Arrivé à Marseille en provenance de la Roma, Cengiz Ünder pourrait bien faire parler de lui dans les années à venir. Étudions ensemble les différentes conditions qui pourraient permettre à l’ailier turc de rayonner sous le maillot olympien.
Une volonté de se montrer
Tout n’a pas toujours été simple pour Ünder. Très jeune, il se révèle dans l’institution du Altinordu FK, réputé pour la qualité de sa formation. Il évolue aux côtés de jeunes très prometteurs comme Caglar Söyüncü, aujourd’hui à Leicester. C’est au cours de la saison 2015/16 qu’il explose réellement aux yeux de tous. Il sera recruté à l’issue de cet exercice par Basaksehir.
Un an. C’est le temps qu’il lui aura fallu pour être convoité par les grands clubs européens. Il réalise une saison aboutie dans le club stambouliote. Titulaire indiscutable dès son arrivée, il participe à 32 rencontres de Süper Lig. Dynamique et très actif sur le terrain, l’ailier du pays est bien soutenu par le fervent peuple turc. Il marque d’ailleurs 7 buts et délivre 5 passes décisives durant cet exercice. Il se montre sous son meilleur angle, aussi bien offensivement que défensivement. Cela se traduit notamment par une très forte agressivité sur le terrain, qui engendre quelques suspensions. Néanmoins, c’est surtout par son style de jeu attractif qu’Ünder se met en lumière. Sa grande technicité est mise en exergue par l’intermédiaire de dribbles ingénieux et d’une explosivité débordante.
Un joueur spectaculaire, capable de gagner ses duels face à n’importe qui dans le championnat turc. Son implication au sein de l’équipe est exemplaire. Il alterne les matchs sur les ailes, autant à droite qu’à gauche. Sa disponibilité est extrêmement plaisante, il finira d’ailleurs homme du match à trois reprises. Conservant un taux de passes réussies à hauteur de 75,1%, il sait également varier son jeu et tirer de loin. C’est en outre une de ses grandes forces, avantagé par une puissance de frappe et un toucher de balle au dessus de la moyenne.
Un choix de transfert contestable
Transféré à la Roma par la suite, il affine son jeu pour s’adapter au championnat italien. La première saison se montre complexe pour lui, qui ne débute qu’à 15 reprises. Le reste du temps, il se coltine à un rôle de remplaçant et entre en fin de match. En tout, il participera à 26 matchs de Serie A.
Ses débuts en Ligue des Champions sont particuliers. Et pourtant, il sera acteur d’un grand moment de football. Mis à disposition de l’équipe uniquement à compter des phases finales, il marque dès son premier match dans la compétition. Un but d’une grande importance, puisque marquer à l’extérieur. Il permettra d’ailleurs à la Roma de passer en quart de finale au détriment du Shakhtar. Après un claquage contracté en championnat, il perd sa place de titulaire. Il rentre en jeu lors du match retour face au Barça. Désigné comme tireur de corners de l’équipe, il prend ses responsabilités dans cet exercice. Il trouve la tête de Manolas en toute fin de match et aide son équipe à décrocher la qualification sur le fil. Sans doute son premier exploit sur la scène européenne. Des débuts laborieux, mais au cours desquels il a su se montrer décisif dans les moments clé.
Malencontreusement, il peine à se faire une place dans la capitale italienne. Sa saison 2018/2019 est rongée par des blessures de petites gravités. Elles l’empêchent tout de même de participer pleinement aux éliminatoires de son pays pour l’Euro. Il ne jouera que deux rencontres, dont une face à la France.
La Turquie sortira victorieuse de ce duel, avec en prime un but d’Ünder. Au cours des années, son style de jeu évolue. Il garde son instinct de tueur devant le but, même si son nombre de réalisations diminue petit à petit. Il se recentre au cœur du jeu, et gagne en précision. Son taux de passes réussies plafonne aux alentours des 80%, il crée peu de déchets. Quoique peu impliqué dans l’attitude défensive de son équipe, il devient plus agressif sans ballon. Cela se traduit par une augmentation du nombre de fautes qu’il engendre, et de la quantité de cartons qu’il reçoit.
Séjour en Premier League
La saison dernière, quelque peu déçus de son rendement, les dirigeants romains optent pour un prêt de leur attaquant. Il débarque alors à Leicester, avec un projet sportif ambitieux à la clé. Toutefois, le Turc ne parviendra pas à acquérir une place dans le onze type, se contentant d’un rôle dans la rotation. En championnat, l’ailier n’aura jamais l’occasion de jouer un match entier. Durant ses neuf brèves apparitions, il cumule deux petites passes décisives. Son physique n’est pas réellement taillé pour le rugueux championnat anglais. Il tente cette saison-là 1 tir par match en moyenne, sans réussite.
En coupe européenne, le bilan est tout autre. Il prend sa chance presque 3 fois par rencontre, et trouve le chemin des filets une fois. Son temps de jeu est revalorisé pour cette compétition. Il y disputera en tout 501 minutes. Le trépidant ailier y laisse bien meilleure impression, avec en plus un caviar face à Braga. Leicester sera finalement éliminé de la compétition face au Slavia Prague lors du tour intermédiaire avec un Ünder assez fantomatique.
Enfin, le Turc dispute deux rencontres en FA Cup pour un but salvateur face à Brentford. Une compétition remportée par Leicester qui permet à l’ailier d’étoffer son maigre palmarès provisoire.
