Accroché à domicile par Strasbourg (1-1) pour la reprise de la Ligue 1, l’OM confirme ses grandes difficultés après le match peu abouti face à Thionville en Coupe de France. Dans une rencontre que Marseille a mené très rapidement après l’ouverture du score de Gigot, le contenu n’aura jamais permis de se mettre à l’abri avec un deuxième but. Pire, l’équipe de Gattuso n’a fait que souffrir pour protéger ce petit avantage qui n’a pas tenu. Inquiétant avant des rencontres bien plus compliquées, et des interrogations majeures quant à l’approche tactique de l’entraineur.
Installé dans un nouveau schéma collectif, Gattuso pensait que son équipe pourrait enchainer les victoires, allant même jusqu’à accorder des interviews pour vanter sa capacité personnelle à s’adapter et à proposer des solutions. Le problème, c’est que depuis que l’entraineur est sur le banc de l’OM, ni les résultats, ni le jeu sont au rendez-vous. Le match étriqué face à une équipe de Thionville, située quatre divisions en dessous de la Ligue 1, n’a pas mis la puce à l’oreille d’un Gattuso qui patauge totalement dans un environnement bien trop compliqué pour lui. En alignant la même équipe, à l’exception d’un Renan Lodi écarté, en attente d’un transfert, les mêmes lacunes dans le jeu sont apparues et le but inscrit très tôt n’aura pas permis de conserver le score, comme ce fut le cas face à une équipe amateur en Coupe de France.
Strasbourg a dominé la quasi-totalité du match, se procurant un nombre très important de situations, mais a manqué de justesse à l’approche de la surface de réparation adverse. Il aura fallu des changements de Patrick Vieira pour que les Alsaciens parviennent à égaliser et ramener un point logique de cette rencontre au Vélodrome. Sebas a égalisé, Sahi Dion a même eu la balle de match quelques secondes plus tard. Et finalement, c’est l’entraineur du RCSA qui obtient le résultat espéré.
Gattuso, de son côté, n’a fait que subir comme à son habitude. Incapable d’imprimer une identité de jeu à son équipe, incapable de faire les bons changements pour marquer un deuxième but ou alors pour tenir un score. Gattuso ressemble à un homme qui subit le cours des choses et qui est dans une incapacité totale à apporter une plus-value à son club. Certes, les trois défenseurs centraux (Meité – Balerdi – Gigot) ont souvent tenu la baraque, mais le système à 5 avec Murillo et Clauss commence déjà à montrer des limites incroyables.
En plaçant Murillo dans le couloir gauche, sur son mauvais pied, les zones de jeu sont restreintes et ne permettent pas d’utiliser les séquences de possession du ballon. L’axe et le milieu de terrain pourraient alors permettre de prendre un avantage, mais là encore c’est une défaillance totale, avec une densité en nombre et pourtant un secteur perdu face à Strasbourg. L’OM ne peut développer son jeu nulle part, n’arrive pas à trouver ses attaquants Aubameyang et Vitinha, car Kondogbia et Veretout sont bien trop loin. Et là encore la lecture faite par Gattuso semble lunaire : la seule recrue hivernale est un milieu de terrain défensif, quand Nadir montre des limites flagrantes et prévisibles plus haut sur le terrain.
Un mercato hivernal néfaste pour la reprise
N’ayant pas anticipé les besoins et la nécessité de recruter dans le secteur offensif, le secteur sportif laisse Pablo Longoria naviguer à vue. L’entrée d’Onana face à Strasbourg ne laisse rien présager de bon, mais pire encore, le mercato hivernal est pour l’instant extrêmement néfaste, puisque Lodi est préservé pour un éventuel transfert, alors que l’OM ne dispose d’aucun autre latéral gauche dans son effectif. Soglo a montré des choses intéressantes en début de saison, mais il est mis au placard depuis. Sans latéral gauche, avec un Vitinha qui produit des performances de plus en plus abominables et qui semble satisfait de son niveau ubuesque, l’OM n’avance pas et montre des limites qui ne peuvent permettre le podium de Ligue 1. Marseille est contraint d’avancer sans perspective de progression imminente, et la seule lueur d’espoir à l’heure actuelle est un changement d’entraineur l’été prochain.
La recherche doit d’ores et déjà débuter car la fin de saison s’annonce très compliquée du côté de Marseille. Le propriétaire Frank McCourt ne semble pas vouloir investir d’argent, tout du moins pour le moment, et le calendrier s’annonce bien plus compliqué qu’une réception de Strasbourg. Le déplacement à Rennes en Coupe de France, les matchs face à Monaco puis à Lyon en Ligue 1, seront des oppositions bien plus relevées que celle de Strasbourg. Et Gattuso va aborder ces rencontres avec son atout favori : les duels. Son bloc bas doit tout miser sur des duels, de l’impact, à des années-lumières du niveau requis en Ligue 1.
Gattuso ne s’adapte pas, il espère des miracles. L’entraineur actuel de l’OM ne comprend pas les schémas, ne s’y intéresse pas, et espère que la hargne et les contacts physiques (avec ses joueurs ou sur les adversaires) vont permettre à l’OM de gagner des matchs.
La capacité d’action pour Pablo Longoria est réduite, puisqu’il n’envisage pas à priori de se positionner sur le banc de touche comme entraineur. Mais il doit également se rendre compte qu’il ne compense pas les lacunes (ou le manque total) d’activité de son secteur sportif. Il restera alors la solution Papin si les semaines prochaines plongent l’OM dans une crise de résultat, ce qui est envisageable, mais il restera surtout à anticiper l’été à venir pour ne pas rater le tournant cette fois-ci. L’entraineur choisi devra être le bon, avec une idée précise de ses mises en place, et une capacité des dirigeants à lui apporter les joueurs demandés. Le feu n’est pas éteint par le pompier Gattuso, qui agite une serviette mouillée au-dessus de l’incendie. La reconstruction passera par un homme qui a le niveau individuel pour l’OM, reste à savoir le nom de celui-ci.
