À son arrivée à l’été 2018, en remplacement de Zambo Anguissa, on s’enthousiasmait du recrutement de celui qui avait porté le club de la Louve en demi-finale de Ligue des Champions. Il devait former avec Luiz Gustavo, le meilleur milieu de terrain de Ligue 1. Depuis, les choses ont changé et il est annoncé sur le départ. Retour détaillé sur le passage de Strootman sur la Canebière, de la genèse à son épilogue.
Mauvais timing
Aux prémices d’un loupé
D’ores et déjà à son arrivée, il est scruté de près par les observateurs et les supporters du club. En cause, son salaire élevé (500 000 euros bruts par mois), ainsi que son prix d’achat. Il est en effet le second transfert le plus cher de l’histoire du club et ce, juste derrière un certain Dimitri Payet.
Avec une indemnité de transfert de 25 millions d’euros, hors bonus, le board olympien aura surpassé les espérances romaines. Et ce malgré le contexte financier défavorable à l’OM.
C’est auréolé de ce statut de second transfert le plus cher de l’histoire du club et des attentes inhérentes à un tel statut, qu’il arrive sur la Canebière.
Bonnes augures
Pourtant, l’arrivée du vice-capitaine des Oranjes s’annonçait bien.
International néerlandais, cadre de la sélection batave, titulaire indiscutable à la Roma comme en sélection.
Il sort de deux saisons pleines à l’AS Roma, où son double pivot avec Leandro Paredes aura porté son club sur le podium de Serie A et en demi-finale de Ligue des Champions.
Demi-finale, où Kolarov pensait avoir qualifié son équipe après sa superbe reprise de volée mais le coup de sifflet final avait déjà retenti. Les romains seront éliminés après avoir failli rééditer une folle remontada.
Son passage à la Roma, est positif et ce malgré deux saisons blanches.
En effet, en mars 2014 il se blesse aux ligaments croisés, il est opéré. Il revient en janvier 2015, avant de rechuter. N’ayant joué que 14 matchs pour les Romains durant cette période. Le Néerlandais ne redeviendra titulaire qu’en mai 2016. Et s’il retrouva une partie de son niveau, il perdit sa rapidité et sa vitesse d’exécution qui en avaient fait un des plus grands espoirs mondiaux à son poste.
Il dispose néanmoins d’une autre faculté : rendre propre tous les ballons qui lui passent entre les pieds, ce qui lui valut le surnom de « Machine à laver ».
En résumé, il s’agit d’un joueur d’expérience, efficace, offrant un certain nombre de garanties et qui sort de deux saisons pleines avec la Roma.
Toutefois, il a un passif lourd en blessures. Voici le contexte à son arrivée à l’OM en août 2018.
Tempête à l’arrivée
Écartons Strootman quelques instants, afin de comprendre le contexte marseillais. Le club ressort d’une saison marquée par une finale perdue d’Europa League, ainsi qu’une quatrième place avec un nombre record de points (77 points) et surtout une non qualification en Ligue des Champions.
Ainsi, le club se retrouve avec un déficit de 78,5 millions d’euros, dépassant de huit millions le seuil maximal autorisé par le Fair-Play Financier. Cette situation vaudra une sanction de 100 000 euros au club phocéen.
Toutefois, cela signifie que le club doit équilibrer ses comptes, en vendant un ou plusieurs éléments et en ne recrutant pas dispendieusement.
Cet été a donc logiquement vu la vente de plusieurs joueurs. À commencer par le héros malheureux de la finale d’Europa League : Zambo Anguissa. Complétées par les ventes de Dória et de Rémy Cabella, l’OM obtient 32,85 millions d’euros.
Ce maigre pécule fut dépensé sans compter et l’OM termina le mercato de l’été 2018 avec une balance négative de 33,15 millions d’euros. La saison 2018-2019 se terminera avec un déficit colossal de près de 91,5 millions d’euros.
Voici donc le contexte sportif et financier à l’arrivée de Strootman sur le vieux port. Il arrive dans un mauvais timing : le club a un déficit exceptionnellement élevé et ne joue pas la coupe aux grandes oreilles.
Arrivée record
L’arrivée de Strootman bat bon nombre de records côté Phocéen. À savoir qu’il obtient l’un des plus gros salaires de l’histoire de l’OM, soit plus de 500 000 euros par mois.
Il est également le second plus gros transfert de l’histoire de l’OM derrière Dimitri Payet, avec un transfert évalué à 28 millions d’euros. Il manque de battre le record de Dimitri Payet, qui est lui établi à plus de 30 millions d’euros.
