Sujet à de nombreux débats depuis son arrivée à l’OM, Leonardo Balerdi a mis tout le monde d’accord cette saison. Régulier en Ligue 1, impressionnant en Coupe d’Europe, l’Argentin est le nouveau patron de la défense marseillaise.
Qu’il paraît lointain le temps du Leonardo Balerdi clivant, capable de fulgurances mais aussi coupable d’erreurs grossières coûtant très cher à l’OM. Lancée à l’été 2020, l’aventure marseillaise du défenseur argentin fut tout sauf un long fleuve tranquille. Pendant trois ans, elle a plutôt ressemblé à une mer très agitée, aux vagues incessantes de débats le concernant. Jusqu’à cette saison 2023/2024, véritable saison de l’affirmation pour Balerdi, qui semble désormais nager en plein bonheur à Marseille.
Un premier semestre crescendo
Pourtant, en août 2023, il était difficile d’imaginer un tel épanouissement du numéro 5 olympien. En effet, on l’oublierait presque mais ce dernier a entamé la saison dans un rôle de remplaçant. Marcelino optant pour un 4-4-2, Chancel Mbemba et Samuel Gigot avaient notamment disputé le match retour du 3ème tour préliminaire de Ligue des champions face au Panathinaikos, au stade Vélodrome. Resté sur le banc, Balerdi n’avait pas participé directement au naufrage marseillais, avant de manquer quatre des sept premières journées de Ligue 1 (suspendu face à Reims, remplaçant face à Brest, Nantes et Monaco). La hiérarchie en défense centrale semblait alors claire sous les ordres de Marcelino, finalement débarqué dès la fin du mois de septembre. Dans la foulée, Gennaro Gattuso est arrivé en pompier de service. Une période qui correspond, plus ou moins, à la prise de pouvoir de l’Argentin dans le onze.
Pas encore à son meilleur niveau, il a aussi profité des déboires répétés de Gigot et Mbemba, une fois suspendu, une fois blessé ou globalement en méforme. La montée en puissance de “Léo” pouvait s’opérer. Seul hic, en souvenir des galères passées, ses deux cartons jaunes reçus en trois minutes sur la pelouse de Nice (défaite 0-1) ont ravivé quelques doutes. Une erreur regrettable, certes, mais que la suite des évènements fera vite oublier. En novembre-décembre, la (courte) période faste de l’OM version Gattuso s’est produite avec Balerdi comme titulaire. Lors de la première mi-temps à Lorient (victoire 4-2) – peut-être les meilleures 45 minutes sous le mandat de l’entraîneur italien -, l’ancien espoir du Borussia Dortmund s’est même offert un but de la tête pour le 3-0. Signe que la confiance commençait à grandir dans son esprit, et dans son football.
Le patron en 2024
Les fêtes de fin d’année 2023 dans le rétroviseur, Leonardo Balerdi a entamé 2024 plein d’espoir, puisque l’OM envisageait une remontée en classement en championnat et un parcours en Coupe de France. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme espéré collectivement même si, d’un point de vue personnel, le défenseur central de 25 ans a parfaitement comblé le vide laissé par Chancel Mbemba, parti à la Coupe d’Afrique des Nations avec la République Démocratique du Congo. Pourtant pas aidé par les failles collectives de son équipe et la fébrilité de Gigot, l’Argentin tenait son rang. Il s’offrait même des dépassements de fonction, à l’image de son tir lointain victorieux contre l’AS Monaco (2-2). Problème, les résultats décevants des Olympiens empêchaient, à raison, les supporters de s’emballer sur quelconque réussite individuelle.
Le costume européen
Pour cela, il a fallu l’Europe. Comme Pierre-Emerick Aubameyang, Balerdi a bonifié ses très bonnes performances hebdomadaires par des prestations majuscules en Ligue Europa. Suspendu lors de la manche retour face au Shakhtar Donetsk à domicile (3-1) – premier match de l’ère Jean-Louis Gasset -, le numéro 5 phocéen a définitivement changé de dimension au printemps. Ses matchs quasi parfaits au Vélodrome contre le Benfica Lisbonne puis l’Atalanta Bergame resteront dans les mémoires tant, ces soirs-là, le Marseillais a enfilé le costume du patron. Sens de l’anticipation, puissance dans les duels, qualité technique à la relance, toute sa panoplie (voir statistiques) a permis à l’OM de se sublimer. Ajoutez à cela un don de soi et une fiabilité physique pour enchaîner les rencontres (90 minutes jouées face à Toulouse, Nice et Lens) pendant que la majorité de l’effectif tirait la langue.
Enfin, malgré les échecs collectifs en fin de saison, Balerdi n’aura jamais baissé de niveau. En témoigne son match abouti à Reims (0-1), au milieu du marasme olympien. S’il y a un joueur de l’effectif qui peut contempler sa copie 2023/2024 avec fierté, c’est bien lui.
Une domination en statistiques
En Ligue 1 (source dataref) :
- Meilleur joueur en nombre de dégagements effectués (79)
- Deuxième meilleur joueur avec le plus de duels remportés (168)
En Ligue Europa :
- Meilleur joueur en nombre de dégagements effectués (39)
- Meilleur joueur en nombre de duels remportés (81)
- Meilleur joueur en nombre d’interceptions (25)
Son avenir, enjeu majeur
Qui dit éclosion au niveau européen dit forcément possible départ au mercato estival. Sans contestation possible, Leonardo Balerdi vient de réaliser sa meilleure saison sous le maillot de l’OM. Au point que des grosses écuries pourraient rapidement toquer à la porte cet été (l’Atlético Madrid est régulièrement cité). Le contrat de l’Argentin, qui vient d’être appelé en sélection argentine pour préparer la Copa America, se termine en juin 2026. Reste à savoir quelles seront les positions des deux camps dans ce dossier majeur de l’été. Selon La Provence ce jeudi, la direction olympienne envisagerait de proposer une prolongation de contrat (avec revalorisation salariale) à son joueur, qui ne serait pas fermé à l’idée de rester à Marseille malgré l’absence de Coupe d’Europe. Une très bonne nouvelle qui demandera confirmation dans les semaines à venir.
Au terme d’une saison plus qu’aboutie, Leonardo Balerdi mérite largement les félicitations du jury Peuple Olympien. Le jeune élève argentin, talentueux dès ses débuts mais parfois frustrant, a corrigé toutes ses petites erreurs pour devenir un leader à l’OM. Pourvu que ça dure !