Un potentiel à confirmer
Sa vitesse, sa qualité de dribbles et sa rapidité d’exécution font de lui un élément destructeur. Pourtant, Ünder peine à confirmer au plus haut niveau. Les raisons sont multiples : manque de confiance, peu d’automatismes…quoiqu’il en soit, son changement successif de clubs ne l’a pas aidé dans son intégration à Rome. Intraitable quand on lui laisse trop d’espaces, son caractère lui fait toutefois défaut à certains moments. Sa mentalité devait évoluer pour performer dans un club très exigeant comme l’OM. Lors de sa présentation, l’électron libre turc a laissé transparaître sa joie de rejoindre l’élite française :
« J’ai peu joué à Leicester mais cela reste une belle expérience. Physiquement je me sens en forme. J’attends de me retrouver au Stade Vélodrome pour être encore plus motivé. »
Conférence de presse
Prêt physiquement ? Ünder n’a pas menti. Très chaud lors de la préparation phocéenne contre Fos ou Villarreal notamment, il confirme en ce début de championnat. Trois buts lors des trois premiers matchs de Ligue 1 puis un pénalty provoqué puis transformé en Europa League. Sans oublier deux réalisations et un caviar en deux matchs de sélection. L’attaquant est déjà incontournable en terre marseillaise. Il devra cependant continuer à convaincre dans la durée. Car cette année, l’OM possède une importante profondeur de banc et rien n’exclut le Turc de s’y retrouver si son apport venait à baisser.
« J’aime jouer sur l’aile droite mais j’aime aussi redescendre au milieu, partir de plus bas. Je me sens déjà à l’aise dans l’organisation de Sampaoli. Je pense que dans une dizaine de jours, je trouverai totalement ma place dans cette équipe. »
Conférence de presse
Un joueur qui se connaît
Un autre aspect du joueur lui permettrait de réussir à l’OM. Il est intelligent dans le jeu et, bien que têtu sur certaines actions, il comprend parfaitement les tenants et aboutissants de la tactique mise en place par Sampaoli. Sa polyvalence lui octroie également des libertés au sein de ce schéma offensif, pouvant de fait occuper le demi-espace droit autant que le couloir. Un jeu illisible qui met à mal l’adversaire par son incapacité à cerner l’attaquant.
« Je suis avant tout un ailier, un dribbleur. Mais j’aime aussi construire avec mes partenaires. J’aime les dribbles, les une-deux. Voilà mes caractéristiques. J’espère réussir ici. »
Conférence de presse
Un football de spectacle qui régale le peuple marseillais, une aisance technique pour faire les différences. Un profil qui rappelle celui de Thauvin, parti cet été pour le Mexique. C’est forcément une pression supplémentaire de succéder à l’ancien Bastiais qui a marqué le club par son efficacité. Une condition de plus à réaliser pour Ünder dans l’optique de convaincre ses supporters. Défi relevé pour le moment, lui qui redonne vie à l’aile droite de l’équipe olympienne.
Une intégration facilitée
Un style ravageur qui plaît au public du Vélodrome. Ünder a fait du stade sa maison jusqu’ici et semble très bien s’entendre avec ses partenaires. Il combine facilement avec Lirola, et connaît les grosses qualités que possède Payet.
« On est une équipe jeune, l’apport de Payet est important. Il a l’expérience, la vision du jeu. À nous d’en profiter. L’OM mérite de jouer la C1. C’est notre objectif. »
Conférence de presse
Ambitieux. C’est le mot pour décrire ce joueur. Un état d’esprit d’autant plus recherché quand on sait à quel point les déceptions ont dû être nombreuses pour lui jusqu’à aujourd’hui. Il retrouve désormais une stabilité et un amour qui le confortent dans ses faits et gestes. Déterminé à bien faire, il se démarque aussi par sa facilité à enchaîner les matchs avec une intensité déconcertante.
Étinceler sous la pression
Pour entrer dans les esprits, le compatriote de Yilmaz va devoir prendre exemple sur son compère. Au-delà de la forte pression médiatique française, c’est à tout le Vélodrome qu’il va devoir résister. Un exercice pas si dur pour lui, qui connaît les ambiances turques survoltées. Il ne cache pas sa joie de renouer avec cette ferveur qui le met sous le feu des projecteurs.
« Je trouve l’ambiance au club très positive, j’ai apprécié la façon dont on m’a reçu. On veut faire le maximum pour l’OM. »
Conférence de presse
Accueil chaleureux, esprit d’entraide et assiduité physique sont les clés du succès pour le jeune joueur. En toute connaissance de cause, le Turc espère se montrer à la hauteur des attentes placées en lui. La barre est haute mais franchissable pour un élément qui n’a pas coûté si cher que ça au club. Une pression en moins sur ses larges épaules.
« Je connais la ferveur des supporters ici. Marseille a gagné la Coupe d’Europe, c’est un club connu. J’espère contribuer à sa reconnaissance à l’échelle du monde. »
Conférence de presse
Incontournable et attractif, Ünder met tout le monde d’accord après cinq journées de championnat. Chirurgical devant les cages et malin dans ses placements, il forme l’un des chouchous des supporters de l’OM. Le Turc a déjà tout pour briller dans un club qui peut l’amener haut…