Peuple Olympien est allé à la rencontre de Vincent Collet, joueur de l’US Thionville-Lusitanos. Une semaine avant les 32èmes de finales de Coupe de France qui oppose son équipe à l’OM, il a accepté de nous partager ses impressions.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Votre parcours, votre poste préférentiel et votre style de jeu également.
Je m’appelle Vincent Collet, j’ai 23 ans. Après 1 an dans le club de mon village, j’ai été formé à Metz de mes 6 à 20 ans. J’ai disputé une dizaine de matchs amicaux avec l’équipe première mais aucun match officiel. J’ai aussi été sélectionné en EDF de U16 à U19 avec notamment un Euro et une Coupe du Monde disputés. Après le covid, ça été dur de rebondir donc j’ai fini au Luxembourg et désormais je joue avec Thionville, qui représente bien ma région. Je joue au poste de latéral droit et gauche depuis quelques années. J’apprécie aussi le poste de 6, je kiffe toucher le ballon et c’est un poste qui, je pense, sera plus qu’une option dans le futur.
Vous avez donc été formé au FC Metz, j’ai cru comprendre que vous avez déjà joué avec Ismaïla Sarr, vous confirmez ?
Oui, au tout début. Lorsqu’il est venu, Isma a dû faire quelques entraînements avec la réserve à l’époque où j’ai commencé en réserve. Mais je n’étais pas encore en professionnel quand il est arrivé.
Vous l’imaginiez faire la carrière qu’il fait aujourd’hui ?
On a un gros vivier à Metz avec Génération Foot, où pas mal de Sénégalais ressortent de là. C’est un gros plus pour Metz. Honnêtement, les joueurs, c’est comme plein de joueurs avec qui j’ai joué. Je peux citer Aurélien Tchouaméni, dont je ne pensais pas qu’il aurait pu aller aussi haut. Isma a des capacités de percussion, de vitesse d’enchaînement qui l’ont rendu très apprécié en Angleterre notamment. On sait très bien qu’avec l’Angleterre ça va très vite. Ca me fait plaisir qu’un joueur que j’ai pu côtoyer, même si je me suis entraîné seulement 2-3 fois avec, réussisse de cette manière-là.
Quelques mots sur votre saison et notamment votre parcours en Coupe de France ?
Le club est né d’une fusion en 2021 entre les Portugais de Thionville et le FC Thionville. Le président, M. Vencitri, a repris les rênes du club. On m’a d’abord proposé de venir en R2 mais j’ai refusé puisque j’avais pour but de continuer ma progression, car je m’entraînais tous les jours etc. Pour moi ce n’était pas envisageable de partir là-bas à ce moment-là. Ensuite, quand c’est monté en R1 et en raison de certaines règles luxembourgeoises inadéquates, j’ai rejoint l’US Thionville-Lusitanos. Ce club-là est très bien organisé, ils savent où et à quel niveau ils veulent aller. Pas mal de joueurs reviennent du FC Metz, de l’ASNL. Certains ont déjà disputé des qualifications en Coupe d’Europe. Après, sur notre saison, on est premiers de notre groupe, invaincus en championnat. Ce qui fait notre force, c’est que ce club est un club familial, tout le monde se connait bien et c’est un club qui reste dans la région. On a des joueurs qui sont d’à côté donc ça ramène des gens de chez nous, de la famille. Ça regroupe vraiment l’esprit que Thionville veut montrer : qu’il y a de bons talents dans notre région, qu’il ne faut pas les négliger et leur donner leur chance. Le plus important, ça serait la montée en N2. La CDF, c’est que du plus pour nous. Bien sûr, c’est un objectif aussi d’aller le plus loin possible. Je pense qu’on a déjà fait un magnifique parcours. On a joué en Nouvelle-Calédonie, on bat une Ligue 2 1-0. En plus, c’était Annecy (rires). C’était sûr qu’on allait tirer l’OM après les avoir battus, on sentait la patate venir.
On a vu à travers les réseaux sociaux votre belle réaction lorsque vous avez tiré l’OM, certains joueurs sont supporters du club ?
