En octobre 2016, Andoni Zubizarreta Urreta est nommé directeur sportif d’un OM en pleine reconstruction. Un an après son renvoi du FC Barcelone, il prend les rennes de l’OM et vient chapeauter le Champions Project. Mais en près de 4 ans les ombres planent au dessus de son bilan. Retour sur le passage de Zubi.
« Sa venue est l’acte II du projet, depuis dix jours que nous sommes à la tête du club. Il a le profil idéal pour ce poste, c’est un dirigeant brillant, performant. »
Jacques Henri Eyraud à l’arrivée de l’Espagnol.
Andoni débarque à l’OM avec un passé dans la direction sportive assez important. Il a supervisé les venues de grands joueurs au Barça, entre autres Neymar et Suárez et était même à la direction lorsque le Barça a enchaîné en 2015 le doublé LDC, Championnat.
De quoi émerveiller et réjouir certains. Son passage au Barça n’a pourtant pas été parfait. Pour preuves, quelques mauvais recrutements et choix politiques venus assombrir un tableau qui semblait si lisse.
À la manœuvre des retours
Les premières missions de Zubi ont été de rapatrier quelques cadres de l’OM. Florian Thauvin, Steve Mandanda et Dimitri Payet transférés en Premier League, sont revenus dès les premières vagues du projet. La plus grosse opération fût celle de l’actuel numéro 10. Il a fait son retour aux abords de la Canebière pour environ 30 millions d’€, le plus gros transfert réalisé sous l’ère McCourt. Néanmoins, l’impact de Zubi sur ce transfert sera moindre. Des choix intéressants, l’attachement à ce club de ses joueurs n’est plus à souligner, malgré le fait que cela puisse s’apparenter à une prise de risque minimale. Zubi, avec tous les crédits de la hiérarchie, mène une politique de transferts très sécurisante. L’avenir lui a donné raison, les trois ont dans l’ensemble apporté pleine satisfaction.
Des transferts intéressants, mais pas surprenants
En janvier 2017, l’OM débourse environ 10 millions d’€ pour recruter Morgan Sanson. Sur le papier c’est un bon coup. Les chances pour qu’il quitte l’OM pour un montant au minimum deux fois plus élevé sont probables. À l’été dernier, l’ancien Blaugrana se bagarre avec Kita, le chef de garde nantais, afin de récupérer Valentin Rongier. Au vu de la saison du Français, cela peut sembler être une pleine réussite.
L’Olympique de Marseille a déboursé 13 millions d’€ + 4 millions de divers bonus (2 ont été versés à la suite de la qualification en ligue des champions de l’OM), ce qui peut venir ternir ce transfert. Sans compter le pourcentage versé à Nantes sur la future possible plus-value. Zubi est l’architecte ou presque de ces arrivées, qui sont intéressantes, mais une nouvelle fois, on ne peut que constater que ce sont des joueurs bien connus de la ligue 1. Le fameux travail de scoutisme pur et dur n’a pas été ordonné.
Les transferts Duje/Nemanja
À l’été 2018, Zubi enfile les gants et s’en va parcourir l’Europe et réaliser deux transferts séduisants. Duje Ćaleta-Car et Nemanja Radonjić. Environ 20 millions pour l’un et 13 pour l’autre. Après 2 saisons, on peut déclarer que le transfert du Croate est une franche réussite. Intelligent, costaud, doté d’un beau jeu de relance, il a progressivement marqué de son empreinte la ligue 1. Fait plus compliqué pour NR7, tant sa première saison est à oublier pour des raisons déjà évoquées.
Le Serbe revit cette saison, mais il est toujours difficile de le disposer comme une réussite, il doit encore énormément progresser. Sur le fond, de ces recrutements on retrouve le même schéma que pour la doublette Sanson/Rongier. Ce sont deux jeunes joueurs, mais déjà connus dans le milieu du foot. Duje a effectué une campagne d’Europa League immense et Radonjić est un feu follet du championnat serbe et qui a pu s’illustrer durant la Coupe du Monde 2018.
Autant le prix déboursé pour Duje semble correct au vu de son niveau actuel, cela est bien différent pour Nemanja, qui a été acheté lorsque sa valeur marchande atteignait le plafond. Au point même d’évoquer une possible surévaluation.
