Le 26 février dernier, Jacques-Henri Eyraud quittait son poste de président de l’Olympique de Marseille, cédant ainsi sa place à Pablo Longoria. Quelques semaines plus tard, il est temps de faire le bilan de ces quatre années et demie passées à la tête du club. Retour sur les réussites d’Eyraud au cours de sa présidence.
Des débuts prometteurs
Le 17 octobre 2016, Jacques-Henri Eyraud devenait le président de l’Olympique de Marseille et lançait alors avec le propriétaire Franck McCourt le fameux Champion’s Project. Son arrivée laissait envisager un futur glorieux pour le club phocéen qui venait de vivre plusieurs saisons compliquées. Malheureusement, le rêve allait peu à peu disparaître, générant une réelle frustration chez les supporters olympiens.
Lors des premiers mois de son mandat, Jacques-Henri Eyraud était loin de faire l’objet de toutes les critiques, bien au contraire, l’homme d’affaires affichait des débuts corrects avec notamment cette ambition élevée de ramener l’OM sur le devant de la scène nationale puis ensuite européenne. Un projet de reconstruction du club basé sur quatre piliers : la performance sportive, la formation de jeunes talents, la stabilité financière et enfin la fan experience.
En 2017, il lance la Fondation OM, une structure qui réalise des actions sociales pour la ville de Marseille. Avec plusieurs dizaines de collaborateurs et de bénévoles, l’OM travaille avec cette fondation sur quatre axes importants : l’éducation, la pratique sportive, l’art contemporain et l’entreprenariat. Cette fondation a notamment distribué 1800 fournitures scolaires pour les écoles de la ville et a offert des dons pour les victimes des immeubles effondrés à Marseille. La Fondation OM, qui est devenue un vecteur d’ouverture culturelle, peut donc être considérée comme une réussite de la part de l’ex-président.
L’OM Next Generation
La même année, l’OM lançait également le fameux OM Next Generation, un projet visant à mettre la formation au centre du club en devenant partenaire de nombreuses équipes de la région. Aujourd’hui, l’OM collabore avec plus d’une vingtaine d’écuries situées à Marseille ou aux alentours en leur apportant des avantages financiers et sportifs. En échange, les jeunes les plus talentueux de ces équipes doivent rejoindre le club phare de la ville. Une collaboration dont l’OM pourrait tirer des bénéfices dans les années à venir en rendant le centre de formation plus performant. En effet, plus d’une trentaine de joueurs marseillais ont rejoint les équipes jeunes de leur club de cœur. Eyraud s’était d’ailleurs félicité de cette opportunité.
On a lancé beaucoup de programmes à tous les niveaux dans le club et c’est peut-être le plus réussi. Je pense qu’on parvient petit à petit à reconquérir les cœurs des petits Marseillais, ce qui n’était quand même pas gagné au départ. On noue des liens entre l’OM et les clubs de sa région, entre les éducateurs aussi. C’était important. Et puis, le but aussi, c’est que certains de ces jeunes nous rejoignent.
Eyraud en mai 2019
L’OM Nation
L’OM Nation est l’une des premières choses à laquelle on pense lorsqu’on évoque les projets menés à bien par Jacques-Henri Eyraud. A l’été 2018, le président marseillais lance ce programme qui avait pour but de réunir des milliers de gens du monde entier autour de leur passion pour l’Olympique de Marseille. Ces groupes de supporters entretiennent donc un lien avec leur club de cœur et bénéficient de nombreux avantages comme des promotions sur la boutique officielle ou encore la participation à des événements privilégiés tel qu’un voyage à Marseille pour assister à un match. Et ce n’est pas moins de dix-neuf lieux éparpillés dans le monde qui ont rejoint cet OM Nation : La Réunion, Pointe Noire, Lausanne, Beirut, Tel Aviv, Genève, Barcelone, Singapour, Abidjan, Bruxelles, Douala, Yaoundé, Bafoussam, Obala, Londres, Tunis, Dubai, Shangaï et Casablanca.
Malheureusement, début 2020, après le lancement du très contesté Agora OM, plusieurs de ces groupes ont annoncé quitter le projet par protestation contre les nouvelles décisions de la direction marseillaise.
[À lire aussi] : Qu’est-ce que le programme OM Nation ?
