Alphonse de Lamartine l’a dit il y a bien longtemps, mais « dépeuplé » reste un euphémisme pour tout Marseillais. Un mois que nous sommes confinés et un peu plus que nous avons vu l’OM jouer pour la dernière fois. Il est dur, c’est vrai, de se contenter de quelques vidéos Instagram ou de quelques rediffusions incessantes. Bien plus quand on est Marseillais. Avec une Ligue des Champions à portée de mains et une égalisation d’Amiens lors de la dernière journée, il faut bien reconnaître que c’est assez dur pour nous, passionnés de football et de l’OM, de rester ainsi sur notre faim.
La montée en puissance
Un match se termine, victoire ou non, il ne faut pas deux jours pour qu’on se tourne vers le prochain. Pronostiquer, se mettre à la place du coach Villas-Boas pour composer le XI de départ et pour les plus chanceux, acheter son billet. Toutes ces petites attentions qu’on effectue chaque semaine ne semblent pas être grand chose, et pourtant… Cela fait notre quotidien, cela fait notre bonheur d’Olympien.
Veille de match, veille de rendez-vous important. Que ce soit Toulouse ou Lyon, la victoire doit être là, au coup de sifflet final. C’est alors que le stress monte, que les suppositions, les calculs et autres remarques pessimistes ou optimistes fusent. Vous vous reconnaissez forcément là-dedans. Aux quatre coins de la France comme du Monde, chaque supporter marseillais a cette ferveur en lui et cette tension avant de voir rentrer les joueurs sur le rectangle vert.
Les groupes de supporters se réunissent, mettent l’ambiance dans les rues, le vieux port et le boulevard Michelet. Trop de monde pour les voisins indifférents, mais un nombre indispensable pour les supporters. Les fumigènes amènent nuages rougeâtres et chaleur ambiante. Un craquage qui en vaut la peine lorsque c’est pour supporter son club de toujours.
Le Vél’ en fusion
Ceux-ci forment alors les tribunes, ils les colorisent. Une teinte bleue vient s’ajouter à la blancheur des sièges. On se demande presque s’il y a des passionnés adverses présents dans ce stade… Cette antre magnifique, ce dôme magique. Il peut tout s’y passer et tout le monde l’envie et l’encense.
Fermez les yeux et imaginez-vous au milieu de la foule. Les cris, les chants, les « Aux Armes », même une personne qui n’a pas encore eu la chance de goûter au Vélodrome peut en avoir des frissons. Aucun débat n’est possible et le manque doit être insupportable pour ceux qui en ont fait leur deuxième maison depuis des lustres.
Ce n’est pas autre chose que de la joie et de la fierté qu’on lit sur les dizaines de visages après ce but de Morgan Sanson. C’est un volcan en fusion qui laisse exploser sa joie au milieu de la cité phocéenne.
Et être menés au score n’y change rien. On pousse, on rage, on s’arrache les cheveux ! Et au bout du compte, le mental soulève des montagnes. Pas toujours, c’est vrai, mais on ne peut accepter un discours qui prétend que Villas-Boas n’a pas offert un soupçon de plaisir en plus dans cet effectif…
Villas-Boas et ses hommes
La célébration et les liens qui unissent les joueurs et le staff sont des choses primordiales. Merci aux personnes nous donnant le sourire par leurs « Objectif match » ou leurs résumés en coulisses. Villas-Boas, Rongier, Benedetto et Álvaro sont arrivés pour la première fois à Marseille cet été et c’est comme s’ils avaient toujours été là. La bonne intégration ne peut pas être niée. Et cela aide beaucoup pour les résultats et le moral de tous.
Cette impression de voir de bons copains, fiers de toute une prestation. Les « Yaaaayy » du coach, les tentatives de français de nos Hispaniques et les taquineries entre les joueurs. La communion avec les virages… Tous ces ingrédients qui font que cette saison n’est pas anodine.
Les passes somptueuses de Payet, les tacles millimétrés de Kamara, comme les transversales de Ćaleta-Car. Mandanda et ses mains fermes, et la grinta argentine que l’on pensait voir disparaître dans les valises d’Ocampos mais qui est revenue au galop avec Benedetto. Même Amavi, qui a laissé ses mauvaises performances dans les cheveux qu’il a rasés, nous manque un peu. Tout est bon dans cette énumération pour avoir le cœur serré et avoir une envie plus forte que jamais de retrouver notre Ligue 1.
Olympique et compagnie
N’oublions tout de même pas qu’il y a les féminines ainsi que les minots de la formation. Tous se doivent de rester chez eux et tous créent un manque chez les supporters. Que les résultats soient bons ou non, l’envie de voir des joueurs et joueuses s’exercer sur un terrain, écusson de l’OM sur le cœur, n’est pas à remettre en doute. Surtout que bon nombre d’entre vous se passionnent pour eux et n’hésitent pas à les suivre et les encourager. Ils sont l’avenir du club, ils sont le maintien de la parité dans le football, ne les négligeons pas.
Un goût d’inachevé
Il y a l’instant du match, de l’avant et de l’après qui manquent mais il y a aussi toute cette saison, qui reste en suspens. « Insupportable » est le mot, quand on pense à la fin de la saison qui n’aurait jamais été aussi proche si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous, Marseillais, dans une possible Ligue des Champions, Thauvin, lui, enfin de retour pour de bon. Quel goût amer nous laisse cette suspension soudaine.
Ce manque se qualifie donc par cette envie de voir un dénouement à cet exercice 2019-2020. Un dénouement synonyme de joie, logiquement et on l’espère, avec ce que l’OM nous a montré cette saison. Mais malheureusement, le mérite ne suffit pas dans le football, et il faut bien des batailles pour remporter une guerre. Alors, la coupe aux grandes oreilles devra se laisser désirer par tous les Phocéens du monde. Cela va probablement reprendre d’une certaine manière (ou se figer voire s’annuler) , mais en attendant, ce besoin de voir l’OM commence à peser.
Florian Thauvin n’en dira pas moins. Lui qui venait de refouler la pelouse, lui qu’on attendait tous avec tellement d’impatience. Tout est interrompu, en plein élan. Et bien que les résultats n’étaient plus aussi bons qu’il y a quelques mois, il nous faut désaltérer cette soif de buts, de ferveur et de bonnes prestations, individuelles comme collectives. Peu importe, rendez-nous notre OM !
Au sein de cet article, on ne vous a rien appris, on ne vous a donné aucune information, car le but était plutôt de vous replonger dans le bonheur que procure l’OM chaque jour. Et de ne se rappeler que des bonnes choses en ces temps si difficiles. Après des décès marquants pour l’institution et la tragédie qui touche chaque pays, on se doit de garder une part de positivité. Courage à tous et notre club nous reviendra plus vite qu’on ne le pense.