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Brice Nlate (ex-OM), un lion ne meurt jamais.

Brice Nlate Ekongolo avait un contrat professionnel à l’OM de 2014 à 2018. Celui qui était un grand espoir à son poste a vu son rêve rapidement brisé par le destin avec un tragique événement. Malgré cela, il a persévéré et peut continuer à pratiquer son métier. Son histoire, son rêve de retrouver le haut niveau, il nous a accordé cet interview dans lequel il se livre à coeur ouvert. Il revient sur son parcours dans cet entretien de Juliette (ju8813) pour Peuple Olympien (@peupleolympien).

Bonjour Brice et merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, actualité oblige, comment vis-tu ce confinement ? Tu dois t’entretenir…

Je vis le confinement comme tout le monde, je reste à la maison, je fais les courses quand il faut. Chez moi j’ai un tapis sur lequel j’essaie de travailler et je fais les exercices qu’il faut à la maison, mais de temps en temps, je peux sortir pour travailler un peu de vitesse et d’explosivité à l’extérieur.

Pourrais-tu te présenter, nous parler un peu de toi?

Brice Nlate..Après, je n’aime pas trop parler de moi, je préfère que ce soient d’autres personnes qui le fassent.

Quand et comment as-tu commencé le foot ?

Je crois que j’ai commencé le foot à l’âge de 5 ans environ, j’étais encore tout jeune, mais je n’étais pas encore en club. J’avais un petit ballon, je jouais tout le temps à la maison avec mes cousins.

A quel poste te sens-tu le mieux ?

Je me sens mieux en défense centrale.

Comment définis-tu ton style de jeu ?

Je dirais un style agressif, explosif, et associé à la technique. Et puis je vais aussi très vite.

Quel joueur est ton modèle et pourquoi ?

J’en ai deux. Le premier, je dirais Rigobert Song, et puis ensuite Carles Puyol. Je crois qu’ils ont pratiquement le même style de jeu, j’aime bien la hargne que dégagent ces deux joueurs-là.

Tu es un enfant de Yaoundé, quel a été ton parcours pour arriver en France?

Je jouais fréquemment au quartier. J’habitais un quartier qu’on appelle Ekoumdoum où je jouais souvent avec des jeunes comme moi le soir, et parfois des grands. Moi, je me faisais inviter par mon voisin qui faisait du foot dans un club. J’étais encore très jeune donc les grands jouaient plus et moi je ne pouvais pas vraiment jouer alors souvent, ils me cédaient leur place vers la fin. Et avant, j’étais attaquant et mon voisin était défenseur. Quand il sortait pour me laisser sa place, c’était du poste pour poste, du coup je jouais défenseur. C’est comme ça que j’ai commencé à être en défense. J’ai commencé à jouer au quartier avant de rejoindre un centre de formation. Je viens de l’Academy Football Club, mais j’ai été prêté dans un club de deuxième division, j’étais en sport études au FC de Mfou. Puis de là, j’ai quitté le Cameroun à 19 ans pour arriver en France.

Quelles difficultés as-tu rencontrées pour atteindre ton objectif de rejoindre l’Europe pour réaliser ton rêve de devenir footballeur ?

Les difficultés, je dirais… Les blessures et mon père. Les blessures parce que j’avais fait pratiquement un an sans jouer à cause d’une blessure aux adducteurs. Ensuite, mon père et le foot, ce n’était pas trop ça. Il n’était vraiment pas d’accord et à chaque fois, il ne me parlait que de l’école. Mais à un moment donné, je n’arrivais justement plus à faire les deux parce qu’au Cameroun, toutes les conditions ne sont pas réunies. Alors un jour, je lui ai dit que je voulais vraiment faire du foot et il m’a demandé de faire un choix entre l’école et le foot. Je n’arrivais pas à choisir, alors je faisais les cours du soir pour essayer de gérer les deux, mais il n’était toujours pas d’accord et moi je ne lui donnais jamais vraiment de réponse sur ce choix. En général, on ne va pas contre l’avis de ses parents chez nous, mais à la fin il a accepté, quand il a vu le contrat que l’OM m’a proposé.

Donc il a seulement accepté lorsque tu as reçu ta proposition de contrat de l’OM, il n’a pas cédé avant?

