Revenu d’une rupture des ligaments croisés l’été dernier, Amine Harit a réalisé une saison pleine en nombre de matchs joués. En revanche, ses performances et son rendement statistique laissent clairement à désirer. L’heure du bilan a sonné pour le Marocain.
Frustration. C’est peut-être le premier mot qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à Amine Harit et ses prestations lors de l’exercice 2023/2024. Capable de très bonnes séquences mais terriblement inefficace dans le dernier geste, l’international marocain ne laisse, en tout cas, pas indifférent à Marseille. Et les supporters de l’OM, ceux qui possèdent encore des cheveux, ont dû s’en arracher de nombreux en le regardant cette saison.
Les croisés derrière lui
Pour les partisans du verre à moitié plein, il convient de rappeler que Harit revenait l’été dernier d’une rupture des ligaments croisés, intervenue en novembre 2022, qui avait totalement stoppé son élan juste avant la Coupe du monde qatarie et le second semestre sous les ordres d’Igor Tudor. Au prix de nombreux efforts, l’ancien Nantais a repris la compétition officielle dès le mois d’août, entrant notamment en jeu face au Panathinaïkos au stade Vélodrome. À cette époque, le coach Marcelino le préservait sans prendre de risques et le considérait comme un joker de luxe. Une situation logique pour le numéro 11 marseillais, qui a pu retrouver des sensations sans une immense pression sur ses épaules. Cette saison 2023/2024 s’annonçait donc comme celle de la relance, son objectif prioritaire étant d’oublier définitivement sa terrible blessure, la pire qui soit pour un footballeur.
La confiance de Gattuso
Mais l’appétit venant en mangeant, Harit a gagné des minutes au fil des semaines. Grâce notamment à un homme, Gennaro Gattuso, qui s’est décidé à lui donner les clés du camion lors de son arrivée sur le banc de l’équipe. Comparé aux illustres Kaka et Rui Costa par son entraîneur italien (rien que ça), le milieu offensif olympien s’est imposé comme titulaire à partir de la fin septembre. Rappelez-vous ses matchs encourageants réalisés sur la pelouse de l’Ajax Amsterdam (3-3, deux passes décisives) et face au Havre (3-0, une passe décisive), sa connexion avec Pierre-Emerick Aubameyang devenait très intéressante. C’est simple, jusqu’à son départ à la Coupe d’Afrique des Nations, Harit n’est plus sorti du onze de l’OM.
Plus en jambes et en confiance, il s’illustrait en Ligue Europa (un but face à l’AEK Athènes, deux passes contre Brighton et l’Ajax) avant d’ouvrir son compteur en Ligue 1 lors de la victoire face à Clermont (2-1). Seul hic, et non des moindres, il commençait à pêcher techniquement dans la dernière passe, le dernier geste, comme nous l’écrivions au moment du bilan de mi-saison. En janvier dernier, nous avions en effet salué son « retour en forme express », en espérant de meilleures statistiques à son retour de sélection marocaine.
La phobie du dernier geste
Alors, Amine Harit a-t-il répondu aux attentes, qui ont évidemment grandi en raison de son temps de jeu conséquent ? Preuve en chiffres… À la trêve, le Marseillais totalisait 22 matchs pour 2 buts et 6 passes décisives. À la fin de la saison ? 42 matchs toutes compétitions confondues pour 2 buts et 8 passes décisives. Oui, le calcul est rapide. Entre le 4 février, date de son retour face à l’OL (0-1) suite à l’élimination du Maroc à la CAN, et le 12 mai (réception de Lorient, 33ème journée de Ligue 1), il s’est contenté de 2 “assists” en 20 matchs. C’est peu. Bien trop peu pour un joueur dont la qualité technique est souvent mise en avant. Il est vrai que l’ex-joueur de Schalke brille parfois par ses contrôles orientés et ses prises de balle vers l’avant. Mais que de mauvais choix au moment de conclure ses actions…
À force de ne pas y arriver, Harit s’interdit même de frapper par moments, allant à l’encontre de ce que demande le jeu. Souvenez-vous, le carton rouge (certes injuste) reçu par Faris Moumbagna contre l’OGC Nice (2-2)…. Bien entendu, les statistiques ne font pas tout dans le football. Positionné dans un rôle de milieu relayeur par Jean-Louis Gasset, le Marocain a su se rendre utile durant certaines rencontres, sans briller pour autant au tableau d’affichage. Ce fut le cas notamment lors du parcours en Ligue Europa, compétition où il a terminé meilleur passeur à égalité avec Jonathan Clauss (6 passes). Mais à l’arrivée, son irrégularité, illustrée par ses maigres chiffres, font tâche pour un joueur dit “offensif” dans les rangs de l’OM.
Un Conceiçao et ça repart ?
Le bilan dressé, reste à savoir si Amine Harit repartira pour une saison à l’OM. Sous contrat jusqu’en 2027, le Lion de l’Atlas n’est pas intransférable mais ne sera sans doute pas en tête de la liste des départs. A priori, il se sent bien à Marseille et pourrait, en plus, retrouver comme entraîneur Sergio Conceiçao, qu’il a connu à Nantes lors de ses débuts professionnels en 2016/2017. L’arrivée du Portugais, si elle se confirme, ressemblerait à une bonne nouvelle pour lui.
À 26 ans (27 le 18 juin prochain), Harit a traversé une saison délicate et semble atteindre un plafond sportif qui doit interroger sur son rôle à Marseille. Aux dirigeants de trancher sur son cas difficile à cerner depuis ses débuts sous les couleurs olympiennes, il y a deux ans et demi.