Critiqué depuis son retour à la compétition avec l’OM en octobre dernier pour son niveau de jeu, Arkadiusz Milik peine encore à convaincre les supporters et les observateurs. Une question de temps ?
Une histoire de VAR
Dimanche 23 mai 2021. Stade Saint Symphorien de Metz. Dans une rencontre sans saveur, la VAR semble avoir décidé du sort des Olympiens. Alors que les deux équipes se dirigeaient vers un 0-0, l’arbitre désigne le point de penalty et Boulaya marque. 1-0 pour Metz, on joue la 96ème minute. Sur l’action suivante, Álvaro se projette dans la surface adverse avant de s’écrouler et de se tordre de douleur.
Même s’il avait sifflé la fin du match, l’arbitre accorde un penalty inespéré aux Marseillais après avoir visionné la vidéo. C’est là qu’Arkadiusz Milik entre en scène. Après avoir posé le ballon, il s’élance avec sa course de gazelle et envoie une mine dans la lucarne messine. 1-1 score final. Et un point de plus dans la musette marseillaise, en partie grâce au sang-froid du coéquipier de Lewandowski en sélection. Si on l’a aperçu grimaçant, personne ne peut dire que ça sera la dernière fois de la saison qu’on le verra avec le maillot de l’OM.
La blessure et le début des ennuis
Blessé, Milik s’envole quatre jours plus tard pour un stage avec la Pologne à Barcelone, où des examens révèlent une lésion au ménisque. Le 8 juin, sa fédération le déclare officiellement forfait pour un Euro auquel il avait tout fait, de par ses performances avec l’OM depuis janvier, pour participer. La faute à une blessure que personne n’avait vraiment remarqué, et surtout dont personne n’avait soupçonné la durée.
« Les symptômes qu’il a ressentis pendant la course et les examens qui ont suivi ont confirmé que la blessure ne permet toujours pas au joueur de s’entraîner pleinement ou de jouer des matchs. »
– Communiqué de la fédération polonaise
Quand Milik qualifiait l’OM pour la C3
En manque de temps de jeu avec Naples, Milik signe à l’OM le 23 janvier 2021, quatre mois jour pour jour avant sa blessure à Metz. Blessure qui lui vaudra une fin de saison prématurée et une absence longue durée. Orphelin d’un buteur, l’OM revit en même temps que le Polonais, qui score dès son match face au RC Lens. Confiant en ses capacités, auteur de 9 buts en 14 matchs, il répliquera humblement à des journalistes qui le titilleront en lui demandant s’il est enfin le « grand attaquant » tant attendu par les supporters de l’OM.
« J’essaie juste de montrer le meilleur de moi-même sur le terrain. Je vais montrer ce que je vaux et ce sera aux autres de juger si je suis un bon attaquant ou non. »
– Milik
Les chiffres et les faits sont en tout cas là pour en attester. Auteur d’un triplé qui vaut de l’or à domicile contre Angers le 16 mai 2021, c’est lui qui envoie au bout de la nuit l’OM et Pablo Longoria au septième ciel. Et qui permet à l’OM d’assurer la qualification en C3 grâce à une différence de buts favorable. Aux éventuels amnésiques et critiqueurs acerbes il est donc de bon ton de rappeler que la compétition européenne que dispute à ce stade l’OM, le club la doit à Arkadiusz Milik.
Un retour à la compétition tardif et bienvenu
« Il est à disposition. Mais rien n’est encore décidé. » déclare plus de quatre mois plus tard Sampaoli pour annoncer le retour à la compétition d’Arkadiusz Milik. L’OM est à la veille d’affronter Galatasaray en C3, un match que l’attaquant polonais démarrera sur le banc. Jusque là, l’OM avait évolué dans un schéma sans neuf, avec Payet ou Harit en pointe improvisée, et en avait pâti dans la surface. « C’était très important pour nous de le récupérer, notamment pour ses qualités de finition devant le but » rappelait d’ailleurs à ce sujet Sampaoli, deux jours avant la venue de Lorient au Vélodrome. Pour sa première titularisation depuis sa blessure, Milik marquera son premier but lors d’une victoire de l’OM à domicile 4-1. Son dixième en dix-sept matchs au total depuis son arrivée.
Un danger permanent pour l’adversaire
Un temps de passage qui le place déjà statistiquement parmi les meilleurs attaquants de l’OM au vingt-et-unième siècle. Pour sa deuxième titularisation, le tueur à gages polonais marquera un but plein d’opportunisme et de sang-froid contre le PSG. Avant que la VAR ne le prive d’une encoche marquante, pour un hors-jeu de Lirola. Quelques jours avant, contre la Lazio de Rome, il ne marquera pas mais suscitera la crainte des Italiens.
« Milik est un danger » rappellera d’ailleurs l’entraîneur italien Maurizio Sarri en conférence de presse d’avant match, lui qui le voulait déjà dans son équipe lorsqu’il était à la tête de la Juventus de Turin. Une Lazio qu’il punira d’ailleurs sur penalty lors du 2-2 au match retour au Stade Vélodrome. Après un repos forcé contre Clermont en Ligue 1 et juste avant un doublé malheureux contre Galatasaray. Interviewé dernièrement au sujet des joueurs de Ligue 1 qui lui ont posé le plus de problème, le défenseur de l’OGC Nice Todibo citera spontanément le buteur polonais.
« Milik, cette année, m’a posé quelques problèmes. Il se cherche toujours avec Payet, il est chiant à jouer. »
– Jean-Clair Todibo
Un buteur à la recherche de son pic de forme
L’occasion de rappeler que ceux qui manquent d’indulgence avec Milik en phase de reprise, oublient la chance que l’OM a de l’avoir. Lui qui était avant sa blessure, un mal pour un bien finalement pour l’OM, convoité par les plus grandes écuries. Quatre buts en huit titularisations et encore quelques tâtonnements dans le jeu certes. Mais quoi de plus normal pour un attaquant privé de compétition pendant plus de quatre mois.
« On pense aussi que l’équipe doit lui proposer plus de situations qui s’adaptent à son jeu. Il n’a pas fait la préparation alors qu’il y avait beaucoup de nouveaux joueurs. Cela va demander du temps. »
– rappelait à juste titre Jorge Sampaoli
Si le temps de récupération des capacités d’un joueur équivaut généralement à son temps d’absence, Milik a démontré en un mois qu’il est déjà capable de bien faire. Son absence ou ses baisses de régime ont surtout mis en évidence le peu d’alternatives viables à son poste à l’OM. Si l’on attend mieux du buteur racé qu’il est, il est inutile de rêver de prouesses techniques qui ne correspondent pas à son style de jeu épuré, ni à son profil de tueur dans la surface. Des qualités qui méritent patience et indulgence de la part des supporters de l’OM. Ne serait-ce qu’au vu de ce qu’il a déjà démontré.