Après avoir déjà exploré de nombreuses nationalités, voici venu le temps de se souvenir des Néerlandais. Peu d’Olympiens sont venus des Pays-Bas pour offrir leur football au club phocéen mais certains restent marquant dans la mémoire. De par leur dévouement ou de par la déception qu’on en a eu. Retour en arrière…
XXe siècle
Tchen La Ling (1956)
Né à La Haye, dans le pays qu’il a toujours servi, Tchen La Ling a également des origines chinoises de par son père. Il est connu comme un grand joueur de football mais pas toujours pour des raisons positives. Son manque d’investissement et de travail ne lui auront pas permis de briller un peu plus encore dans sa carrière. Il n’empêche qu’il était tout à fait capable d’offrir de la technicité à son poste d’ailier. Son tempérament et sa tendance à ne pas prendre en compte les critiques l’ont certainement freiné dans sa progression.
Il joue 195 matchs pour l’Ajax Amsterdam avant de s’envoler pour la Grèce puis de revenir vers le sud de la France à l’été 1984. L’OM, alors dirigé par Jean Carrieu, accueille l’attaquant batave. Mais il est déjà dans la fin de sa carrière et sort d’une saison grecque sans grande conviction. L’OM, lui, vient de remonter en D1, fragile encore de ces dernières années. La Ling n’arrive donc pas dans les meilleures conditions et doit batailler pour se montrer sous son meilleur jour. Il s’associe avec, entre autres, Laurie Cunningham. Mais malgré une succession de trois entraîneurs, il ne convainc pas la direction et finit la saison avec six buts en 27 matchs.
C’est finalement au Feyenoord Rotterdam qu’il signe la saison suivante, revenant assez rapidement dans son pays natal. Il faut dire aussi que Marseille ne brille pas de façon générale, finissant 17e du championnat. L’ex-Ajacide n’aura donc pas marqué de la meilleure des façons le club méditerranéen, arrivé a Marseille sûrement un peu tard dans sa carrière.
Boudewijn Zenden dit « Bolo » (1976)
Certainement le souvenir le plus chaleureux que nous, supporters marseillais, pouvons garder d’un Néerlandais portant les couleurs de l’OM. Bolo Zenden, né à Maastricht en 1976, se présente comme un milieu offensif au pied gauche puissant. Il débute naturellement dans son pays, au PSV Eindhoven, où il joue 134 matchs. Passé également par Barcelone puis par l’Angleterre, il débarque à l’OM avec pas mal d’expérience emmagasinée. C’est Pape Diouf qui le fait venir au club, alors qu’il est président, durant l’été 2007. Liverpool lâche gratuitement son joueur de 30 ans.
« L’étape à l’OM a été spéciale, surtout par l’ambiance qui y règne. J’étais déjà un footballeur mûr, mais je n’avais jamais vécu quelque chose de si fort. »
– Zenden
Zenden est donc marseillais et ce, pour deux saisons pleines. Ses débuts sont timorés, il ne séduit pas autant que l’on aurait pu l’espérer au vu de sa carrière et de ses qualités. La saison 2008-2009 s’avère meilleure et convainc même Didier Deschamps, alors tout juste successeur de Gerets, de proposer une prolongation de contrat au Néerlandais. Mais celui-ci refuse et part librement sans même avoir de point de chute pour son avenir.
Mais sinon, Zenden à l’OM c’est 76 matchs, en nous offrant six buts et sept passes décisives. Loin de ses standards au PSV, mais tout de même assez pour laisser un souvenir plus que correct dans une période où l’OM revenait au plus fort.
Il fut cependant plus un remplaçant qu’un titulaire, alors que ses postes de prédilection sont occupés par des joueurs imposants : Cissé, Niang, Nasri, Cana… Cela ne l’empêchant pas de rester un homme fort et plus qu’utile dans l’effectif marseillais. Son match face à Paris lors de sa deuxième saison le prouve.
« Je suis toujours mes anciennes équipes, l’OM en fait partie. Je me souviens très bien quand on avait gagné au Parc des Princes et que j’avais marqué un but… Ça rappelle de bons souvenirs de cette époque. »
– Zenden pour So Foot.
Il garde cela dit un très bon souvenir de son passage à Marseille, comme beaucoup de joueurs d’ailleurs.
« Les supporters, ils ont toujours été supers pour moi donc j’aimerais bien un jour retourner au Vélodrome pour voir un match et sentir encore une fois cette belle ambiance. »
– Zenden pour PKFoot.
Karim Rekik (1994)
Passé également par le PSV, dans une moindre mesure, Karim Rekik est arrivé à l’OM avant que McCourt ne prenne les choses en main. Ayant un méli-mélo d’expériences anglaises, il atterrit à Marseille en tant que Mancunien (City), pour cinq millions d’euros. C’est donc à l’été 2015 que le natif de La Haye enfile le maillot bleu et blanc de l’OM.
Marcelo Bielsa est alors toujours l’entraîneur et Vincent Labrune le président. Il tient le poste de défenseur central dès la première journée de championnat, face à Caen. Au côté de Nkoulou, il garde sa place de titulaire une bonne partie de la saison, hormis pendant une période de 9 matchs consécutifs sans fouler les pelouse, en causes, une suspension et des choix sportifs de la part de Míchel, successeur de Passi, lui-même celui de Bielsa. C’est alors Rolando qui le remplace, lui apportant une réelle concurrence.
