Le député Sacha Houlié nous a accordé un entretien dans lequel il est notamment revenu sur son amour pour l’OM. Il y a aussi évoqué les nombreuses interdictions de stade et huis clos. De plus, il a présenté des solutions pour améliorer la pratique du supporterisme en France. Interview réalisée par Karim Sghairi (@SghairiK) pour Peuple Olympien (@peupleolympien).
Bonjour, pouvez-vous nous expliquer votre parcours de supporter de l’OM?
S.H: Je ne suis pas né à Marseille, ni dans une famille qui aime le foot. Donc, j’ai découvert le foot tardivement. Il faut savoir que lorsque j’étais enfant, mes parents ne me laissaient pas regarder le foot. C’était un peu discriminatoire dans la cour d’école. Moi, j’ai grandi en Poitou Charente entre les Deux Sèvres et la Vienne. Et donc, lorsque j’avais 9 ans, les premiers matchs que j’ai vus, ce sont les matchs de la coupe du monde en 1998 avec notamment le France -Afrique du Sud avec Christophe Dugarry qui tire la langue sur son but ! Surtout, le match qui m’a le plus marqué, c’est le France – Paraguay avec à la 114ème minute, le but de Laurent Blanc.
Cela a réveillé naturellement mon attrait pour le football, lorsqu’au cours d’une soirée, je me retrouve devant canal pour un fameux OM-Montpellier (l’OM perdait 4 – 0 à la mi-temps, ils finissent par l’emporter 5-4.) Lors de cette soirée, il y a des joueurs comme Robert Pirès ou Laurent Blanc avec son but marqué à la 92ème sur penalty qui m’ont marqué dans cette équipe.
Ensuite, j’ai commencé à suivre tous les matchs de l’OM et à lire les journaux ou Téléfoot. Le dimanche matin, lorsque j’allais chez des amis, j’insistais pour voir des matchs de l’OM, des résumés, ou j’écoutais en secret la radio le soir car je n’avais toujours pas le droit de regarder les matchs. La saison 1998/1999, il y avait une dame qui me gardait quand j’étais enfant et ses enfants étaient aussi supporters de l’OM. Grâce à ça, j’ai pu voir tout le parcours des Marseillais en coupe d’Europe et notamment la demi-finale à Bologne (Score : 1 – 1) avec le penalty à retirer deux fois, et la bagarre générale à la fin. Ensuite, la finale contre le Parme de Fabio Cannavaro, Gianluigi Buffon et Lilian Thuram. Une finale désastreuse où on perd 3 à 0 avec l’erreur de Laurent Blanc au passage.
Et donc, c’est grâce à tout cela que je suis devenu supporter de l’OM. Cependant, j’ai mis très longtemps avant de me rendre au Vélodrome car lorsque nous sommes de Poitiers, pour aller à Marseille, ce n’est pas facile, d’autant que je suis issu d’une famille modeste. Cependant, j’ai fait toute la saison de Marcelo Bielsa.
« Ce jour là, l’ambiance était vraiment énorme, mais aussi électrique et tendue. »
Sacha Houlié
Lorsque j’étais étudiant, j’ai fait un année Erasmus en 2009/2010 en Espagne. Cela m’a permis de découvrir plusieurs stades comme le Stade Santiago-Bernabéu, le stade de Séville le Ramón Sánchez Pizjuán et de suivre plusieurs équipes. J’ai d’ailleurs fait la montée de Grenade de troisième division en deuxième division. Puis, j’ai découvert un homme, je ne savais pas d’où il venait ni ce qu’il faisait. Il s’agissait de Marcelo Bielsa. Il entrainait l’Athletic Bilbao, il fait finale de coupe du roi contre le FC Barcelone, il perd 3-0, ensuite il fait finale de C3 contre l’Atletico de Madrid de Diego Simeone. Malgré cette défaite, j’étais totalement fan de cet entraineur. À la suite de cela, je continue mon tour des stades à Hambourg.
J’ai aussi fait le stade du Panathinaikos. Ensuite, quand Marcelo Bielsa signe à Marseille, je me suis dis que je n’avais plus le choix. J’ai fait toute la saison cette année, j’étais avocat à Paris mais je faisais les allers-retours. D’ailleurs, le retour se faisait le lundi matin à 6h pour être au bureau à 9h00.
Vous êtes souvent présent au stade Vélodrome, si vous deviez ressortir un moment ou une ambiance, ce serait quoi?
