidien l’Equipe.
« La page OM est tournée »
Le titre de l’interview est assez explicite concernant le ressenti de l’ex-Olympien. Formé au club, il n’en reste pas moins un amoureux inconditionnel de l’OM, et garde en mémoire, les bons comme les mauvais passages de sa jeune carrière sous le maillot bleu et blanc.
« J’ai joué 150 matches avec ce club. Il y a eu des choses exceptionnelles, d’autres moins bonnes. Je garde tout, même les mauvais moments. »
Comme le dit le proverbe, nul n’est prophète en son pays. Mais après des débuts prometteurs, les performances du milieu de terrain au petit gabarit ont paru s’essouffler. Bien qu’âgé d’à peine 19 ans, il s’impose dans le onze de Rudi Garcia, un coach qu’il apprécie.
« Il y a des coaches avec qui j’ai été plus proche comme Rudi Garcia, qui m’a donné ma chance en pro et avec lequel je suis encore en contact. »
Passeur décisif lors de sa première apparition en professionnel à Guingamp, il incarne alors la touche régionale dans le nouveau projet porté par Frank McCourt. Longtemps décrié pour ses résultats mitigés, le centre de formation voit ainsi un joueur au talent naissant devenir un élément qui compte dans le paysage olympien. Une saison qu’il finira avec 3 buts et 6 passes décisives. La saison d’après fut celle de l’épopée en Ligue Europa, compétition qui aura vu l’OM échouer en finale contre l’Atletico de Madrid.
« J’ai repensé à la Ligue Europa (finale en 2018). Et je me suis dit que j’avais vécu une aventure extraordinaire en Coupe d’Europe avec l’OM. »
Sa relation avec Villas-Boas
En raison de résultats en dessous des attentes et d’un climat assez pesant, le club change d’entraîneur et nomme André Villas-Boas. Un technicien qui ne fera jouer Maxime Lopez qu’avec parcimonie. Barré par une forte concurrence au milieu, le minot admet que les choix du coach sont justifiés.
« Je ne jouais pas beaucoup, c’était compliqué avec « AVB » (André Villas-Boas). Il préferait Valentin (Rongier) et Morgan (Sanson, parti depuis à Aston Villa), à juste titre d’ailleurs, car on a fait une super saison avec la qualification en Ligue des champions. »
Une situation plutôt compliquée à accepter, mais dont le respect qu’il a pour le Portugais n’en pâtira pas. Respectueux de sa hiérarchie, le milieu ne fera pas de vague, malgré quelques interrogations quant à son utilité. Situation qu’il éclaircit avec le principal décisionnaire.
« Ca a été compliqué avec AVB mais on avait une relation honnête. Et la franchise dans ce milieu, ce n’est pas toujours ça. Je suis allé le voir plein de fois pour lui demander pourquoi je ne jouais pas. Il m’a toujours dit qu’il avait trouvé son milieu type et que c’était dur de changer »
Le temps des doutes
Bien qu’il ne démérite pas, Lopez souffre d’un manque de temps de jeu. Positionné à divers postes autres que le sien, il se lasse de cette polyvalence non-voulue par le joueur lui-même. Petit à petit, l’idée de partir de son club de cœur augmente dans son esprit et dans celle de sa direction.
« Il a essayé de me mettre à d’autres postes (attaquant droit voir avant-centre) comme au Parc contre Paris (1-0, le 13 septembre) ou à Lyon. Mais je n’étais pas très à l’aise et ce n’était pas non plus me rendre service. Il a fini par me dire que c’était mieux que je parte. »
Le chant du départ
Malgré la qualification en Ligue des champions, Lopez se met en tête d’être transféré. En manque de propositions concrètes, il se fait à l’idée de rester jusqu’à l’offre de Sassuolo. À l’issue d’une transaction rapidement menée, son départ est effectif en fin de mercato. Issue douloureuse affectivement, mais qu’il assume.
« Bien sûr au début,ça à été dur de quitter le club. Je m’y sentais comme à la maison. Les amis comme Bouba (Boubacar Kamara) me manquent. Mais je suis parti pour mon bonheur personnel. Je devais prendre mon envol.
Entraîné par Roberto de Zerbi, technicien qui a la réputation de pratiquer un football offensif, le milieu de terrain revit. A la suite de plusieurs moments compliqués, l’air de l’Italie lui convient parfaitement.
« On m’a un peu enterré, j’étais passé aux oubliettes. J’ai montré que j’étais encore là. Ca a été comme une rédemption pour moi. Maintenant, mon avenir est en Italie pour quatre ans. »
Futur qui sera assuré très prochainement puisque l’option d’achat sera levée lors des 30 prochaines minutes qu’il disputera. Portant sur une somme comprise entre 1 et 3 millions d’euros, cela peut paraître dérisoire si l’on se souvient des montants évoqués peu de temps après ses débuts. En changeant de pays, Lopez a pu se rendre compte de la différence entre les deux championnats nationaux.
« Ici, l’aspect tactique est beaucoup plus développé. On tombe sur des équipes qui défendent très bien. Le catenaccio est bien maîtrisé. Chaque équipe a une identité bien marquée. »
La découverte du Calcio
Si l’ex-Marseillais se sent si bien dans ce club à la réputation grandissante, c’est aussi grâce à la confiance que lui porte de Zerbi. Un coach qui a énormément compté dans son choix de rallier la Série A. Une discussion téléphonique entre les deux hommes scellera leur union.
« Il m’a assuré que si je signais à Sassuolo, j’allais prendre du plaisir. Le feeling est passé.
Buteur lors d’un déplacement à Naples conclue sur une victoire (2-0), cette réalisation a beaucoup joué dans son épanouissement. Titulaire régulier de cette formation classée 9ème du championnat, le meneur au petit gabarit compare aussi la différence d’environnement entre les deux villes.
« Après, on ne va pas se mentir, il y a beaucoup moins de pression ici qu’à Marseille. »
À travers cette interview, on peut s’apercevoir du bien-être de Maxime Lopez. Content de son choix, son amour pour l’Olympique de Marseille se fait clairement ressentir. Au contraire de Boubacar Kamara qui s’est installé comme un des meilleurs joueurs de l’effectif, le destin de Lopez s’écrit loin de son club formateur. Recruté par un technicien en vogue de l’autre côté des Alpes, il a l’opportunité de progresser au contact d’un football qui reste un des tous meilleurs au niveau européen.