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PROCHAINS MATCHS

Faut-il encore croire en Aubameyang ?

Figure de proue d’un mercato générant un enthousiasme certain, Pierre-Emerick Aubameyang est aujourd’hui le symbole d’un OM au jeu et aux résultats indignes des attentes légitimes du peuple olympien. Le constat est clair, les inquiétudes sont grandes, bien que des motifs d’espoir existent.

Une espérance estivale déjà contrariée

Samedi 21 octobre, stade de l’Allianz Rivera, Nice : à la 73ème minute d’un match crucial pouvant remettre l’OM dans le bon sens, Pierre-Emerick Aubameyang profite d’un long ballon de Valentin Rongier pour débouler devant le gardien aiglon. Il le fixe, puis tente un piqué peu inspiré…raté. L’OM repart au final avec 0 point et une énième désillusion. Ce raté, cette action par laquelle l’attaquant gabonais avait l’opportunité d’enfiler enfin le costume d’homme providentiel, incarne trois premiers mois décevants et a cristallisé l’agacement latent des supporters à son égard.

Si l’on peut considérer que le mois de juillet fut comme souvent synonyme d’un optimisme disproportionné chez les amoureux de l’OM, le statut d’un joueur passé par des clubs tels que Dortmund, Barcelone et Arsenal, explique un enthousiasme particulier. Certes, son âge, 34 ans, représentait un motif légitime de doute, mais son nom et sa saison réussie relativement récente au Barça, justifie l’espérance populaire.

Sa renommée, son contrat de 3 ans (décision lunaire de Pablo Longoria), son salaire proche des 650 000 euros par mois, plus de 26 millions sur les 3 ans (selon capology.com, site de référence sur les finances des club), lui confère une responsabilité unique et supérieure : celle de mener offensivement l’équipe par ses actions décisives.

En 15 matchs, l’ex-Gunner a marqué à 5 reprises mais 1 seule fois en 10 matchs de Ligue 1. Il n’a pas marqué lors de 12 des 15 matchs… Pire, il n’a mis qu’un but (face à un promu) alors qu’il est le 4ème joueur de Ligue 1 en matière d’expected goals, donc en nombres de buts qu’il aurait dû marquer par rapport aux positions et situations de tirs obtenues. Il est le 2ème pire joueur du championnat pour ce qui est de l’écart entre le nombre de buts attendu statistiquement, et le nombre de buts marqué. Ses statistiques sont parlantes, mais seraient acceptables s’il contribuait autrement à un OM brillant, dominateur et aux résultats satisfaisants. Ce n’est évidemment pas le cas. L’OM végète en milieu de tableau. L’OM ne marque qu’1,2 buts par match.

Après Paris et Monaco, l’OM s’incline à nouveau chez un rival, Nice.

La frustration est d’autant plus grande qu’Aubameyang succède à la pointe de l’équipe à un joueur génial, devenu idole par son talent, son intelligence de jeu, son attitude, sa soif de vaincre : Alexis Sánchez. Il serait injuste de tenir l’international gabonais responsable des choix critiquables de Pablo Longoria. Il n’a forcé personne à lui donner ce contrat, et son attitude est irréprochable. Par contre, l’exigence à son égard est appropriée, le sentiment de déception qui en découle pour l’instant l’est tout autant.

Un profil pourtant prometteur

Aumabeyang débarque sur la Canebière quelques semaines après un énième chamboulement sportif. Exit Igor Tudor et son football plein de culot, de rythme et d’ambition. Le 4-4-2 relativement passif de Marcelino représente une nouvelle révolution idéologique. Le pressing n’est plus une conviction, seulement une possibilité situationnelle. Le nouvel OM accepte sans sourciller de peu posséder le ballon, même face à des équipes sur le papier plus faibles (44% de possession contre Brest et 42% contre Reims, à chaque fois à domicile). Il accepte aussi de jouer relativement bas. Le but est simple : créer de l’espace dans le dos de la défense adverse, et l’utiliser en mettant l’accent sur des sorties de balle et des phases de transitions très identifiées et travaillées. 

Qui dit nouvelle idéologie, dit nouveaux besoins. Cette révolution permit de légitimer l’annuelle transformation de l’effectif. Pour punir l’adversaire dans la profondeur, il faut un 9 rapide, aux appels tranchants, plein de sang froid et de talent face au gardien adverse.