S.H: Il y a deux moments de la saison 2014/2015 qui m’ont vraiment beaucoup marqué. Alors le premier, c’est contre Lyon avec un score de 0-0 le 25 mars 2015 lorsque Lucas Ocampos marque mais que le but est refusé… Ce jour là, Lyon jouait dans un 4-4-2 losange pour lequel tout le monde disait que Lyon était imbattable. Ce jour là, Marcelo Bielsa met en place un 3-3-3-1 avec Imbula au milieu du losange lyonnais. L’ambiance était vraiment énorme, mais aussi électrique et tendue. Cela m’avait marqué! Ensuite, il y avait le fameux tifo en avril 2015 contre le PSG au Vélodrome. Après, j’ai eu de grands moments de solitude où j’allais voir les matchs au Parc et où j’étais au milieu de supporters parisiens.
« C’est ce qui fait dire aux supporteurs, à raison, qu’ils sont des citoyens de seconde zone car il y a un régime de police administrative qui leur est applicable qui n’est pas acceptable. »
Sacha Houlié
Avec la loi anti-casseur, les préfets ont davantage de pouvoir et cela peut créer des entorses à l’égard des libertés publiques. Comment lutter efficacement tout en respectant les libertés des supporters?
S.H: Quand j’étais élu, j’avais déjà commencé à faire quelques travaux. Nous avions bossé avec pas mal de députés sur les tribunes debout. Nous avions repris le travail sur le référent supporteur. Justement, nous nous posions la question de comment faire avancer les choses. Alors je m’étais déjà impliqué sur plusieurs choses dans le cadre d’ANS (Association Nationale des Supporteurs) avec les supporteurs, fédérations, ligues, Ministère de l’intérieur. J’avais déjà alerté sur le régime spécial qui est applicable aux supporteurs.
« le régime d’interdiction de stade est très largement excessif et mal proportionné. »
« Nous pensons qu’il y a une grande hypocrisie d’interdire des fumigènes, qui de toute façon, existent. Il faut sortir de cette ambiguïté! »
Sacha Houlié
Alors, lorsque j’ai entendu le Premier Ministre expliquer à la télévision en janvier 2019 que finalement on avait un régime qui fonctionnait très bien pour les supporters de football, et que l’on allait l’étendre au reste de la société, ce jour-là j’ai fait un bon sur mon fauteuil! A partir de là, j’ai commencé à expliquer à mes collègues au parlement dans l’incrédulité la plus totale, ils m’ont regardé en me disant: « Mais qu’est ce que ça a à voir d’interdire des manifestations et d’interdire des déplacements? « . Mais c’est le même régime de police administrative, et ce régime créé en 2006, complété en 2010, renforcé en 2016 n’a jamais été évalué.
C’est ce qui fait dire aux supporteurs, à raison, qu’ils sont des citoyens de seconde zone. Car il y a un régime de police administrative qui leur est applicable et qui n’est pas acceptable. D’ailleurs, il y a plein de choses qui ont été faites. Cela est ma plus grosse amertume de parlementaire, d’avoir donné ma voix à cette loi anticasseurs. Malgré tout, j’ai réussi à décrocher une mission d’information parlementaire pour le régime des interdictions de stade et sur le supporterisme.
Cette mission, je l’ai co-conduite avec Marie-George Buffet. Nous devions rendre le rapport le 1er avril, mais nous le rendrons une fois la crise sanitaire passée. Cela nous a permis de travailler pendant près d’un an dessus et confirme ce que l’on savait déjà: que le régime d’interdiction de stade est très largement excessif et mal proportionné. Nous avons eu quelques avancées avec la circulaire Castaner sur les interdictions de déplacement. Elle est tout de même appliquée de manière inégale sur le territoire. On essaie malgré tout de faire en sorte qu’elle soit plus efficace.
« La classe politique s’est désintéressée du football, à part pour faire de la récupération ou de la stigmatisation. »
Sacha Houlié
Nous avons mis sur la table les utilisations de fumigène et les sanctions collectives. Nous pensons qu’il y a une grande hypocrisie d’interdire des fumigènes, qui de toute façon, existent. Il faut sortir de cette ambiguïté! Ensuite, il y a aussi le côté stigmatisant des supporteurs sur le débat de l’homophobie et la discrimination. Nous sommes conscients qu’il faut faire des choses mais il ne faut pas blâmer les seuls supporteurs. Il y a toute la société française à interroger! Ou encore la place des supporteurs dans le club, pas forcément avec le model socios, mais plus sur un projet à l’Allemande avec des maisons des supporteurs ou associations des référents de supporteurs, un peu comme des Fan-Projekte.
