Annoncé avec instance du côté de l’OM, Jorge Sampaoli s’est engagé jusqu’en 2023 ce vendredi ! Reconnaissable par ses bras musclés, ses nombreux tatouages ainsi que son tempérament de feu, il est reconnu pour son football ultra-offensif. Retour sur le parcours d’un homme pas comme les autres.
C’est désormais officiel, Jorge Sampaoli devient le nouvel entraîneur de l’Olympique de Marseille. Après ses deux expériences au Brésil, où il a dirigé Santos et l’Atlético Mineiro, il revient enfin en Europe qu’il a quitté en 2017 ! Le « disciple » de Marcelo Bielsa aura pour objectif d’insuffler un nouvel élan à l’équipe qui traverse une mauvaise période. Le contrat de l’Argentin s’étendra jusqu’en 2023.
🚨🚨 Jorge #Sampaoli a signé avec l’#OM. Il est le nouvel entraîneur. Il a signé jusqu’en juin 2023. Jacques Henri Eyraud n’est plus le président de l’OM. Pablo Longoria nouveau président de l’OM
— Mohamed Bouhafsi (@mohamedbouhafsi) February 26, 2021
« On m’a dit toute ma vie que l’OM est une passion. Que le Vélodrome s’allume quand l’équipe se rend au stade. Marseille est un club du peuple et je me sens moi-même dans cette chaleur. On n’est pas là pour se cacher : on va jouer dur ! »
– Jorge Sampaoli, sur om.net
Entraîneur dans l’âme
Personnage au fort caractère, Jorge Sampaoli est né en 1960 à Rosario en Argentine. Passionné de football malgré sa petite taille (1,67m), il fera ses débuts au Newell’s Old Boys en tant que milieu de terrain chez les jeunes. Suite à une blessure au tibia et au péroné, sa carrière s’arrête à l’âge de 19 ans. Sa frustration de ne pas avoir été professionnel a réveillé en lui le désir de devenir entraineur.
Désireux de ne pas quitter le monde du football, il enchaînera les fonctions au sein des clubs amateurs en argentine (notamment à Rosario).
La Sampa
Déjà à l’époque, on découvre un entraîneur passionné par le football. Très exigeant envers ces joueurs, il attend d’eux un continuel surpassement. La combativité caractérise la plupart des équipes qu’il dirige. Sa détermination ne connaît pas de limite, bien qu’un jour, alors qu’il est exclu du terrain, il grimpe sur un arbre pour donner des consignes à ses joueurs. La photo fera le tour de Rosario. La légende de La Sampa (son surnom) venait de naître.
À partir de cette photo qui démontre sa passion, des portes lui seront ouvertes. Déjà dans les années 90, il n’hésitait pas à mettre les bouchées doubles pour atteindre ses objectifs : entraînement intenses, recrutements des meilleurs joueurs de la région, matchs amicaux avec les meilleures équipes, études des mouvements avec et sans ballon de ses adversaires.
Rien n’est jamais assez pour lui, et pour le foot il faut encore et toujours plus. Son attention est plus fixée sur le but adverse que sur son propre but. Le ballon, l’attaque, le but…c’est ainsi que Sampa conçoit le football. Un professionnel dans un monde d’amateur diront de lui ces anciens dirigeants. Avec ses petites équipes, il créera un sentiment de révolte pour faire tomber les équipes dites « meilleures ». S’inspirant de Marcelo Bielsa déjà à l’époque, il dira des années plus tard :
« La force de Marcelo à générer chez des équipes mineures cette révolte qui leur permet de lutter et d’essayer de s’imposer face aux grands a généré en moi une curiosité d’écouter son message. J’ai beaucoup écouté comment il parvenait à générer ces changements…Le fait que Marcelo soit capable de générer avec n’importe quelle équipe cette obligation de jouer offensif me donne l’impression que c’est possible. »
– Sampaoli sur Bein Sports Espagne en 2017
Les débuts en professionnel
Au travers certaines relations en 2002, il obtient son premier poste de coach dans un club professionnel au Pérou (Juan Aurich). Changeant souvent de club, Il enchaîne les hauts et les bas, ne restant que très peu longtemps en poste.
