C’est l’histoire d’un gamin passionné de ballon rond qui n’a pas débuté sa carrière d’entraîneur comme les autres. Le jeune André, tout juste âgé de 17 ans, croise alors Sir Bobby Robson, entraîneur à l’époque du FC Porto. Il lui demande alors pourquoi son joueur favori à ce moment-là, Domingos Paciência, ne joue pas plus souvent. S’en suit alors une histoire atypique puisque André sera invité quotidiennement à tous les entraînements du FC Porto. Le tacticien André Villas-Boas est né.
Un avenir tout tracé
Au fur et à mesure du temps, l’adolescent de 17 ans prend ses marques. Il se voit alors attribuer des tâches qui ne sont normalement réservées qu’au personnel du club. L’entraîneur anglais cherchait à l’époque un assistant capable de lui faire des comptes rendus détaillés sur ses prochains adversaires. AVB accepta alors tout naturellement ce poste. Étant un grand fan du FC Porto depuis sa tendre enfance, ultra même pendant une période, c’était une réussite et une aubaine pour lui. Épaté par les connaissances et les capacités du jeune André, Sir Bobby Robson, légende anglaise, le prend sous son aile. Il fera par ailleurs la rencontre à cette époque d’un certain José Mourinho, traducteur du coach anglais.
Voyant en lui de grandes capacités pour son avenir et l’avenir du club, Robson l’envoie alors à la Lilleshall Academy. Bien qu’il soit encore mineur, il parvient à lui obtenir une dérogation l’autorisant à suivre cette formation d’entraîneur. Réputée internationalement, cette académie a sorti de grands noms du ballon rond tels que Owen, Joe Cole, Sol Campbell, Carragher… Élève brillant, il disposera de tous les diplômes de l’UEFA requis pour entraîner une équipe professionnelle. à seulement 19 ans.
Le FC Porto façonne un tacticien
Après quelques années passées en Angleterre afin de parfaire ses connaissances, il retourne au FC Porto pour entraîner les catégories de jeunes. Il commence par les U6 et va jusqu’à entraîner les U19 sous l’ère Mourinho. Conscient des qualités du lisboète, le Special One décide de le prendre comme assistant à Chelsea de 2004 à 2008. S’en suit l’Inter Milan pendant une année durant laquelle il fera partie de cette épopée en Ligue des Champions et où Milito leur offrira la Coupe aux grandes oreilles. Après ce fameux sacre, Mourinho déclarera : » Il est mes yeux et mes oreilles « , juste reconnaissance pour celui parti de rien.
Le grand saut
Alors que José Mourinho continue son aventure du côté de l’Inter Milan, il refuse qu’André Villas-Boas devienne son adjoint. C’est donc en octobre 2009 qu’il rejoindra l’Académica de Coimbra pour se lancer dans sa première véritable expérience d’entraîneur. Pourquoi première véritable? Car à seulement 22 ans, en 1999, il était le sélectionneur des Îles Vierges britanniques mais cette expérience s’était avérée plus courte que prévue. En effet, deux défaites en deux matchs avaient suffi à le limoger. Dont un match perdu 9-0 contre les Bermudes à l’occasion du premier tour de qualification à la Coupe du monde 2002.
Dix ans plus tard donc, il effectue son premier match en tant qu’entraîneur principal d’un club à l’Académica de Coimbra. Auteur d’une première saison réussie, il terminera à la 11è place du championnat avec 11 victoires en 30 matchs. À noter qu’il atteindra la demi-finale de l’Allianz Cup, l’équivalent de l’ex Coupe de la Ligue française. Son club de coeur, le FC Porto, annihilera ses espoirs de finale avec une défaite un but à zéro.
À l’occasion de son 400è match en tant qu’entraîneur, AVB nous a sorti une pépite des archives. Tout est collector, puisque cette photo date de 2009 lors de sa période à l’Académica de Coimbra.
