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Roger Scotti : L’OM à tout prix

Joueur de l’OM de 1942 à 1958, Roger Scotti est incontestablement une des plus grandes vedettes qu’a connu l’OM. Il aurait fêté ses 98 ans aujourd’hui. Voici son histoire.

Bercé par le grand OM des années 20

Le jeune Roger est né en 1925, près d’un an après la première victoire de l’OM en Coupe de France. Il va grandir dans une ville qui accueille les grandes stars que sont Boyer, Crut, Alcazar, Zatelli, Kohut. Il va passer toute son enfance à fêter des titres, à vivre les journées de finale, la boule au ventre. On ne vivait pas ce genre d’évènement en direct à la télévision comme aujourd’hui. On attendait le coup de téléphone du président de la section football, au président de l’OM qui l’annonçait au public.

Il vivra principalement des victoires (6 Coupes de France, 2 championnats). Malgré la double déconvenue en 1934 contre le FC Sète qui prive l’OM du premier doublé de l’histoire, au profit du rival Sétois. Passionné de ballon rond, il rejoint les classes de l’OM à l’âge de 10 ans. Il se révèle très doué dans la technique et passe les catégories de jeune. Il remporte même le championnat de sa catégorie en 1937. Ainsi, c’est un évènement extra-sportif qui va accélérer sa carrière : la Seconde Guerre Mondiale.

Le plus jeune joueur de l’OM à jouer une finale de Coupe de France

Ce n’est pas la mobilisation générale qui va propulser Roger Scotti avec l’équipe première, car il est encore trop jeune. Cependant, la débâcle de l’armée française et l’occupation qui va en suivre va redistribuer les cartes. Aussi bien au niveau de la hiérarchie des clubs que de la hiérarchie des joueurs. Tout est transformé, le championnat de France est alors divisé en trois zones : la Zone Libre (sous le régime de Vichy), la Zone Occupée (sous le contrôle des Allemands) et la Zone Interdite (tout le long de la côte). L’Alsace et la Moselle sont eux intégrés aux compétitions allemandes. Il ne reste que la Coupe de France qui garde son envergure nationale.

C’est dans ce contexte que Roger Scotti va faire ses débuts avec les pros, le 3 janvier 1943, dans une rencontre de D1 Zone Libre, contre le TFC (celui de 1937), puis en Coupe de France la semaine d’après. Il va jouer quasiment tout le reste des rencontres de l’équipe par la suite. Cette dernière, gagnant sa demi-finale haut la main 3-0 contre le Nîmes Olympique, puis sa finale de Zone dans le même, contre le Club Olympique de Perpignan (Ancêtre du Canet Roussillon FC). La finale de la Coupe de France se jouera comme avant-guerre, au Stade Olympique Yves-du-Manoir, à Colombes. La finale est serrée et le score sera de 2-2 à l’issue du temps réglementaire.

Roger Scotti (au centre) fête la victoire de l’OM en Coupe de France.

Une affaire extra-sportive éclate : « L’affaire Neumeur ». Un Bordelais a joué la Coupe de France sans avoir de licence. Marseille est d’abord déclaré champion avant que le Colonel Pascot exige que le match soit rejoué, sans conséquence, l’OM écrase les Girondins de Bordeaux 4-0 et Roger Scotti, encore lycéen, devient le plus jeune joueur de l’OM à remporter la finale de la Coupe de France.

L’après-guerre est plus compliquée

Cependant, dès la saison d’après, Vichy crée des équipes « fédérales » qui auront le statut professionnel, et déchoit l’Olympique de Marseille ainsi que les clubs historiques du football français de ce statut. Les joueurs professionnels sont bien obligés d’aller jouer dans ces équipes fédérales. L’OM, redevenu amateur, va donc perdre ses joueurs, dont Scotti. La situation reviendra à la normale à la libération. Scotti toujours là, permettra à l’OM de remporter le championnat 47/48.

Le joueur est doué d’une technique hors norme et bien qu’il soit souvent critiqué pour être « trop lent », il compense par son intelligence et sa ruse. C’était un tireur de penalty hors pair, tellement qu’il n’en a raté que deux dans toute sa carrière. Et l’un des deux porte une anecdote très étonnante, lors d’un OM-Toulouse, en 1947. L’OM ne joue plus rien, tandis que Toulouse a besoin d’un match nul pour se sauver. A la fin du match, l’arbitre siffle un penalty pour l’OM et c’est évidemment Roger qui s’apprête à le tirer. Le gardien l’implore : « De grâce Roger, met-le à côté ! Fais-le pour moi ! ». Roger répond : « Je nous laisse une chance à chacun, je vais tirer sur le poteau, alors, prie seulement pour que la balle heurte l’arrête externe et non l’interne… ». Il tire sur le poteau et le ballon sort.

Partir de Marseille lui aurait arraché le cœur

En fait, Roger Scotti est né à la mauvaise époque. Trop tôt pour pouvoir apprécier les victoires. Trop tard pour pouvoir les jouer. Ainsi, après 1948, le football n’est plus trop le sujet principal (il faut reconstruire la France). Les clubs d’avant guerre disparaissent petit à petit et l’OM ne fait pas exception. Pourtant, Roger est un très grand joueur. Son seul défaut aura été de trop aimer Marseille et l’OM. Il aurait pu faire une grande carrière mais décidera de rester dans son club de toujours.

Le XI de la finale 1954 avec en bas au centre, la triplette Ben Barek – Andersson – Scotti.

La défaite en finale de Coupe de France 1954 restera un véritable crève cœur pour Roger, et ce malgré une attaque Scotti – Johansson – Andersson – Ben Barek. C’est l’OGC Nice de Fontaine qui va aller glaner le trophée. En championnat, l’OM finit 14ème, à 3 points de la relégation. Comme un chant du signe, c’est lors de sa dernière saison pleine qu’il ira glaner la Coupe Charles Drago, le lot de consolation de la Coupe de France, en 1957. Tout comme Gunnar Andersson, Roger Scotti prendra sa retraite la saison d’après. Il marquera son dernier but, sur penalty, contre Sedan.

A la dernière minute de la finale, Scotti va mettre une tête qui semble inarrêtable, dans un élan de désespoir, le gardien s’élance et effleure la balle suffisamment pour qu’elle touche le poteau. Malédiction.

La saison suivant son départ, l’Olympique de Marseille descend en 2ème division, le dernier club participant à la saison inaugurale de 1ère division relégué.

Bien qu’il n’ait pas le plus grand des palmarès, grâce à son amour pour l’OM, en plus d’être un très bon joueur de foot, Roger Scotti existe encore aujourd’hui dans l’esprit des supporters marseillais. C’est aussi une association avec Gunnar Andersson qui a fait soulever les foules, l’ancêtre du duo Skoblar – Magnusson ou Papin – Waddle. Roger Scotti restera pendant près de 70 ans le joueur le plus capé de l’OM, avant de se faire dépasser par « Il Fenomeno » Mandanda en 2017. Pour lui, il le restera à jamais car Roger décèdera paisiblement le 12 décembre 2001, à l’âge de 76 ans.

Bon anniversaire Roger !
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