En fait, si, avant le contrat de l’OM. Il avait déjà commencé à accepter parce que je faisais les équipes jeunes du Cameroun, l’équipe nationale cadette, junior. A un moment donné, il était même venu au stade voir un match, j’étais entré je n’avais pas commencé le match, donc oui, il avait déjà commencé à accepter petit à petit avant que l’OM me propose quelque chose.

Tu as parlé d’une blessure aux adducteurs, comment t’es-tu soigné? Les soins ne sont pas les mêmes qu’en France j’imagine…

Ah si je raconte comment j’ai été soigné… J’avais mal, je suis allé dans un centre mais on n’arrivait pas à me soigner. Du coup, j’étais à la maison, pendant quasiment un an. Un jour, je me suis dit « mais qu’est-ce-que je fais là? ». J’en avais marre, donc je suis allé à la reprise des entraînements et là j’ai fait une préparation physique. J’avais encore mal mais je m’entrainais jusqu’à ce que la douleur parte seule. Je travaillais et les gens ne savaient pas que j’avais mal. Je souffrais vraiment mais je serrais les dents parce que j’étais fatigué de rester à la maison sans rien faire. Ca me manquait beaucoup de jouer au foot. J’ai eu de la chance que la blessure ne revienne pas… donc en réalité, je n’ai pas été soigné.

Parle nous des différences en terme de football, entre le Cameroun et la France. Quelles sont les plus notables?

Les infrastructures. En France, tout est réuni pour pouvoir réussir. Chez nous, il n’y a pas vraiment les infrastructures pour qu’un enfant puisse travailler et progresser comme il faut. Vous allez trouver des stades sur lesquels 5 clubs s’entraînent. Parfois, vous n’avez pas assez de temps pour finir votre séance car un autre club veut commencer. Sinon, c’est pratiquement le même type d’entraînement sauf qu’au Cameroun on s’entraîne sur terre battue alors qu’ici c’est sur l’herbe et ça, ça change beaucoup.

Avec ces différences et ces difficultés, la réussite est d’autant plus grande, en comparaison avec un joueur qui a fait toutes ses classes en Europe, dans des conditions optimales… On imagine qu’un footballeur qui « perce » au Cameroun et est contacté par un club en Europe doit ressentir une grande fierté?

Oui mais en même temps, tu n’as fait qu’un pas. Parce que le plus difficile, c’est quand tu arrives ici, le temps de t’adapter. Il faut travailler encore plus dur pour montrer que tu mérites d’être là.

Lorsqu’on arrive si jeune dans un pays, à des milliers de kilomètres des siens, qu’est-ce-qui est le plus dur ?

Je ne saurais te dire parce que moi, même si la famille est très loin, j’ai souvent vécu comme ça, j’ai fait des internats étant jeune. C’est vrai que ce n’est pas pareil, tu te retrouves dans un pays et une ville où tu ne connais personne, mais j’ai des tantes ici en France, et j’ai eu de la chance de rencontrer Mouhammadou Samad. Du coup, pour moi, ça n’a pas vraiment été difficile parce qu’il m’a très bien orienté. Lui est arrivé un an avant moi donc il avait déjà bien pris ses marques, grâce à lui je me suis facilement intégré. Finalement, je n’ai pas rencontré de grosses difficultés.

L’entourage doit avoir une importance particulière, notamment dans un milieu comme le football et loin de ses proches.. t’estimais-tu bien entouré? Qui ont été tes mentors et quel a été leur impact?

Comme tu dis, quand tu arrives comme ça surtout dans le foot, il faut que tu sois très bien entouré. Il faut avoir des gens qui vont bien te conseiller. Il y avait mon agent qui m’appelait tout le temps avec qui je discutais beaucoup. Et, même si la famille n’était pas là, je discutais avec elle de loin, ils étaient présents. Et comme j’ai dit, j’ai trouvé Samad. Il y a aussi une femme qui m’a beaucoup aidé, S. Grandemange qui travaillait à l’OM. Et puis Nicolas Nkoulou qui était ici et qui connaissait bien, donc on se voyait souvent et parlait beaucoup.

Il me semble que tu avais tapé dans l’oeil du staff de Marcelo Bielsa, comment l’as-tu appris?

Je n’attendais que ça, je m’entraînais tous les jours avec la réserve et j’attendais qu’on m’appelle pour monter avec le groupe professionnel. Une fois qu’on m’avait appelé pour rejoindre le groupe professionnel, Franck Passi m’explique qu’ils m’avaient à l’oeil depuis un moment, mais qu’ils attendaient que je sois bien physiquement parce que j’étais embêté par de petites blessures. Donc j’étais très content, c’est le rêve de tout jeune de s’entraîner avec le groupe professionnel comme celui de l’OM, dirigé par Marcelo Bielsa.