Arrivé au club de Sports Boys, il est l’entraîneur le moins payé du championnat. Limité dans ses finances, il trouvera un logement dans une caserne des pompiers. Sa détermination ne sera néanmoins pas éteinte. Sa flamme sera décuplée et il changera le visage de l’équipe, gagnera la confiance de ses dirigeants, et marquera de son empreinte le jeu de son équipe par son habituel football offensif. Les buts et les éloges s’en suivront.
Puis vint le Sporting Cristal, l’un des clubs le plus important du pays, mais sa méthode aura du mal a passé auprès des cadres du vestiaires. Il finira par partir après un échec.
Le succès au Chili
Universidad de Chili
Puis viendra les années chilienne où les bons résultats vont s’enchaîner, notamment à O’Higgins (Chili) et Emelec (Equateur). Ensuite Jorge Sampaoli débarque dans l’un des meilleurs clubs du Chili : l’Universidad (la U) de Chili.
Son objectif sera de gagner un premier titre majeur. N’hésitant pas cette fois-ci à se débarrasser des cadres. Il convie donc deux idoles du club à prendre la porte (Rafael Olarra et Manuel Iturra). Il doit mettre en place ses méthodes, et rien ne doit plus l’arrêter.
L’équipe démontrera l’étendue de son talent passant de 4-3-3 en 3-4-3 version Jorge Sampaoli. Son équipe a pour caractéristique d’être flexible tout au long des rencontres sur les différentes phases de jeu. On note surtout quelques éléments qui sont l’empreinte même de Sampa : Le pressing haut, des joueurs sur les côtés qui créent le surnombre en attaque.
Le Chili tout entier est sous le charme. Il rafle tous les cinq tournois nationaux. En Copa americana (équivalent de la ligue Europa), l’une des victoires marquantes est celle contre Flamengo avec Ronaldinho dans leur rang (4-0). Ils iront jusqu’en finale et décrocheront le titre en étant invaincu.
Le sacre en sélection du Chili
Après son sacre avec l’Universidad, sa côte de popularité grimpe au point d’être appelé pour prendre la suite de l’équipe nationale. Il remettra le Chili au style d’un de ses prédécesseurs, qui n’est nul autre que Marcelo Bielsa.
Le Chili reprendra de sa hargne, son énergie et son pressing. La sélection affichera un beau visage sous ses ordres, allant jusqu’à gagner la Copa America en 2015. Il donne alors le premier trophée majeur au Chili après tant d’années d’échec à l’international. Jorge Sampaoli terminera troisième au trophée de meilleur entraineur FIFA derrière Pep Guardiola (Bayern) et Luis Enrique (Barcelone). Il est élu meilleur entraîneur sud-américain en 2015.
Jorge Sampaoli, le Bielsista
Coach travailleur et méticuleux, il est reconnu pour sacrifier ses nuits au profil du travail. Ses équipes étant très offensives, il n’a jamais hésité à se reconnaître comme un Bielsista depuis son début.
« J’en étais arrivé à un point où j’étais devenu Bielsa dépendant. »
– Jorge Sampaoli à La Naccion en 2014
Sa présence au Chili a été en parti influencé par Bielsa qui était en poste en sélection. Ses équipes étaient reconnues comme ayant des similitudes avec la sélection de Bielsa dans le jeu. Tout de lui en tant que coach a été façonné par ce dernier (tactique, vision, jeu).
Après sa victoire en Copa America, il donnera certains points de similitudes et de différence avec son mentor :
« Bielsa a propagé cette idée de vouloir jouer à tout prix et ce peu importe le nom de l’adversaire et le lieu du match, d’égal à égal. Mais, le jeu développé par ses équipes est plus direct et la possession de balle est moins importante que ce que je préconise. Je privilégie d’avantage les attaques placées en repartant systématiquement du gardien que le pressing adverse soit important ou faible. Les fondements sont donc identiques même si la forme diffère. Je me rapprochais plus de Marcelo à mon époque de l’Universidad. »
– Interview avec Jorge Valdano sur Bein Sports Espagne en 2017
Adepte de la possession
Des bases prises chez Bielsa, son jeu a considérablement évolué ses dernières années. Ses équipes ne vont pas que de l’avant, il a ajouté cette main mise sur le ballon pour avoir le contrôle du jeu. Admirateur de Pep Guardiola, c’est de lui qu’il tire cet amour de la possession.