La multiplication chaque week-end d’interdictions de déplacements de supporters augmente, est-ce que cela vous inquiète en tant que député mais également en tant que supporter ?
S.H: Ha oui! Cela m’inquiète mais d’ailleurs, moi, j’ai posé une question au gouvernement sur ces sujets en avril 2019 où il y avait des interdictions administratives qui étaient excessives. Certaines interdictions de déplacement n’étaient pas justifiées et il y avait des hypocrisies sur les fumigènes et certains collègues me disaient: « On ne comprend pas ce que tu dis . » Le problème est là… C’est que la classe politique s’est désintéressée du football, à part pour faire de la récupération ou de la stigmatisation. Les choses ont évolué un peu car il y a beaucoup de députés qui connaissent un peu mieux le football et qui ont été des supporteurs ou alors inscrits dans des associations ultras donc les mentalités évoluent. Cela peut paraître assez lent pour les gens qui sont sur les terrains au quotidien, après j’essaye de me démener pour que cela s’accélère.
En Allemagne, la fédération allemande a la volonté de réduire au maximum les huis clos, pourquoi ne suivons-nous pas le même chemin?
S.H: Alors, depuis la loi de 2016, il y a eu plein de mauvaises choses sur les interdictions administratives qui ont été renforcées. Cependant, il y a eu des bonnes choses, comme l’instance nationale du supporterisme (INS). Dans cette instance siège l’ANS (association nationale des supporteurs). D’ailleurs, j’avais dis aux ultras de Marseille lorsque je les avais rencontrés à Marseille que ce serait bien qu’ils mettent un pied dans cette instance, pour que leur voix soit écoutée. Puis, le fait qu’il manque les Marseillais dans l’ANS et INS est dommageable, car les supporters marseillais pèsent, étant donné qu’ils représentent beaucoup dans le monde du supporterisme en France.
Justement, sur cette question des sanctions collectives, l’ANS a demandé un moratoire. Nous, avec Marie-George Buffet, nous sommes sur cette position. D’ailleurs, dans le rapport, nous sommes assez sévères sur les sanctions collectives, nous estimons qu’elles ne sont pas justifiées. C’est pour cela que nous allons continuer à pousser, pour qu’il y ait a minima le moratoire, et pour réfléchir à ôter ce mode de sanction dans les règlements de la ligue et de la fédération.
Comment les préfets justifient-ils les arrêtés pour certains matchs?
S.H: Les préfets ont la compétence sur deux choses: sur les interdictions administratives de stade et de déplacements. Ces interdictions sont basées sur le fait qu’il pourrait y avoir des troubles à l’ordre public. Nous, ce que l’on a obtenu dans la circulaire Castaner, c’est qu’il y ait des réunions au préalable avec les instances et les représentants des clubs. On définit des jauges etc, on essaie toujours que le déplacement puisse avoir lieu. En ce qui concerne les décisions de huis clos total ou partiel, cela concerne la ligue qui est totalement indépendante et donc qui est là pour revoir ça. Par exemple, il faudrait pouvoir interdire ce genre de sanction dans les règlements de la Fédération Française de Football (FFF) ou de la ligue.
« ce qui m’a gêné cet été, c’est que l’on a fait reposer la lutte contre l’homophobie sur les seuls stades de foot en France. »
Sacha Houlié
Quelles sont les pistes de réconciliation sur les interdictions de déplacement ou huis clos?
S.H: Alors, sur les interdictions de déplacement, on va proposer de renforcer la circulaire Castaner, surtout sur les justifications des sanctions, ainsi que de convier les associations de supporter dans l’organisation des déplacements. Dans les réunions au préalable, c’est une piste que l’on va développer. Ensuite, sur les sanctions collectives de la ligue, nous allons prendre une position assez ferme. Le rapport qui va sortir sera validé par l’assemblée nationale. Il faudra ensuite veiller à ce qu’il soit appliqué soit dans la loi, soit dans les règlements ou les décrets. Après, cela marquera un premier pas mais qui n’est pas anodin malgré tout.