11 ans de carrière et 399 matchs. Des expériences, un carrousel d’émotions, un univers d’amitié. Une vie en mouvement, soutenue par une famille solide et une équipe technique unie. Tant d’endroits, tant de cultures, tant de gens. Un privilège. À tous ceux qui m’ont permis d’atteindre ce jalon avec la fierté que j’ai de ma carrière. Merci beaucoup. Je vous le dois.
Publication Instagram du compte officiel d’AVB du 14/10/2019
Le FC Porto dans le cœur
Juillet 2010, André Villas-Boas revient dans le club de son enfance, celui qui l’a vu naître et grandir. Auteur d’une saison épique, le jeune entraîneur de 33 ans réalise alors un quadruplé historique. Coupe, Supercoupe, Championnat du Portugal et Ligue Europa. Petite anecdote pour l’histoire, il remportait son tout premier trophée en tant qu’entraîneur (Supercoupe) le 7 août 2010, un an et sept jours après le décès de son mentor et voisin, Sir Bobby Robson. Une année suffira à AVB pour entrer dans l’histoire de son club de toujours. 27 victoires, 3 nuls, 0 défaites, un bilan tout simplement exceptionnel en championnat. Statistiquement, Porto était la meilleure équipe d’Europe, faisant du 4-3-3 de Villas-Boas un onze redoutable.
Des Dragões au Blues
Devenu le plus jeune entraîneur de l’histoire à remporter une coupe d’Europe, il décide de s’envoler vers l’Angleterre. Et plus précisément à Londres où Roman Abramovich fait de lui sa priorité pour le banc des blues. Cependant, l’expérience anglaise ne se déroule pas comme prévue et ne connaît pas le succès escompté. À la mi-janvier, Chelsea pointe à la cinquième place du championnat, non qualificative pour la Ligue des Champions. De plus, la cinglante défaite, 3-1, face à Naples au match aller des 8è de finale de la LDC compromet un peu plus sa position. Le week-end d’après, une défaite face à West Bromwich en championnat scelle alors son sort. Il sera limogé et remplacé par son adjoint, Roberto Di Matteo. La suite on la connaît tous, Chelsea remportera la Ligue des Champions trois mois plus tard. Un visionnaire, ce Roman Abramovich.
Les Spurs comme point de chute
Quatre mois après son passage remarqué à Chelsea, l’entraîneur lisboète paraphe un contrat de trois saisons avec Tottenham. La saison 2012-2013 sera l’occasion de voir un Gareth Bale se révéler, ainsi que les premières titularisations de Lloris. Les Spurs termineront la saison avec 72 points, record de nombre de points du club sur une saison pour l’époque. Le record ayant été battu par Pochettino sur la saison 2016-2017 avec 86 points. Le 16 décembre 2013, André Villas-Boas est officiellement limogé suite aux résultats décevants enchainés par son équipe en championnat.
Quelques mauvais résultats s’enchaînaient et sa relation avec son président, Daniel Levy, s’envenimait de jour en jour. Jusqu’au moment où le Paris Saint Germain, à la recherche d’un entraîneur, faisait du portugais sa priorité. Nasser Al-Khelaïfi, prenant lui même les devants et contactant AVB, les négociations débutèrent. Une clause de 15 millions d’euros pour un départ était fixée dans le contrat de l’entraîneur lisboète. Daniel Levy, apprenant l’intérêt du PSG, souhaitait le vendre et récupérer les 15 millions de la clause. Cette histoire revenait aux oreilles d’André Villas-Boas mais lui, qui ne souhaitait toutefois pas signer au PSG, confirma alors ses envies de départ. Ne se sentant plus en odeur de sainteté du côté de Tottenham, il préféra s’exiler en Russie, plutôt qu’au PSG. Lucide.