Bien qu’on puisse légitiment questionner le choix de confier ce rôle d’attaquant de profondeur à un joueur de 34 ans, l’idée n’est clairement pas dépourvue de sens. Sur le plan purement technique, Aubameyang a le profil idoine, et son expérience du top niveau est une force. Ses premières courses n’ont pas particulièrement inquiété sur sa capacité à faire des différences. Comme nous l’avons évoqué plus tôt, il se crée des occasions, dont certaines étant la copie conforme d’actions ayant fait de lui un attaquant de premier plan en Europe.

Communion entre Aubameyang et les supporters, face au Panathinaïkos, pour son premier but au Vélodrome.

Le mariage entre l’idéologie Marcelino et le néo-Olympien fut d’ailleurs rapidement la source de grandes promesses. Dès le 3ème match, on eut un aperçu alléchant de ce que cela pourrait donner. Dans un Vélodrome bouillant, pour un match retour vital face aux Grecs du Panathinaïkos, le style Marcelino prit forme de manière éclatante. Le premier but est l’archétype des mouvements faisant la force des équipes du technicien espagnol. Une transition jouée à la perfection, le latéral trouve en relais le milieu droit entré vers l’intérieur, le 9 attaque l‘espace entre les deux centraux adverses, puis conclut l’action avec classe. On eut même droit, sur le second but, au Aubameyang buteur de surface. Qualité qu’il a développée tout au long de sa carrière, et compensant l’affaiblissement relatif de sa vitesse.

Malheureusement, il ne reste plus grand-chose de ces images, si ce n’est de l’amertume : l’OM fut éliminé le soir-même, le sourire contagieux d’Aubameyang après un but est devenu une rareté, Marcelino lui n’est déjà plus là. Avec lui s’en est allé le projet de jeu pour lequel le Gabonais fut choisi.

Les mêmes promesses pour les mêmes déceptions

Les premiers matchs sous les ordres de Gennaro Gattuso ont mis en lumière un OM proactif, plus de pressing, une ambition offensive plus grande que chez son prédécesseur. Par moment, une certaine folie s’empara de ces rencontres. Pour tout supporter, elle fut un coup de fraicheur après un début de saison souvent marqué du sceau de la passivité et de l’ennui. Les premières mi-temps très mouvementées face à Monaco et Brighton, ainsi que la performance satisfaisante et agréable face au Havre, ont mis du baume aux cœurs olympiens. Avec deux très belles passes décisives et un but dans son style caractéristique, Aubameyang prit part à cette dynamique positive.

Mais là encore, la belle dynamique collective et la belle dynamique individuelle ont emprunté à nouveau le même chemin. Elles se sont à nouveau rapidement éteintes. C’est là un reproche majeur à faire au Gabonais. Il semble dépendre de la dynamique collective, ses performances et sa mentalité ne tirent pas l’OM vers le haut. On ne peut être que déçu par la faiblesse de son leadership.

II n’est évidemment pas question de dédouaner l’entraineur italien du caractère succinct de cette dynamique positive. Il est le premier responsable, et ses choix forment une circonstance atténuante valable aux performances décevantes de l’ancien Stéphanois. En effet, après avoir été synonyme d’ambition et d’idées bien travaillées (bloquer la sortie de balle adverse, les relances des latéraux vers l’intérieur du jeu, etc.), le projet de jeu de Gattuso s’effritta. Ses choix devinrent défensifs. L’Italien s’est rapidement mué en coach conservateur, frileux.

Face à Lille, pour une nouvelle contre-performance d’Aubameyang et de l’OM.

Certains de ses choix semblent d’un autre temps. On peut mettre ici en avant celui de remplacer un ailier, Ndiaye, par un latéral, Renan Lodi, à la 79ème minute, afin de conserver le 2-1 contre Brighton. Ses changements à Nice sont encore plus parlants, voire surréalistes. Remplacer l’attaquant de pointe et le meneur de jeu par un 6 et un défenseur central, était déjà une idée critiquable à 0-0, même après le rouge (il justifie au maximum un changement défensif, pas deux). Le faire alors que l’OM est mené 1-0, et donc devant avoir au contraire comme priorité d’augmenter (ou au moins conserver) son pouvoir offensif pour égaliser, est un choix incroyablement défensif. Venant de l’entraîneur de l’OM, un club qui vise naturellement les premières places, il est justifié de trouver cela scandaleux…Sans surprise, que ce soit contre Brighton ou à Nice, ses décisions ont mené à un échec.