Quel sentiment as-tu ressenti d’être apprécié par un tel entraîneur ?

J’étais ému, content. Ca m’a fait très plaisir bien-sûr!

D’ailleurs, peux-tu nous dire quelques mots sur El Loco? Comment était-il au quotidien, as-tu échangé avec lui, quelle relation entretenais-tu avec lui?

Je n’ai jamais vraiment échangé avec lui. On n’a pas eu à discuter. On arrivait à l’entraînement, d’autres personnes te parlaient. Tu sais, ça va très vite quand on arrive à l’entraînement avec les explications, on te montre tout ce qu’il y a à faire sur une tablette, les schémas, tu as 30 secondes pour regarder et après tu te mets en place, on enchaîne vite. J’ai fait environ 4 mois avec lui je dirais. Ces entraînements, franchement, c’était costaud! (rires) Quand tu sortais de là, tu bavais. Ca dépendait des séances en fait… Lors de certaines séances, vraiment tu bavais ! On se retrouvait à faire un 5 contre 5 sur tout le terrain, avec marquage individuel, ça durait 4 ou 5 minutes et on le faisait 3 fois ou plus, je ne me rappelle pas vraiment, mais imagine, quand tu sors de là, tu craches ! Après, il parlait avec les joueurs quand il avait quelque chose à dire, il se rapprochait de toi et te parlait, soit sur le terrain, soit en te convoquant mais il parlait souvent aux joueurs, comme tous les entraîneurs. Alors oui, il est plus dur que les autres entraîneurs en terme de travail, mais quand il a à dire, il le fait.

Une anecdote peut-être ?

Ce n’est pas vraiment une anecdote, mais ce qui était bien, c’est que quand tu faisais quelque chose de positif, il t’appréciait, il appelait ton nom et répétait que c’était bien. Et même quand ça n’allait pas, il était toujours là derrière les joueurs à crier « Vamos, Vamos, Vamos ». C’est quelqu’un qui pousse beaucoup.

Que représente l’OM pour toi ?

L’OM a tout fait pour moi, ils ont vraiment tout fait pour moi. Surtout dans mes périodes difficiles, quand j’ai fait l’accident, et ça je leur en serai toujours reconnaissant, toujours toujours, à vie.

Était-ce ton club de cœur avant d’arriver?

Non, ce n’était pas mon club de coeur (rires). C’était Liverpool. Mais depuis, bien-sûr que l’OM est aussi mon club, je suis un supporter de l’OM.

Au Cameroun, comme souvent en Afrique, l’OM est apprécié?

Oui oui, énormément!

Comment l’expliques-tu?

Beaucoup de Camerounais ont joué à l’OM. Je dirais que ça vient de ça parce que tu sais, quand il y a un Camerounais qui joue dans un club, ils vont tout faire pour essayer de regarder les matchs, pour essayer de voir ce qu’il fait. Et il y a toujours eu des Camerounais à l’OM, je crois que c’est pour ça. Après, ce n’est pas seulement ça, parce que l’OM, c’est un club qui a montré de très belles choses auparavant, et qui continuent de montrer même maintenant, et je crois que c’est surtout pour ça que l’OM est connu dans le monde entier. Il y aussi le côté multiculturel peut-être qui fait que les gens s’identifient plus à cette ville qu’à une autre.

Comment se sont passées tes années à l’OM et que retiens-tu de tes années en bleu et blanc ?

Mes années à l’OM… écoute… ça se passait très bien les 5 premiers mois de juillet à décembre, et ensuite quand j’ai fait l’accident, c’est là où tout à basculé et ce n’était plus pareil, forcément. J’ai eu une convalescence très longue et je l’ai mal vécu. Mais finalement, je ne retiens presque que l’accident. Les bons premiers mois n’ont pas pris le dessus sur la suite qui a été triste pour moi.

Quels étaient les joueurs qui t’avaient marqué à l’époque?

Gignac et Imbula. Après honnêtement, tout le groupe était composé de guerriers! Mais ces deux-là pour moi c’était fort, surtout Imbula au milieu il faisait un travail énorme.

As-tu gardé des contacts avec des joueurs ou des membres du staff, du personnel, en dehors de tes « frères » Samad, Zambo, et Nkoulou ?