Ce match là est un accomplissement de nos deux saisons, mais l’objectif est quand même de remporter le match, on n’est pas là pour perdre non plus. Que ce soit l’OM, Paris, qui vous voulez, nous on est aussi là pour continuer notre série d’invincibilité. Ça serait incroyable de gagner contre l’OM qui plus est. On est déjà très contents de regrouper toutes nos familles, j’espère que ça sera une grosse fête, notamment car il y a beaucoup de personnes qui sont fans de l’OM dans l’équipe, et parce que la ferveur marseillaise regroupe beaucoup de personnes. On est content que ça soit une fête avant tout. Donc bien sûr, sur le terrain, ça va être la guerre, mais on sait très bien que c’est une fête pour tout le monde et c’est ça qui est cool. Je n’aime pas partir en clash ou autre, j’ai même contacté des personnes comme Mohammed Henni afin qu’il vienne au stade. Malheureusement, ça ne va pas le faire car ça engage beaucoup de voyage. Mais j’ai vraiment envie que ça soit une fête et que chaque joueur profite de ce moment-là pour donner un beau spectacle avant tout et que le meilleur gagne.
Vous comptez aborder ce match de manière différente, comme avec une animation de jeu particulière, ou simplement jouer comme un match de N3 ?
Je ne sais pas encore, c’est le coach qui nous en parlera. Mais on a rarement changé notre style de jeu, on a toujours joué de la même façon. Puis si on en est arrivés là, c’est aussi car on joue notre jeu. Je pense que c’est ce qui fait notre force. Bien sûr que tu t’adaptes à l’équipe adverse, on va analyser tout ça mais on connaît l’OM. Il y a des joueurs de très très haut niveau. On sait très bien comment ça se passe et puis dans la logique des choses, c’est un match où l’OM doit nous sortir. Mais Annecy c’était pareil. C’est la magie de la Coupe. Je pense qu’on va miser sur nos armes à chaque fois et qu’on va jouer de la même manière dans tous les cas.
Quels sont vos joueurs préférés à l’OM ? Quel est celui que vous redoutez le plus parmi les présents dimanche ?
J’adore Amine Harit. D’ailleurs, je suis bien content qu’il soit à la CAN. J’aurais bien aimé jouer contre lui mais je pense qu’il fait mal aux reins donc on va éviter. Après bien sûr, il y a Aubameyang. On peut dire et critiquer qui on veut, mais ça reste un joueur extrêmement professionnel. J’aime beaucoup Clauss aussi car c’est un latéral. Et puis il sent le football. Il y a un joueur qui m’impressionne vraiment ces derniers temps : c’est Veretout. C’est une sacrée caisse. Je ne vais pas dire qu’il me fait peur parce qu’on n’a pas peur. Comme dirait quelqu’un : « C’est 11 humains contre 11 humains. » Mais Veretout est vraiment très impressionnant par son intensité, son engagement. Un peu à la manière de Gigot aussi. Voilà, c’est du professionnel, j’ai pu côtoyer ce niveau-là avec Metz. Nous ça reste amateur mais on se rapproche petit à petit d’un niveau qui nous correspond plus et on va mettre toutes les armes de notre côté. Pour moi, le joueur c’est Harit. C’est un joueur qui, pour moi, a un style de jeu vraiment imprévisible, j’adore ça. On a un joueur dans notre équipe qui est lui aussi imprévisible, qui fait mal à beaucoup de défenseurs. Pour les latéraux, c’est un mystère de défendre sur des joueurs comme Harit en fait.
Quels sont les joueurs à surveiller particulièrement dans votre équipe ?
Nous, c’est surtout un collectif, comme les équipes de N3 qui font un parcours en Coupe de France. C’est pour ça qu’on a battu Annecy, on a vraiment un collectif bien huilé, qui se complète bien. On est comme une famille, tout le monde se connaît depuis pas mal de temps. Il y en a qui ont joué ensemble il y a 10 ans. Notre force, c’est vraiment notre collectif, cet aspect familial, de regroupement, qui peut nous porter, nous pousser très loin dans nos retranchements.