Encore une fois ces transferts certes sont de bonne augure, mais ne viennent pas défendre l’idée d’un Zubi sondeur très actif, à la recherche de la pépite au plus petit coût. Bien évidemment, les arrivées de Gustavo et Álvaro ont été très positives.
Guerre perdue avec Rudi Garcia
Zubi est décrit comme sympathique, souriant, calme, mais pas très persuasif. À l’image de la relation entretenue avec Rudi Garcia. Lorsque le coach lyonnais était à l’OM, il semblait avoir la main mise sur la politique de recrutement. Comme les venues de Strootman et Sertic l’ont démontré. À coup de 25 millions pour l’un en provenance de la Roma et de plus d’un million pour l’autre, qui débarquait de Bordeaux.
Des très mauvaises opérations qui se sont menées sous le nez de Zubi, qui ne s’est pas opposé à ses transferts, malgré son désaccord. Sur ces 3 saisons et demie, la bataille idéologique avec l’entraîneur français a été perdue, Zubi semblait être trop en retrait.
Quelques échecs et membre éminent du FC renseignements
Comment ne pas oublier les échecs Germain et Mitroglou, les fameux numéro 9 érigés en grands attaquants, venus redorer le blason de l’Olympique de Marseille. Andoni était le décisionnaire de ces transferts. Acté dans les derniers instants du mercato, le transfert du Grec a été ordonné pour 15 millions d’€. Sans oublier le pourcentage donné à Benfica en cas de revente. L’histoire est connue de tous, l’arrivée bien trop tardive de Balotelli aussi.
L’image de Zubizarreta qui dort a fait le tour du web, la photo du directeur sportif s’est transformée en véritable mème. Utilisé souvent de manière péjorative afin de décrier et véhiculer à tord ou à raison un directeur sportif pas calibré pour l’OM. Comme le témoigne les différentes tractations pour le latéral gauche. Un poste qui fait défaut au club olympien depuis 3 saisons.
Andoni, au vu du peu de joueurs trouvés dans certains compartiments du jeu, a longtemps tenu le rôle d’un directeur uniquement présent pour l’observation mais qui ne concrétise pas.
Trop peu de ventes
Cet article détaille au mieux les transactions effectuées par l’OM. Le constat est clair, le club phocéen n’a que trop peu vendu de joueurs. Les seules transactions notables effectuées par Zubi sont celles de Zambo parti à Fulham pour environ 30 millions d’€ et de Lucas Ocampos pour environ 15 millions d’€.
L’immense travail effectué chez les catégories jeunes
Les opérations menées par Zubizaretta chez les jeunes sont notables. En premier lieu, les échos font état d’une uniformisation du jeu pratiquée entre les différentes catégories. Zubi s’impliquerait dans le recrutement en faisant en sorte de privilégier des joueurs dont la capacité technique serait supérieure aux qualités physique et athlétique. Une opposition aux standards cherchés alors que d’autres directeurs sportifs étaient présents. De plus, le Basque a fait en sorte de favoriser la recherche de joueurs présents dans la région. Pour preuve, les multiples partenariats structurés depuis son arrivée et ses travaux concernant l’OM campus. Comme en témoigne Serge Obré, directeur sportif du club de Burel.
Nous avons un partenariat depuis 4 ans. Nos relations sont devenues cordiales et nous nous évertuons les uns les autres à respecter les engagements pris. Nous avons une proximité de ce fait qui n’avait jamais eu lieu dans notre histoire commune. Les échanges sont fréquents et fructueux avec le référent du Burel. Quand la situation l’exige, nous entrons en contact Nasser Larguet et moi comme aujourd’hui. À 14 et 15h des familles de joueurs prometteurs sont invitées à découvrir le projet Next generation à la commanderie. La coordination est bien huilée.
Serge Obré, directeur sportif de Burel
Zubizaretta est resté à l’OM durant 3 saisons et demie, il y a eu du moins bon, du correct, mais ce qui est sûr, c’est qu’il laissera un goût d’inachevé lors de son aventure à l’OM. Sa dernière saison est venue apporter quelques reflets de lumière sur un tableau trop noirci. Son rôle dans la venue d’André Villas-Boas est louable, tellement le sort de l’entraîneur portugais semble avoir été ficelé avec celui d’Andoni.