La saison suivante est marquée par des bouleversements en coulisses avec l’arrivée de l’investisseur américain dans les rangs marseillais. Individuellement, Rekik se voit rétrogradé au sein de l’effectif et ne voit que très peu de minutes de jeu s’accumuler. Rolando et Fanni se partagent les postes de défenseurs centraux, ainsi qu’exceptionnellement Doría et Sertic, aucune chance n’est donnée au Néerlandais dans la hiérarchie. C’est alors sur le côté gauche qu’il est utilisé, mais seulement à neuf reprises, le reste du temps, il cire le banc et se voit même en dehors du groupe sur les dernières semaines. On sent la fin de l’aventure marseillaise pour Rekik, sa place étant complétement compromise. Au mercato estival 2017, le Herta Berlin s’octroie les services du joueur pour 2,5 millions d’euros.
Un joueur qui a donc eu sa place mais qui par la suite n’a pas eu les épaules pour garder son poste. La concurrence a débarqué une bonne fois pour toute et l’Hollandais n’avait pas le talent nécessaire. Comme beaucoup de joueurs sur les dernières saisons, il n’était pas assez convaincant, pour le staff comme pour les supporters. Il fait d’ailleurs partie du 11 des flops de la décennie de notre rédaction.
Après l’Allemagne, il s’est un mieux adapté à l’Espagne, en jouant pour le FC Séville. Mais jamais en tant que titulaire indiscutable, à cause de plusieurs blessures. Aujourd’hui, il offre ses services au club saoudien de Al-Jazira.
Kevin Strootman (1990)
Enfin, pour conclure cette liste néerlandaise, on ne peut omettre Kevin Strootman, le plus récent de tous. Alors actuellement au Genoa, en Serie A, le joueur a eu mal à s’imposer complétement dans l’équipe marseillaise.
Le trentenaire est arrivé de l’AS Roma, voulu par Rudi Garcia, qui l’avait connu là-bas. En août 2018, c’est donc l’un des plus gros achats de l’histoire de l’OM qui s’opère. Le Batave arrive pour 25 millions d’euros avec l’étiquette de grand joueur au milieu de terrain pour tous les supporters, envieux de le voir évoluer au côté de Gustavo. Avec toute l’expérience et la qualité qu’on lui connaissait, il passait pour un très joli transfert. Mais la suite, on la connaît, la déception est réelle et Strootman n’a pas su améliorer la qualité de l’effectif. Du moins, pas autant qu’on l’aurait souhaité.
Dans un OM qui a soif de réitérer de belles choses, après une finale d’Europa League, l’arrivée d’un joueur de son importance était attendue. Lors de sa première saison, il est souvent sur le terrain en tant que milieu défensif : 27 fois titulaire et 8 fois remplaçant. C’est finalement un petit but et quatre passes décisives à la fin de l’exercice 2018-2019. Une recrue bien chère pour des rendements trop faibles. Même le joueur a des envies d’ailleurs au vu de l’engouement inverse que laissent retranscrire les dirigeants.
« J’ai pensé à retourner à l’AS Roma, mais l’OM n’a pas trouvé l’offre intéressante et suffisante. Si ton club te dit que tu n’es plus le bienvenu et que ton ancien club pense à toi, forcément tu y penses. »
– Strootman à Di Marzio.
2019-2020, la saison de toutes les incertitudes, à l’échelle mondiale bien sûr mais aussi à l’échelle du joueur des Oranjes. Valentin Rongier, Maxime Lopez et Morgan Sanson sont les milieux qui le concurrencent. L’expérimenté Strootman ne peut plus espérer augmenter son temps de jeu, bien qu’il profite de quelques titularisations en première partie de saison. André Villas-Boas semble vouloir s’en servir au sein de son milieu mais par la suite, il ne fait qu’accumuler les remplacements. La saison se termine prématurément mais cela ne change rien, Strootman n’a pas su améliorer ses performances durant cette deuxième saison à l’OM. Il marque trois buts et offre quatre passes décisives en 30 matchs.
Enfin, nous voici à la saison 2020-2021. Il n’est alors titularisé qu’une seule fois en 23 matchs. L’arrivée de Pape Gueye n’arrange rien à la situation du Néerlandais, le milieu se forme de plus en plus avec la jeunesse et il ne peut qu’offrir ses conseils depuis le banc. L’international hollandais ne veut plus supporter ce statut et se voit soulager de partir en prêt au Genoa pour six mois. De là, il reprend goût au jeu et peut se libérer, bien plus qu’à l’OM. Son retour prévu à la fin de la saison n’est pas acté par Longoria, qui préfère le prêter à nouveau, à Cagliari. Par la suite, il retourne au Genoa et y signe librement dès la fin de son contrat marseillais.
« J’étais dans une situation négative, je n’ai pas beaucoup joué dernièrement alors j’ai parlé avec ma famille et mon agent : nous voulions revenir en Italie. […] je suis content de cette opportunité et de l’occasion de jouer pour le Genoa. (…) Je veux montrer sur le terrain ce que je suis capable de faire, c’est pour ça que je suis venu. »
– Strootman pour Sky Sport.
Les Néerlandais passés à l’OM n’ont donc pas laissé de si bons souvenirs aux supporters. C’est en tout cas avec des hauts et des bas qu’on a pu voir évoluer ces joueurs. Les Oranjes ont souvent une équipe formidable et/ou à fort potentiel, des éléments légendaires y sont passés jadis. L’OM n’a, pour le moment, pas encore su attirer les bons joueurs. Qui sait, dans le futur, quelle pépite néerlandaise pourra débarquer au Vieux-Port ?