Pour vous, la solution est-elle l’Interdiction Administratif du Stade (IAS) où on doit allé plus loin encore aujourd’hui en France ?
S.H: Alors en ce qui concerne les IAS, on évaluera le dispositif qui pourra trouver une forme d’utilité pour les gens qui chantent des chants racistes, ou alors qui se bagarrent comme des vrais hooligans. On arrive à bien faire la distinction entre un hooligan et un ultra. Mais, les IAS devront sans doute être très largement revues dans la façon dont elles ont été utilisées, cela ne peut pas rester en l’état sur la durée. Il y a beaucoup de choses à revoir dans le cadre de l’IAS aujourd’hui, elle est beaucoup trop excessive pour qu’on la conserve sous cette forme…
Considérez-vous que l’arrêt d’un match pour des chants homophobes, racistes ou encore antisémites soit la bonne solution ?
S.H: D’abord, ce qu’il faut dire, ce qui m’a gêné cet été c’est que l’on a fait reposer la lutte contre l’homophobie sur les seuls stades de foot en France, or il y a un problème d’homophobie en France. Mais, il n’est pas le seul fait du sport et encore moins du foot en particulier. C’est toute la société française qui a un problème avec ça. Et donc, de dire que les supporteurs de foot, d’autant plus que l’on aime se payer sur leur dos seraient les seuls homophobes du pays, j’ai trouvé ça grotesque et grossier! D’autant plus qu’il y a une application très stricte des règles nouvelles sur les arrêts de match. Alors, s’il y a des excès avec des chants racistes ou homophobes de façon continue, je ne trouve pas ça délirant que l’on arrive jusque-là…
Cependant, il y a beaucoup de choses que l’on peut faire avant, comme les joueurs avec des brassards ou alors des spots avec Louis Nicollin qui était d’ailleurs connu pour ses dérapages. Sur ce spot, il disait: « L’homophobie c’est vraiment pour les petits PD! « . C’était tourné un peu en dérision pour que l’on se rende compte de la bêtise profonde de ce type de comportement. Cependant, découvrir après quarante ans que l’on se dit « enculé » dans un stade…. cela fait déconnecter de la réalité! De plus, ça alimente l’idée qu’il y a une déconnexion entre le politique et le football alors que nous, on se bat contre ce préjugé.
« Je fais partie des députés qui ont beaucoup poussé pour que les tribunes debout naissent en France. »
Sacha Houlié
Quelles sont les solutions auxquelles vous pensez ?
S.H: En ce qui concerne les solutions, c’est un tout: en faisant plus de prévention, en impliquant plus la ligue, la fédération. Pouvoir aussi mobiliser les joueurs et en dernier recours, arriver aux arrêts de matchs. Après, si on commence directement par les arrêts de match je trouve cela très excessif par rapport à toute la palette de réponses dont on dispose. Puis, lorsqu’on applique l’arrêt du match, on commence par creuser un fossé entre les bons et les mauvais en faisant deux camps, avec d’un côté ceux qui sont pour les arrêts du match et de l’autre, ceux qui sont contre ces arrêts de match. Ceux de ce côté, ils seraient classés dans la catégorie des homophobes. Les luttes contre les discriminations appellent à des réponses plus construites avec plus de pédagogie pour que cela porte ses fruits.
Sanctionner un stade est une sanction très dure, surtout que les nouvelles technologies peuvent permettre aux clubs de pouvoir agir plus efficacement. Pour vous, est ce que les clubs doivent obligatoirement investir dedans afin de pouvoir condamner l’individu et non la totalité du stade ?
S.H: Alors moi, je me méfie des nouvelles techniques car il y a eu des tests sur la reconnaissance faciale dans les stades, notamment à Metz. Personnellement, je suis très opposé à cela. Cependant, effectivement, aujourd’hui dans les stades, ils sont capables, soit avec les SIR (Section d’Intervention Rapide) d’intervenir directement dans les tribunes, soit de sanctionner le groupe de supporters, ou certains individus du groupe qui profèrent des chants racistes ou homophobes. Donc la question des arrêts de match ou des huis clos je n’approuve pas cela, puisque c’est une sanction collective.
Les fumigènes représentent la festivité. Pensez-vous que la fédération doit dialoguer avec les supporters et potentiellement investir dans des « nouveaux fumigènes » comme dans d’autres pays, afin de pouvoir les utiliser tout en garantissant la sécurité des autres spectateurs ?