De temps en temps, je parle avec certaines personnes mais qui ne sont plus à l’OM. Par exemple Jean-Philippe Durand, je suis très proche de lui et on s’appelle de temps en temps. Il y a aussi S. Grandemange qui travaillait avant. Et comme joueurs, il y a Maxime Lopez sur les réseaux de temps à autres.

As-tu encore un œil sur l’OM et si oui, que penses-tu de cette saison ?

Toujours, je regarde toujours. Comme j’ai dit tout à l’heure, l’OM c’est à vie après ce que le club a fait pour moi donc oui, je suis tout le temps. Les dernières années n’ont pas été faciles, mais cette saison ils n’ont pas été mauvais, ça allait beaucoup mieux, la preuve en est, ils finissent deuxièmes. Le groupe n’a pas tellement changé mais ça a beaucoup mieux fonctionné que l’année dernière, comme l’année de Marcelo Bielsa. Le groupe ce n’était pas trop ça, mais il a transformé tous les joueurs. C’est pas comme s’il avait des superstars dans son groupe, mais pourtant tout le monde parlait d’eux. Là, c’était un peu pareil finalement, tu n’es pas obligé d’avoir des stars pour avoir un bon groupe, c’est le coach qui a tiré le meilleur des joueurs.

D’après toi, qui sont les trois éléments forts de cette équipe ?

Dimitri Payet, Mandanda, et… je dirais Morgan Sanson ou Rongier. Sanson ne fait pas l’unanimité c’est sur mais après, tu ne peux pas réussir tous tes matchs, tu passes à côté de certains c’est normal et certains joueurs arrivent à masquer un peu cela. Parfois, un joueur passe à côté de son match mais ça ne se voit pas tant que ça, lui c’est peut-être différent, mais pour moi, c’est un très bon joueur.

Lorsque tu as 19 ans, le sélectionneur camerounais, Volker Finke, te sélectionne pour la CAN 2015, tu n’as pourtant pas le moindre match en pro. Que ressens-tu à ce moment-là ?

J’étais très ému. C’est le rêve de chaque jeune de pouvoir jouer avec l’équipe nationale. J’étais surpris aussi car je ne m’y attendais pas. En fait, ce qui s’est passé, c’est que normalement c’était Joël Matip qui était appelé et il a eu un soucis, du coup, on m’a pris à sa place.

Ton ami et compère camerounais André-Frank Zambo Anguissa, par exemple, a refusé une CAN pour rester et progresser à Marseille. De ton côté, as-tu douté avec cette même idée ou as-tu accepté sans hésiter ?

J’ai pensé à ça aussi, après c’est difficile de refuser. La différence entre Zambo et moi, c’est que lui jouait, il était titulaire et du coup, s’il partait il pouvait perdre sa place à son retour. Ce n’était pas obligé mais c’était une possibilité, il prenait le risque, alors que moi je n’avais pas de place de titulaire, je n’avais même pas encore fait partie du groupe des 18 sélectionnés pour un match, donc je pense que c’est différent. Ca peut arriver de refuser une CAN et continuer à travailler avec le club pour gagner ou garder une place. Moi, j’ai quand même très peu réfléchi. En plus, c’était pour remplacer quelqu’un donc je me disais que ça n’arriverait peut-être qu’une fois

Alors que tu étais très jeune, tu as vécu un accident grave, peux-tu nous décrire un peu ce qu’il s’est passé?

C’était le 28 décembre 2014, au Cameroun. J’avais 19 ans. C’était juste avant la CAN qui avait lieu en janvier 2015. C’était un accident frontal, un pickup nous a percutés parce qu’il a carrément quitté sa voie sans raison pour se retrouver sur la nôtre, donc ça a fait un face à face. Nous, on avait une petite voiture donc il nous a écrasés. Le choc était vraiment terrible, mes genoux ont tapé sur le tableau de bord. La personne avec moi n’a pas vraiment été blessée. Je me souviens parfaitement de la manière dont ça s’est passé quand c’est arrivé, mais ensuite, j’ai perdu connaissance et je suis revenu à moi juste au moment où on me sortait de la voiture.

Cet accident t’a privé de CAN, que t’est-il passé par la tête à la suite de cet évènement ?