Sur le ton de la rigolade, lequel aurait sa place à l’OM ?
Un qui aurait sa place à l’OM ? Il n’y en a aucun (rires). Il y a de très bons joueurs mais il ne faut pas se leurrer. Tu peux être très bon en N3 et être vraiment dégueulasse en Ligue 1. Et c’était mon cas donc je peux le confirmer. C’est pas le même niveau. Si je devais en citer un, ça serait notre défenseur central, et personne ne s’y attend, c’est Ferino. Mais c’est parce qu’il a de l’expérience. C’est un très bon défenseur qui a pu disputer des qualifications de Coupe d’Europe. C’est différent, c’est pas le même niveau. Le foot peut aller très vite des deux côtés. C’est ça qui est bien, c’est une avalanche de surprises et d’émotions. C’est pour ça que ça fait vibrer autant de personnes, surtout à Marseille.
Vous allez jouer dans un stade Saint-Symphorien à guichets fermés, qu’est-ce que cela représente pour vous qui avez été formé à Metz ?
Comme je l’ai dis auparavant, c’est vraiment l’accomplissement de tout le boulot que fait le club depuis la fusion. Je préfère le vivre comme une fête, ne pas avoir de pression et vraiment tout donner sur le terrain, de ne plus en pouvoir, peu importe le résultat. C’est une saveur un petit peu particulière pour moi aussi. C’est là où j’ai commencé, mon premier match professionnel entre guillemets, c’est un terrain que je connais très bien, où j’ai eu du mal forcément à m’imposer dessus. Ce n’est pas une revanche, seulement du pur plaisir. Maintenant, je prends le foot, et je pense que c’est comme ça que les gens réussissent à percer ou autre, comme une passion, un plus et pas comme une source de stress. Si j’ai l’OM ou peu importe à côté de moi, je vais essayer de jouer le même style de jeu et ne pas déformer ça. C’est un accomplissement sur pas mal de saisons du club, deux ans pour moi. Deux ans que je suis là et que je fais des vidéos sur Internet et par là ce qui est bien, c’est que ça laisse des souvenirs incroyables, peu importe le résultat du match. Ce parcours et ce qu’on a fait cette saison est incroyable, même si ce n’est pas fini, et j’espère que ça ne sera pas fini le 7 janvier, mais notre but est de continuer cette série d’invincibilité.
Pour finir, un pronostic sur la rencontre ?
Je n’aime pas trop me porter l’œil (rires). C’est pas vraiment un pronostic, mais j’espère une victoire de Thionville. J’espère que ça sera une sacrée fête et si on peut éliminer l’OM, on le fera, ça sera avec grand plaisir. Même si l’OM a eu des difficultés en Coupe de France ces dernières années, ça reste l’OM, il ne faut pas se leurrer. Le projet n’est déjà pas le même que le nôtre, mais ce n’est pas non plus le même que les années précédentes, il est tiré vers le haut de l’Europe. Ça me fait plaisir de voir des club français qui le font, tout comme Lens. Ça fait plaisir de voir tout cet engouement autour de ce match. Si c’était un club moins huppé, je ne pense pas qu’on aurait rempli le stade. Je prends ça comme une fête, et recevoir l’OM et cette ferveur qu’ont les supporters, c’est incroyable. Je ne vais pas dire un rêve de gosse mais si. Tu remplis le stade avec un club amateur. On aura beau dire ce qu’on veut, c’est aussi notre match et un club de N3 qui remplit le stade. C’est incroyable pour notre club. Quand je vois des coéquipiers qui, il y a un an, étaient torse nu au Vélodrome, ça va être incroyable.
Merci à Vincent Collet aka @Nuevins sur les réseaux d’avoir accepté de répondre à nos questions. N’hésitez pas à visiter sa chaîne YouTube pour assister aux coulisses de l’équipe de l’US Lusitanos. Rendez-vous dimanche 7 janvier à 14h30 pour la rencontre US Thionville-Lusitanos – OM. On leur souhaite un bon match et que le meilleur gagne !