Depuis 3 matchs (2 joués, 1 reporté) le champion du monde italien a passé un cap dans cette dimension défensive, en optant au milieu de terrain pour un trio sans le moindre créateur, sans le moindre joueur de 30 dernières mètres : KondogbiaRongierVeretout. Aligner un tel trio limite grandement la créativité de l’équipe, la qualité de son jeu et de ses résultats.

Ce contexte football peu enclin à l’élan offensif, aux enchaînements techniques et à l’enthousiasme, qu’on retrouvait déjà avec Marcelino sous une autre forme, représente un obstacle non négligeable à l’épanouissement de Pierre-Emerick Aubameyang dans le club provençal.

Des motifs d’espoir et un besoin d’innover

Malgré l’ensemble des reproches qu’on puisse faire à l’attaquant olympien, il n’est pas devenu un joueur médiocre, ou neutre. Ses deux doublés en Coupe d’Europe ne sont pas tombés du ciel, ils ont une valeur incontestable. Les amoureux de l’OM ont vu en ces deux performances une esquisse d’un Aubameyang à la hauteur de leurs espérances. Si l’espoir est aujourd’hui déçu, il n’y a pas de raison d’être définitif.

En effet, il serait trop sévère de le qualifier de transparent sur le terrain, et par conséquence de « cramé ». Certains matchs peuvent mener à ce jugement pessimiste, et son nombre d’expected goals est plus faible sous Gattuso que sous Marcelino. Mais l’attaquant se crée globalement assez d’occasions, est impliqué dans assez de mouvements, pour ne pas le condamner dès novembre. Son raté contre Nice est symbole de déception, mais nous dit aussi qu’il est encore capable de faire grand mal aux défenses adverses.

De plus, la concurrence au poste de 9 est assez faible. En faire dès aujourd’hui la doublure d’un Vitinha titulaire sur le long terme cette saison aurait peu de sens. Ce serait trop radical.

Mais une réflexion doit avoir lieu sur sa position. Il est trop souvent dominé dans le duel physique par les centraux adverses, et sa capacité à garder le ballon sous pression n’est pas forcément au niveau attendu. Depuis son arrivée à l’OM, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’écarte de l’axe, sort un peu du combat avec les centraux adverses.

Sa meilleure arme réside dans ses actions sur le côté gauche, que ce soit par une prise de profondeur du couloir, ou des mouvements partant de la gauche pour entrer à l’intérieur afin de frapper ou de combiner. Sa passe décisive à Monaco pour Ndiaye et son second but à l’Ajax correspondent à ces deux situations. Ses appels et percussions partant de la gauche vers l’intérieur représentent une arme sur laquelle Gennaro Gattuso devrait bien plus miser.

L’idée d’un Aubameyang titulaire à gauche n’est aucunement à ignorer, elle pourrait s’avérer fructueuse. Personne ne s’est imposé sur cette aile, personne n’apporte la profondeur qu’apporte Ismaïla Sarr à droite. Aubameyang pendant de Sarr, deux joueurs très forts dans la profondeur, tout en étant capable d’entrer et combiner, est une perspective intrigante, voire réjouissante.

Le Gabonais explose de joie et de rage, après un but de classe à Amsterdam.

Dans ce cas-là, le poste de 9 revient alors naturellement à Vitinha. Ce serait en partie par défaut, car on connaît ses faiblesses, ses limites techniques. Mais sa rage et ses jeunes jambes feraient grand bien au pressing de l’OM. Et il semble aujourd’hui plus à même d’exister dans la surface adverse que l’ancien blaugrana. Un trio sur la largeur AubameyangVitinhaSarr, avec un créateur dans l’axe, qu’il s’agisse d’Harit, de Ndiaye ou d’Ounahi, donnerait bien plus de créativité et de pouvoir offensif que les dernières compositions d’équipe. Personne ne reprocherait à Gattuso une innovation audacieuse.

Pierre-Emerick Aubameyang est à la fois un symbole et un symptôme d’un OM sans stabilité tactique et idéologique. Ses performances déçoivent, ses statistiques et son leadership aussi. Mais il serait injuste de lui donner une part de responsabilité excessive, tant les décisions de Pablo Longoria et les entraîneurs qu’il a choisis, sont critiquables. Aujourd’hui, nul ne sait ce dont est encore capable Aubameyang, s’il peut retrouver un niveau satisfaisant et porter autant que possible cet OM instable et mal dirigé.

Une chose est sûre : personne ne peut lui enlever son envie de gagner et sa bonne attitude. Cela n’est pas suffisant pour l’épargner de critiques et de sifflets, mais c’est suffisant pour qu’on croit encore en lui.

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