Adaptation manquée
Blessé d’entrée de jeu
On ne le saura que plus tard mais à son arrivée sur le boulevard Michelet, Strootman était blessé !
Si son problème au genou était connu, il souffrait à ce moment d’une hernie discale !
Dur au mal, il sera titulaire quatre jours plus tard face à l’AS Monaco, match à l’issue duquel il sera par ailleurs élu homme du match !
Et le sera quasi-indiscutablement jusqu’en février où il manquera deux matchs à cause de ses adducteurs. S’ajoutant à cela le tandem Sanson-Lopez qui sera installé dans le 4-4-2 de Rudi Garcia.
Au bilan de cette première saison, 34 matchs joués avec l’OM, un but et cinq passes décisives. Soit un total somme toute honorable et meilleur que sa saison précédente à Rome. Toutefois, il ne fut pas très convainquant dans le jeu et ce à l’image de cet OM 2018-2019.
Première saison de l’ère Villas-Boas
Lors de la saison suivante, malgré le départ de Luiz Gustavo, il reste cantonné à la rotation, avec un temps de jeu très convenable. Rentrant quasi-systématiquement en jeu, il est titulaire durant 16 de ses 30 matchs. Il sera également décisif, avec près de deux buts et six passes décisives lors de cette saison 2019-2020.
Fin de l’aventure phocéenne
Cette saison-ci, il ne sera titulaire qu’une seule fois en 13 apparitions et aura un temps de jeu beaucoup plus réduit. Ce à cause de l’explosion de Pape Gueye et à l’arrivée de Cuisance. Cependant, il continue d’apporter sa stabilité et son expérience en parallèle.
Départ impossible
À peine arrivé, déjà à vendre
Dès lors que la saison 2018-2019 fut finie, l’OM chercha un acquéreur pour pour son milieu relayeur au salaire ravageur.
Peine perdue. Et quand la Roma se proposa de racheter le joueur, le club phocéen y opposa une fin de non-recevoir. Offre insuffisante ou gourmandise des dirigeants phocéens ? Toujours est-il qu’il resta à la Commanderie pour la saison 2019-2020.
Vient l’été 2020 et son absence de piste sérieuse pour le relayeur néerlandais. En cause, non pas sa faible valeur marchande (huit millions d’euros) mais son salaire. Ce dernier, qui se monte à plus de 500 000 euros par mois, a refroidi tous ses prétendants.
La solution étant que, celui qui fut comparé à Van Bommel dans sa jeunesse, accepterait de baisser son salaire, ou que le club recruteur ne prendrait en charge qu’une part dudit salaire.
Épilogue de l’énigme impossible
La dernière solution évoquée se présenta enfin cet hiver, avec le Genoa dans le rôle de l’heureux acheteur.
Le 8 janvier, la rumeur d’un possible départ de Strootman fait son apparition :
🔄Kevin Strootman très proche du Genoa en prêt sec de 6 mois sans OA. L’OM participera au paiement de son salaire. Il pourrait arriver en début de semaine prochaine. Si le prêt est satisfaisant, possible de discuter d’un transfert définitif en fin de saison. (@DiMarzio) #TeamOM pic.twitter.com/KgxxDCRQX8
— Guillaume Tarpi (@GuillaumeTarpi) January 8, 2021
Il rejoindrait donc le Genoa en prêt sans option d’achat, mais avec possibilité de discuter d’un transfert si le prêt s’avérait être concluant
Cette fois-ci, tout va très vite, le lendemain, le président du Genoa confirme l’arrivée future du Néerlandais :
• Kevin Strootman va bien être prêté (sans OA) jusqu'à la fin de la saison au Genoa !
— #TeamOM Officiel (@TeamOM_Officiel) January 9, 2021
"Nous sommes sur le point de conclure le deal, il ne manque que la visite médicale", a indiqué le président du club italien sur Rai Radio 2.
RMC | #MercatOM | #TeamOM 🔵⚪️ pic.twitter.com/gB5wpZx8kG
L’officialisation interviendra quatre jours plus tard :
Kevin #Strootman est arrivé à Gênes ! @SkySport #OM pic.twitter.com/ULkOAr1uHu
— GuillaumeMP (@Guillaumemp) January 12, 2021
C’est ainsi que se termine donc (pour l’instant) la première partie de l’histoire contrariée avec l’OM de celui qui aurait dû être le nouveau Mark Van Bommel. En espérant que la suite soit plus heureuse pour lui.