Si peu d’enseignements ont pu être tirés de la conférence de presse d’hier, quasi-exclusivement dédiée à la présentation de l’accord avec UberEats, elle a malgré tout servi de support à la présentation des nouveaux maillots ornés du logo de la marque. Pas sûr cependant que Jacques-Henri Eyraud et les responsables de la communication de l’OM s’attendaient à de telles réactions, pourtant prévisibles.
Depuis quelques semaines, les supporters marseillais semblaient mitigés à l’idée d’une collaboration avec le géant américain, mais rien n’est allé en s’arrangeant avec la conférence d’hier et l’apparition sur la tunique domicile d’une couleur verte qui a fait bondir bon nombre de supporters marseillais. Outre le rendu esthétique douteux du « Eats » vert pomme, l’apparition de cette couleur fait surtout insulte à plusieurs décennies d’histoire du club et de ses supporters. Explications.
C’est donc par un énième couac de communication que s’est conclue cette première conférence olympienne de la saison. Si les supporters ciel et blanc se sont habitués aux sorties ratées des dirigeants, la dernière en date a du mal à passer. Ce rejet du maillot rappelle d’ailleurs celui de l’ensemble « third » de la saison 2017-2018, dont le violet était sensé faire référence au Football Club de Marseille, duquel est issu l’OM. Des réserves avaient été émises alors, mais dans une bien moindre mesure qu’aujourd’hui.
Or, cette fois, le problème posé par UberEats ne relève pas uniquement de l’esthétique, mais va a l’encontre de l’histoire du club. Et comme il n’y a pas d’histoire sans supporters, nous avons demandé à la Vieille Garde du Commando Ultras 84 pourquoi le vert sur la tunique marseillaise était une hérésie. La réponse, beaucoup la connaissent : Saint-Étienne.
En effet, dans les années 60, époque où le club numéro un en région parisienne se nommait le Red Star, et où Lyon n’avait aucun titre en Division 1, le principal concurrent de l’OM n’était autre que l’AS Saint-Étienne (la concurrence avec Bordeaux, elle, ne prendra de l’ampleur qu’à la fin des années 80 avec la célèbre rivalité Bez-Tapie).
L’OM avait donc trouvé là son premier rival de premier plan. Cependant, le club olympien est à ce moment-là dans l’ombre de son ennemi forézien, peinant à accéder au plus haut niveau, le président marseillais contraint de subir les railleries de son homologue. Dans les années 70, le club stéphanois est au zénith avec en point d’orgue la finale européenne de 1976. L’OM arrive malgré tout à tirer son épingle du jeu avec 2 titres en 1971 et 1972 qui mettent à mal la toute-puissance stéphanoise. Mais ce n’est qu’à la fin de la décennie suivante que les débats s’équilibreront, voyant finalement l’OM revenir et surpasser les Verts, une supériorité affirmée sur le tard mais avec la manière en 1993 sur la scène européenne.
Toutefois, la rivalité a réellement pris une nouvelle dimension à partir de 1984. Par la création de leurs groupes ultras respectifs, le Commando Ultra (1984) et les South Winners (1987) côté phocéen, les Magic Fans (1991) et les Green Angels (1992) de l’autre, les antagonismes sont devenus toujours plus forts, parfois violents. Les Stéphanois sont moqués pour s’être formés à la culture ultra à Marseille. Vols de bâches, affrontements de rue, les années 1990 et le début des années 2000 voient de fortes tensions s’exercer entre les ultras des deux clubs.
Si l’heure n’est plus aux combats de rues, les rivalités restent et les Ultras aiment à le rappeler très justement. L’histoire du club telle qu’elle existe constitue l’identité d’un club, notamment à travers ses symboles. Ainsi, ce bref retour dans le temps nous rappelle pourquoi le vert est banni à jamais des maillots marseillais.
Nous conclurons donc ainsi, en remerciant très chaleureusement l’ensemble des supporters qui nous ont rafraîchi la mémoire sur les réseaux sociaux notamment, qui, comme toujours à Marseille, ont pris leurs responsabilités afin de rappeler que l’institution OM passe avant tout, et que ses symboles ne peuvent pas être bafoués de la sorte.
#PasDeVertSurNotreMaillot
Sources : @Vieille Garde CU84 @La Provence @90min.com
Images : @SportBuzzBusiness @Foot01 @Football Club de Marseille @commandoultra84.com