Je me suis dit que tout était fini pour moi, que je n’allais plus jamais rejouer au foot. Quand je regardais mes genoux, je me disais que je ne pourrais plus jamais rien faire. On a été obligé de m’opérer directement au Cameroun parce que c’était une fracture ouverte, donc j’ai vraiment tout vu, ça marque. En plus, le genou, c’est très délicat.

Le club a-t-il été présent pour toi ? Comment t’a-t-il soutenu ?

Le club a toujours été là. Je n’ai rien du tout à leur reprocher. Après l’opération d’urgence au pays, j’ai été rapatrié en France, à Marseille, et l’OM a pris en charge. Christophe Baudot s’est énormément occupé de moi et je travaillais aussi avec M. Maton dans un centre de rééducation, pas très loin du centre d’entraînement. Les deux m’ont beaucoup rassuré et grâce à eux, j’ai fini par croire à nouveau que je pourrais rejouer au foot. Mais parfois, il y avait des semaines où j’avais encore énormément de douleurs, et je me demandais si ces douleurs finiraient par partir un jour. Ca fait seulement un an qu’elles sont parties.

Beaucoup disaient alors que le foot était fini pour toi ; comment as-tu trouvé les ressources pour ne pas abandonner après cette terrible épreuve ?

J’ai eu la chance d’avoir les médecins qui m’encourageaient. Les médecins et spécialistes qui s’occupaient de moi, et mes proches aussi, mes amis et ma famille qui me rassuraient. Mais ce qui me rassurait le plus, c’est quand le médecin de l’OM Christophe Baudot me disait « ça va aller ». Après, il a fallu vraiment un mental pour surmonter cette épreuve là. J’ai toujours eu envie de la surmonter, le foot c’est tout pour moi. J’étais jeune, je ne rêvais que du foot, donc en ayant eu la chance d’arriver jusque là, je ne voulais pas que ça se termine comme ça, c’était ce genre de choses que je me disais. J’ai travaillé dur, j’ai forcé parce que même lorsque j’ai repris les matchs avec la réserve de l’OM, j’avais très mal. Ca se voyait sur le terrain que ça n’allait pas, mais je n’avais pas le choix, je devais forcer pour pouvoir revenir, si je ne le faisais pas, je n’allais pas pouvoir continuer à jouer au foot. Il fallait se faire violence.

Comment s’est déroulée la convalescence ?

J’ai commencé tout de suite après l’opération. Mais au début, on allait tout doucement, il fallait être patient, ça a pris du temps. Ensuite, je suis allé deux fois à Cap-Breton. Une première fois trois semaines, pour faire des soins et une petite rééducation. Ensuite, je suis revenu à l’OM, ils m’ont pris en charge et c’est là que je travaillais avec Baudot et des kinés. Quelques temps après, je suis retourné une deuxième fois à Cap-Breton pour une réathlétisation. Sinon, dans le centre de rééducation, je faisais des exercices de renforcement car j’avais complètement perdu mes muscles dans la cuisse gauche. Ca a pris des années pour retrouver le muscle. J’ai eu les deux genoux blessés, mais je n’ai pas subi d’opération à la jambe droite.

Une fois ta convalescence terminée, comment se passe l’après ? Retrouves-tu tes sensations rapidement ?

Pas du tout! Je ne les ai pas retrouvées rapidement. Ca fait seulement un an et demi que je joue sans blessure, ça a pris environ 4 ans. Mais là, cette saison, je me suis senti de mieux en mieux, je les ai retrouvées petit à petit, même si on me faisait jouer latéral droit.

David Le Frapper, l’ancien coach de la réserve qui t’a vu rejouer quelques fois avant de te voir partir en prêt à Créteil puis revenir, finalement, jouer régulièrement, disait de toi que tu redevenais un élément fort et que tu avais le potentiel pour avancer. Que ressentais-tu la à ce moment là ? Tu t’en sentais capable ?

Oui, je me sentais capable de réaliser ce qu’il disait, mais j’avais encore des douleurs. Quand je rentre de Créteil, c’est justement parce que j’ai encore des soucis de genou. En y allant, je pensais être à 100% mais finalement pas du tout, je ne pouvais vraiment pas. En revenant avec la réserve, ça se passait quand même plutôt bien malgré les douleurs. Je devais forcer pour que ça passe, j’étais obligé de faire avec, de montrer une belle image de moi sur le terrain, surtout que je jouais avec des jeunes. Je savais que c’était comme ça, après le match je devais glacer comme il fallait et voilà, ça se calmait. Mais je croyais comme le coach que je pouvais revenir une fois les douleurs derrière moi.

