93ème minute du match Marseille-Montpellier : les deux équipes sont à égalité malgré une large domination marseillaise. Dimitri Payet invective l’arbitre Amaury Delerue, après que ce dernier lui ait donné un carton jaune. « Enc*lé ». Le meneur de jeu marseillais se fait logiquement exclure. Le résultat de la rencontre restera nul et ce carton rouge – le troisième de la rencontre après ceux donnés à Jordan Ferri et Boubacar Kamara – ne viendra pas changer la fin de match.
Malheureusement, pour les Phocéens, la sanction ne s’arrête pas là et Dimitri Payet voit sa suspension monter à quatre matchs. La suite, nous la connaissons. L’OM se déplace à Dijon et reçoit Rennes ; ces rencontres se soldent par des matchs nuls soporifiques où l’animation offensive et le niveau de jeu olympiens font peine à voir. Pire, le déplacement à Amiens tourne au désastre : une correction 1-3 au Stade de la Licorne et un recul à la septième place alors que Marseille devrait jouer les avant-postes dans une Ligue 1 où tout semble possible. Dimitri Payet a-t-il sa part de responsabilité dans la mauvaise passe que traverse le club ? Analyse.
Manque de professionnalisme
Premier recrutement phare depuis le rachat de l’OM par Franck McCourt en octobre 2016, Dimitri Payet symbolise l’ambition du projet olympien. En effet, il est un joueur expérimenté, auteur d’une excellente saison à West Ham lors de l’exercice 2015-2016 et titulaire en sélection nationale lors de l’Euro 2016. Aussi, son retour sous la tunique bleue et blanche a ravi les fans. Par ailleurs, le montant -environ 30 millions d’euros- indique la place prépondérante qu’attend l’OM de lui: un meneur de jeu, qui prend ses responsabilités et tire son équipe vers le haut.
André Villas-Boas a désigné Steve Mandanda capitaine de l’équipe marseillais pour cette nouvelle saison. Cependant, l’an passé, Dimitri Payet portait le brassard sous l’ancien entraîneur phocéen Rudi Garcia. D’aucuns avaient douté de son leadership et de son professionnalisme. Son exclusion piteuse contre Montpellier tendrait à leur donner raison.
Une Payet-dépendance dans le jeu
Ne grossissons pas le trait : la présence de Dimitri Payet à l’OM n’est pas un échec. Auteur de prestations souvent en demi-teinte, il a su éclabousser le terrain de toute sa qualité technique. On se souvient notamment de la campagne européenne 2017-2018. En revanche, il semble parfois s’effacer, avoir des périodes creuses ou en méforme physique. On se souviendra de l’an passé où, à l’instar d’autres cadres effectifs, il a été cantonné à un rôle de remplaçant.
Néanmoins, ce qu’on remarque le plus chez Dimitri Payet, ce sont les effets de ses absences. « No Payet, no party ». « Un seul être vous manque et tout semble dépeuplé ». Ces punchlines, lancées par des groupies sur les réseaux sociaux, illustrent bien la capacité du réunionnais à être le dépositaire du jeu marseillais. Ainsi, cette tendance se confirme lors des derniers matchs de l’OM. En somme, pendant ses suspensions, les Marseillais n’ont inscrit que deux buts. Le premier est arrivé sur coup de pied arrêté, le second sur une performance individuelle de Dario Benedetto. Cette faiblesse offensive illustre parfaitement un jeu démuni d’inspirations et d’initiatives collectives.
Une absence qui révèle les (trop) nombreuses faiblesses de l’OM
Au fond, la suspension de Dimitri Payet, couplée à l’absence de Florian Thauvin, lève le rideau sur le réel niveau de l’effectif marseillais. Tout d’abord, l’OM ne lui a pas trouvé de remplaçant ou de joueur au même profil technique et tactique. André Villas-Boas a tenté de composer en positionnant Morgan Sanson comme un 10, dans un milieu à trois revisité. Cependant, force est de constater que l’animation offensive a été particulièrement laborieuse…
L’absence de Dimitri Payet montre le manque de profondeur de l’effectif. Nemanja Radonjic, qui l’a remplacé sur le flanc gauche de l’attaque olympienne ne rassure pas. Le jeune Marley Aké paraît encore trop tendre pour le niveau de la Ligue 1. Enfin, Valentin Rongier, qui pourrait compenser par sa vision de jeu et sa qualité technique, a du être reculé en milieu récupérateur car l’OM ne compte pas de 6 de métier pour la Ligue 1. Comme disait un certain Rudi Garcia, « l’effectif est bâti en dépit du bon sens ».
Du courage
Ainsi, la mauvaise passe de l’Olympique de Marseille ne serait pas tant due aux frasques de son ancien capitaine mais davantage aux erreurs des précédents mercatos. Il faudra donc bien du courage à AVB pour arriver à se défaire de ce casse-tête sportif, alourdi par les absences de ses individualités. Du courage aussi pour les supporters qui ne s’imaginaient pas (re)vivre l’expérience piteuse d’une équipe en perdition et d’une direction irrécupérable.