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Kachkar, retour sur une escroquerie presque parfaite

Jack Kachkar, obscur homme d’affaires canadien, a failli en 2007 racheter le club phocéen. Retour sur un court feuilleton tout en vices et apparences trompeuses.

« La vente de l’OM à M. Kachkar sera finalisée lorsque ce dernier aura payé le prix convenu entre les deux parties. » Mi-février 2007, feu Robert Louis-Dreyfus est convaincu. Pour la somme d’environ 115 millions d’euros, l’Olympique de Marseille est cédé ! Pourtant une poignée de jours plus tard, la situation s’est tragiquement inversée.

Le contexte

L’OM piétine en championnat, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Malgré une deuxième place acquise jusqu’en octobre, les choses se compliquent. Entre des performances trop moyennes et un manque de réalisme qui fait peur, le club lâche peu à peu le podium, se retrouvant sixième à la mi-saison.

Début des négociations

Pendant ce temps, la direction est en pleine réflexion. RLD, qui a lancé les recherches pour trouver un repreneur quelques mois auparavant semble avoir décelé un dossier plus sérieux que les autres. Après avoir été condamné à trois ans de prison avec sursis, le Franco-suisse décide de vendre le club. Et des noms comme celui de George N. Gillet Junior (gestionnaire de portefeuille et actionnaire du Liverpool FC) sortent, mais un entrepreneur canadien retient l’attention.

Un certain Jack Kachkar, PDG de la firme pharmaceutique Inyx, vient prendre la température. Avec une fortune estimée à 300 millions d’euros, Robert Louis-Dreyfus, alors dans une situation particulière avec l’OM, veut bien manifester son intérêt. La suspicion reste de mise malgré tout.

Confiance et avancée

Il faut attendre début décembre pour que le corps décisionnaire commence à être unanime sur Jack Kachkar. Les quelques réticences de José Anigo et Vincent Labrune ne forment désormais qu’un tas de cendres. Le natif de Damas en profite pour développer son image et se montrer un peu partout. De quoi enflammer les médias, et progressivement les supporters.

Bien aidé par un cabinet spécialisée en communication de crise, Image sept, Jack Kachkar peint un auto-portrait dans lequel il se donne la carrure d’un immense entrepreneur. Celui d’un gars qui se glisse partout où l’argent circule à grande échelle.

Culture de l’exacerbé

Il est prêt à tout pour acquérir les 80% de parts de la holding qui détient le capital de l’OM. Il prétend détenir des mines au Canada et au Mexique, qui pèseraient des centaines de millions de dollars. D’homme quasi-invisible il porte désormais le statut, d’un puissant et éminent businessman. Mi-janvier, les négociations progressent, tout comme la complicité entre les deux protagonistes. Dans la demeure helvète de Robert, les discussions avancent. L’actionnaire majoritaire du club n’émet aucun doute concernant les garanties financières fournies par Jack.

Il a confiance en celui qui a été présenté par l’avocat de la City, Francis Bridgeman. Jack Kachkar, qui a exhibé ses multiples propriétés et affaires, est plus que serein. Il compte investir, en plus des 115 millions d’euros prévus pour l’acquisition, 240 millions pour « Jouer et gagner la Ligue des Champions »

Accélération fin janvier

La folie continue, Jack Kachkar, qui a expliqué son montage financier pour le rachat (transactions entre plusieurs banques…), est prêt à tout pour conquérir le public et le cœur olympien.

L’OM reçoit Lyon pour le compte des huitièmes de finale de la Coupe de France. Dans un stade quasi-plein et une ambiance de dingue. L’OM est cueilli pourtant à froid par une tête de Cris.

Les Olympiens, dans une fin de match démente, renversent la tendance et gagnent la rencontre. Jack Kachkar, fraîchement débarqué en jet privé à Marseille, après avoir discuté avec le regretté Pape Diouf a assisté à la rencontre. L’occasion pour lui de continuer sa parade, se présenter et féliciter les supporters présents au stade. Dans l’euphorie, il va au-devant de tous les fans, y compris les lyonnais…

Il est invité par la direction à se rendre dans les vestiaires pour fêter la victoire. Pas de demi-mesure, mais plutôt champagne, accolades avec Ribéry (qui lui donna plus tard un maillot olympien floqué Kachkar) et cris de joie à tout-va. Placide jusqu’au bout, il est accueilli par Jean-Pierre Foucault et l’ancien maire de la ville Jean-Claude Gaudin.

Le bouleversement

Après la quasi-certitude d’un rachat de l’OM, le Figaro vient apporter un peu de noirceur à un tableau d’un blanc immaculé en façade. Le quotidien, dans son édition papier, publie une enquête sur le magnat pharmaceutique. La Tracfin (cellule anti-blanchiment du Ministère des Finances) étudie le cas Kachkar.

Les doutes commencent donc à émerger dans les sphères médiatique et publique. Jack n’est pas l’homme qu’il prétend être. Des malversations, trucages de CV, pratiques financières douteuses, surévaluation de chiffres d’affaires font surface. En bref, tout un ensemble d’éléments qui font sombrer lentement mais sûrement un homme providentiel au rang d’escroc notoire.

Amendes et case prison

Robert Louis-Dreyfus, ne rompt pourtant pas sur le coup les négociations. Jack demande, le 26 février 2007, un report pour l’achat, qui lui sera accordé. Le temps d’analyser la garantie bancaire fournie par le Canadien et son ami Ramon Duran.

Au final, cette garantie s’avère sans valeur. Après une énième magouille financière qui lui permettrait de gagner du temps, Jack Kachkar voit son immense gâteau se transformer en coupe-faim. RLD rompt toutes les négociations et poursuit en justice l’homme d’affaires qui se retrouve mouillé jusqu’au cou. Entre banqueroutes et démissions en masse, ses entreprises et autres business prennent l’eau.

En 2011, il est condamné à verser à 500 000 € de dommages et intérêts à Margarita Louis-Dreyfus. Aujourd’hui, il porte ses derniers costards en attendant de les remplacer par la tunique orange des prisonniers étatsuniens. À l’été 2019, il a été condamné à 30 ans de prison pour avoir détourné près de 100 millions de dollars à une banque porto-ricaine.

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