Adieu Adidas, place à Puma
À la fin de la saison 2017-2018, Adidas, équipementier du club phocéen depuis plus de quarante ans, est remplacé par Puma qui devient alors le nouveau partenaire de l’OM pour une durée d’au moins cinq saisons. Une bonne nouvelle pour l’équipe olympienne qui reçoit désormais 14 millions d’euros par saisons, hors bonus, grâce à son nouveau sponsor, contre 10 millions seulement avec la marque aux trois bandes. Ce contrat significatif est le plus gros signé par Puma avec un club français et également le plus gros de l’histoire de l’OM. Une saison après le début de ce partenariat, Puma a d’ailleurs battu les records de vente de maillots avec l’OM. Une réussite donc a priori pour JHE.
L’excellente saison 2017-2018
Un an après le rachat du club et l’arrivée de Jacques-Henri Eyraud, les bleu et blanc réalisent une saison d’exception. L’OM luttera jusqu’à la dernière journée pour accrocher la Ligue des Champions mais finira malheureusement à un petit point du podium. Cette saison-là sera marquée par le magnifique parcours des hommes de Rudi Garcia en Europa League. En effet, après avoir éliminé Braga et l’Athletic Bilbao, les Phocéens réaliseront un match d’anthologie qui restera dans toutes les mémoires face à Leipzig dans un stade Vélodrome en fusion.
Quelques semaines plus tard, c’est le très critiqué Rolando qui qualifiera les siens en marquant le but de la victoire face au RB Salzbourg dans les prolongations d’un match à couper le souffle. Enfin, le 16 mai, dans l’antre du rival lyonnais, l’OM disputera sa cinquième finale européenne face au grand Atletico Madrid et s’inclinera sur le score sévère de 3-0. Une épopée historique qui a émerveillé des milliers de Marseillais et qui confirmera le Champion’s Project débuté seulement un an auparavant. Cette saison, entrée dans l’histoire du club, est sans nul doute la plus réussie de l’ère Eyraud.
L’accord avec Arema
En 2018, le président marseillais a trouvé un accord avec l’entreprise Arema à propos de l’exploitation du stade Vélodrome. L’OM, qui était jusqu’à présent seulement locataire de l’enceinte, devient alors opérateur exclusif de son stade jusqu’en 2045. Le club aura donc désormais la liberté d’y accueillir concerts, visites et autres séminaires. Jacques-Henri Eyraud qualifiait cet accord d' »étape historique pour l’Olympique de Marseille » en déclarant d’ailleurs : « La quasi-totalité du top 15 européen est soit propriétaire de son stade, soit gestionnaire exclusif. C’est aujourd’hui notre cas. Nous allons tout mettre en oeuvre pour que ce site d’exception soit plus encore un des lieux phares de la vie sportive, culturelle et artistique de la cité phocéenne« .
L’engagement pour les femmes victimes de violences conjugales
En mars 2019, l’Olympique de Marseille, par l’initiative de son président Jacques-Henri Eyraud, s’est engagé à venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Le centre d’entrainement Robert Louis-Dreyfus, qui avait mis à disposition 44 lits pour l’association SOS Femmes 13, a donc accueilli ces femmes et leurs enfants pendant le premier confinement. Une action extra-sportive honorable qui est tout à l’honneur de JHE.
Le retour de Payet
En janvier 2017, pour le premier mercato de l’ère McCourt, l’ancien marseillais Dimitri Payet fait son retour au club après un an et demi passé à West Ham. Le Réunionnais, alors dans la meilleure forme de sa vie, qui sortait d’une saison 2015-2016 tonitruante et d’un Euro merveilleux, revient à Marseille pour la somme de 30 millions d’euros, le transfert le plus cher de l’histoire du club. Lui qui a terminé à la 17ème place au classement du ballon d’or incarne le renouveau de l’OM de par son statut de grand joueur et son transfert historique. Jacques-Henri Eyraud, en collaboration avec Andoni Zubizaretta, avait alors frappé un grand coup et laissait présager de bonnes choses pour l’avenir. Ce transfert peut donc être considéré comme une réussite pour le désormais ex-président.
Quel bilan en tirer ? Il est évident qu’Eyraud n’aura pas réussi son passage à l’OM. Très critiqué par tous les supporters marseillais et mis à l’écart par Franck McCourt, son aventure au sein du club fut presque chaotique. Entre sa communication désastreuse, sa gestion très délicate et ses nombreuses mauvaises idées, il ne laissera clairement pas un bon souvenir à Marseille. Mais n’oublions pas pour autant les rares bonnes idées de l’homme d’affaires qui aura fait certaines choses pour aider le club dans sa reconstruction.