S.H: Ce que l’on a vu à Marseille avec Marie-George Buffet, c’est que le club travaille avec les universités et des laboratoires pour tester le fameux fumigène froid. Ils ont fait beaucoup d’études à ce sujet assez poussées. A titre personnel, j’ai beaucoup discuté avec des instances sur ces questions pour dire qu’interdire les fumigènes aujourd’hui était une hypocrisie, car nous sommes incapables d’interdire les fumigènes! Alors, soit à s’être retranchés dans notre hypocrisie on sanctionne et tout le monde perd son temps, ou alors on réfléchit pour savoir comme on évolue. Dans le rapport, nous avons fait des propositions pour les fumigènes pour aller dans la voie de légalisation, pour que l’usage des fumigènes soit autorisé dans les stades de foot.
« Cela permet de créer un football populaire et d’avoir plus d’animations avec des tribunes vivantes. »
Sacha Houlié
Ensuite, quel est votre avis sur l’alcool dans les stades ?
S.H: Alors, cette question est extrêmement difficile. Déjà il y a deux problèmes: dans un premier temps, un problème d’inégalité que chacun connait entre les loges où l’alcool est autorisé mais interdit en tribunes, puis il y a le phénomène où certaines personnes se mettent à boire énormément à l’extérieur avant de rentrer dans le stade. Dans le rapport, nous n’avons pas traité cette question car nous savons que c’est un sujet tellement inflammable que la majorité des gens vont se focaliser uniquement sur ça et éluder tout le reste du rapport. Alors que ma priorité était de parler des libertés publiques donc des interdictions de stade ou des déplacements des fumigène. Mais aussi de traiter les discriminations, car les supporters ne sont pas les gens que l’on décrit et ainsi parler de toutes les actions sociales que les supporters effectuent. Donc, voila pourquoi nous n’avons pas traité cette question.
Comment expliquez-vous cette cassure entre la politique et les supporters ?
S.H: Alors ça pour le coup, j’essaye de réduire cette cassure car avant d’être un élu, je suis un supporteur de football. Je ne parle pas de foot pour faire de la politique. Alors oui, il y a des sujets qui touchent à la politique comme la liberté fondamentale, l’organisation du sport, la place du supporter, etc. Mon but n’est pas de plaire, après avec les idées que je défends, je peux être jugé comme laxiste ou naïf. Je ne fais pas cela pour gagner des voix car, étant élu de Poitiers, ville où le foot n’est pas très populaire, ce n’est pas un grand réservoir de voix. Je fais cela par amour du foot.
À l’époque, les politiques s’intéressaient au foot soit pour récupérer ou alors stigmatiser les footballeurs ou les supporteurs. Maintenant, il y a toute une génération d’élus qui ne sont plus dans cette stigmatisation ou cette récupération.
L’Allemagne a adopté les tribunes debout comme à Dortmund avec le mur jaune, quel est votre opinion sur ce sujet ?
S.H: Moi, je fais partie des députés qui ont beaucoup poussé pour que les tribunes debout naissent en France, avec des expérimentations dans quatre clubs qui travaillent dessus: Sochaux, Amiens, Lens et Paris. D’ailleurs, ce dernier va tester des sièges. De plus, j’ai appuyé une demande du RC Lens qui a la Marek (tribune du stade Bollaert) d’approximativement 4000 en tribune debout et qui voulait progressivement atteindre 5000 places debout. Alors, il y a un problème, comme nous sommes un pays européen, nous devons répondre à des normes européennes et ils n’acceptent pas les places debout. Nous sommes en train de créer la modularité entre sièges assis et debout. D’ailleurs à Dortmund, la capacité du mur jaune n’est pas la même avec une configuration assise et debout quand l’équipe évolue en Bundesliga et en coupe d’Europe.
Moi personnellement, je suis très favorable à ça puisque cela permet de créer un football populaire et d’avoir plus d’animations avec des tribunes vivantes.
Justement, pensez-vous qu’avec des stades de plus en plus connectés et modernes, les deux façons de consommer du football peuvent cohabiter au sein d’un même stade?
S.H: Oui, je pense car nous n’allons pas au stade pour les mêmes choses. Il y a des supporteurs qui vont en tribune latérale. Ensuite, il y a les ultras qui y vont toute l’année en virage. Chaque supporter a sa façon de consommer du football.