De 2014 à 2017 : deux expériences originales
S’étant expatrié en Russie en signant un contrat de deux ans avec le Zénith Saint-Pétersbourg, il arrive en mars 2014. Devenant le premier entraîneur du championnat russe à remporter ses six premiers matchs, AVB permet au Zénith de finir deuxième. Il finira champion de Russie lors de sa première saison complète lors de l’exercice 2014-2015. Au début de sa deuxième et dernière année de contrat, il annonce qu’il partira au terme de celui-ci. Refusant même une prolongation, il déclarera avoir le mal du pays afin de revenir auprès de ses proches.
Comme prévu, au bout de sa deuxième année de contrat, il quitte la Russie et reçoit une offre qu’il ne peut pas refuser. Un contrat de trois années assorti d’un salaire entre 13 et 15 millions d’euros par an du Shanghai SIPG. L’entraîneur portugais ne s’en est jamais caché, l’attrait financier du contrat alléchant lui a fait accepter cette offre. Malgré cela, André Villas-Boas s’ennuie dans ce championnat où le jeu est quasi inexistant, si tant est qu’il existe. Il décide alors de partir à la fin de sa première année de contrat, préférant revenir au Portugal auprès des siens.
Destination capitale du foot française
Andoni Zubizarreta, ancien directeur sportif de l’OM, décide de tenter le coup AVB en le faisant signer en juillet 2019. Les deux hommes se connaissent bien depuis la période à Tottenham, époque à laquelle « Zubi » avait tenté de le faire venir à Barcelone afin de remplacer Tito Villanova, souffrant.
La périodisation tactique
André Villas-Boas, de formation portugaise, est un adepte de la périodisation tactique. Cette méthodologie de coaching moderne a été conçue par le professeur Vitor Frade après de nombreuses années d’étude sur le sujet. En effet, cette méthodologie prône tout autant le travail physique que le travail mental du joueur. Un joueur de football n’est pas qu’un simple humain qui court après un ballon, jusque là, rien de bien nouveau. Or, combien ont déjà émis l’idée de faire travailler le professionnel aussi bien cérébralement que physiquement. Ces deux facteurs essentiels font partie intégrante de cette étude menée et appliquée sur les terrains depuis de nombreuses années. José Mourinho et Josep Guardiola font partie des précurseurs de la mise en lumière de cette méthodologie aux yeux de l’Europe.
Sérgio Conceição, Leonardo Jardim ou Jorge Jesus sont également des adeptes invétérés de cette méthode de travail. Cependant, ce coaching moderne ne réside pas qu’en ces deux points importants. Le modèle de jeu que l’entraîneur souhaite imposer est prédéterminant pour établir sa base. Ensuite, la répétition d’efforts plus ou moins complexes facilitant les combinaisons et les circuits préférentiels. Cette étape permet aux joueurs d’acquérir les connaissances nécessaires afin d’appliquer les système de jeu souhaité par le coach. Il permet également aux joueurs de développer des habitudes et des systèmes de jeu préférentiels. Dernière étape, une semaine d’entraînement prédécoupée afin d’optimiser les capacités physiques et intellectuels de chacun. Ceci n’est qu’un court résumé de ce qu’est la périodisation tactique, permettant ainsi d’essayer de comprendre AVB et son fonctionnement.
Amateur de tactique dès son plus jeune âge, le Portugais a gravi tous les échelons un à un. Sacré champion d’Europe à 33 ans, il aura paraphé plusieurs contrats dans diverses écuries afin d’étoffer son expérience. Pour anecdote, lors de ses contacts avec l’OM en 2013, c’est lui qui soufflera le nom de Marcelo Bielsa à Vincent Labrune. Ne connaissant pas le personnage, l’ancien président olympien se renseignera à son sujet. Subjugué par El Loco, il fera de l’entraîneur argentin son coach lors de la saison 2014-2015. Nul doute sur le fait qu’André Villas-Boas était fait pour un jour entraîner l’OM. Quoi qu’il en soit, au bout de sa première saison, nous avons retrouvé l’Europe au bout de sept ans d’absence. Un tacticien, un charmeur, un comptable, un leader? Qui est réellement André Villas-Boas, The Special Two?