Revenons rapidement sur l’équipe réserve de l’OM. Tu y étais avec Maxime Lopez, à ce moment-là, se distinguait-il déjà des autres ?

Oui! Ca se voyait qu’il méritait d’avoir une chance de jouer avec le groupe pro, il était trop fort.

As-tu le souvenir de joueurs qui étaient à tes yeux très forts et qui ne sont pas devenus pro ?

Non, je pense que ceux qui ont signé pro étaient des joueurs qui le méritaient. Après, tous ceux qui ont joué avec nous étaient aussi des bons joueurs, mais si tu ne signes pas pro à l’OM, tu peux signer pro ailleurs, il ne faut jamais baisser les bras.

Finalement, tu n’as pas tapé à la porte des professionnels lorsque Rudi Garcia était en poste, et ton contrat s’est terminé. As-tu vécu cela comme un échec ?

Oui, on peut dire que c’était comme un échec, mais je peux comprendre. Cette période là, c’était compliqué pour moi, j’avais toujours les douleurs donc ce n’était pas facile pour espérer autre chose.

Quelle a été la suite des événements après la fin de ton contrat ?

Après la fin de mon contrat, c’était difficile de trouver un club. Je suis allé à Aubagne où j’ai fait un an, mais même là-bas j’avais encore mal, ce n’est qu’à la fin de la saison que mes douleurs ont disparu. Après Aubagne, je suis allé à Marignane. Et sinon, j’ai été deux fois avec l’équipe UNFP qui permet aux joueurs professionnels sans contrat de continuer à jouer et d’essayer de trouver un club. J’y suis allé une fois dès que j’ai quitté l’OM, fin juillet pendant une semaine, j’ai fait les matchs contre Montpellier et Strasbourg, et j’y suis allé l’été dernier aussi avant de signer un an à Marignane.

Tu es actuellement joueur à Marignane-Gignac, comment es-tu arrivé dans ce club et comment s’est passée ton adaptation ?

Le coach me connaissait déjà parce qu’il venait souvent regarder les matchs d’Aubagne et je jouais régulièrement, donc c’est là-bas qu’il m’a vu. C’est son adjoint qui m’a d’abord demandé de venir chez eux, au début je ne savais pas, je lui ai dit qu’on verrait à mon retour de l’UNFP et puis finalement, j’ai signé à Marignane. L’adaptation s’est très bien passée, j’ai été bien accueilli. Je connaissais un jeune de l’OM, Kevan Mezine. Sinon, j’ai fait tous les matchs sauf lorsque j’ai pris un carton rouge, et le coach semblait satisfait de moi.

Lorsque l’on a joué dans le plus grand club de France, même en réserve, est-ce-qu’on reste, aux yeux des gens, un joueur de l’OM ou est-ce-qu’on est un coéquipier et adversaire « lambda » ?

C’est à toi de montrer sur le terrain que tu restes un joueur de l’OM. Après, moi je n’ai pas fait de matchs en pro, ceux qui restent vraiment joueurs de l’OM aux yeux des gens, ce sont ceux qui en ont faits. Mais il faut quand même que j’essaie de m’imposer pour montrer que je suis un ancien joueur de l’OM.

Sur les plans physique et mental, comment te sens-tu actuellement ?

Physiquement je suis bien. Mentalement aussi, même si c’est vrai que c’est difficile avec cette fin de saison, avec ce qui se passe, mais on est obligé c’est comme ça.

Tu es encore jeune, à 24 ans seulement, tu dois encore avoir des objectifs. Quelles sont tes ambitions ?

J’ai envie de monter petit à petit pour retrouver à terme le statut professionnel. Peu importe quand ça arrivera, même si ça prend du temps, j’ai vraiment envie d’y parvenir.

D. LeFrapper, encore lui, te décrivait comme «un exemple pour les jeunes, un modèle de courage». Aurais-tu un message à faire passer à des jeunes sportifs justement qui, comme toi à l’époque, traverseraient de difficiles épreuves ?

Je leur conseillerais de ne rien lâcher car c’est au bout de l’effort qu’on a des récompenses. Il faut continuer à travailler et avoir un mental d’acier. Ce n’est que le travail, le travail encore et toujours.

Que peut-on te souhaiter pour la suite?

La santé, puisque quand tu as la santé, tu peux tout faire!

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