Il s’associe donc à Juan Manuel Lillo, coach très apprécié par Guardiola (actuellement son adjoint à Manchester City). Dans son staff au Chili avant le Copa America, il ajoutera Matías Manna. Ce dernier est un analyste des tactiques de Guardiola dès ces premières heures, avant d’être internationalement reconnu.
Concernant son évolution vers un style de possession, il dira :
« Quand on a quitté le Chili, mon adjoint a pris la décision de suivre son propre chemin. J’ai alors pensé à comment faire que mon jeu d’attaque soit meilleur. Je me suis rapproché de personnes qui réussissaient à avoir autant la possession comme le Barcelone de Guardiola qui non seulement attaquait mais aussi privait son adversaire de ballon. L’idée était également de commencer à grandir comme entraîneur sur d’autre voie, de ne pas être frénétique tout le temps, parce que si on doit se projeter rapidement sur le but adverse, il faut aussi se replier rapidement, alors on a commencé à faire un mélange. »
– Interview avec Jorge Valdano sur Bein Sports Espagne en 2017
Première expérience européenne à Séville
Après son succès au Chili, il lance sa première expérience en Europe. Il signera un contrat de deux ans avec Séville.
Pour sa première européenne, il finira quatrième du championnat. Il aura tenu tête au Real Madrid pendant une partie de la saison. Il proposera des matchs alléchants, un football très offensif avec un 3-4-3 ou 4-2-3-1. Samir Nasri et le champion du monde Steven Nzonzi seront parmi ces hommes clés. Laissant un sentiment d’inachevé auprès des fans, il quitte Séville pour prendre les rênes de l’équipe nationale d’Argentine. Son aventure européenne n’aura donc durée que le temps d’une saison.
Persona non grata en Argentine
A l’été 2017 il débarque en sélection, mais il a du mal à imprimer sa patte. L’équipe finit néanmoins par se qualifier en Coupe du Monde grâce à un triplé d’un Lionel Messi des grands soirs. Pourtant la défense de l’équipe semble être le point faible le plus remarquable de son équipe. Et le jeu proposait ne convainc ni les observateurs, ni les joueurs.
Son équipe enchaînent les mauvais résultats lors des deux premiers matchs de coupe du monde. Le troisième match est pris en main par les joueurs qui l’ont lâché, n’étant pas satisfait de ses méthodes ainsi que des résultats. Ils se qualifieront malgré tout pour les huitièmes de finale où ils se feront éliminer par une valeureuse Équipe de France. La fédération argentine de football le limogera de ses fonctions par la suite.
Bien que respecté ou adulé un peu partout où il est passé, ce dernier ne jouit pas de la même appréciation dans son pays. Son expérience ratée avec la sélection argentine a été le pic de ce désamour dans son pays natal. Cela s’explique du fait qu’ajouter à son mauvais passage en sélection, il est celui qui aura fait rater une Copa America tant attendu à l’Argentine en 2015. Puisque rappelons-le, il était le coach du pays victorieux : le Chili.
La renaissance au Brésil
Il se relance alors au Brésil à Santos. Il finira deuxième du championnat. Son retour satisfait les observateurs et attire plusieurs clubs. Il signe l’année qui suit à l’Atlético Minéiro où il est présentement dans la course au titre.
Jorge Sampaoli enfin à l’OM
Jorge Sampaoli était celui dont le nom a été le plus cité depuis la démission d’André Villas-Boas. Les dernières informations évoque un contrat deux ans et demi avec le club marseillais. Ce qui est rassurant pour les supporters marseillais, c’est qu’il aime l’OM depuis de nombreuses années.
« C’est le genre de club qui me plaît. Des clubs comme Marseille ou Galatasaray qui ont ce soutien, cette clameur populaire et qui font que si tu gagnes quelque chose, la ville explose. Ce serait extraordinaire de pouvoir apporter la joie qu’elles méritent à ces villes, en retour à ce qu’elles donnent au football. L’idée serait aussi de donner un style de jeu qui convienne à ce soutien populaire, comme l’a fait Marcelo Bielsa : il faut que le spectacle reste incrusté dans la rétine de chaque citoyen de cette ville, que ce qui normalement n’arrive pas, arrive. (…) L’idée, c’est de changer l’histoire de l’endroit où tu vas, rien de moins. Si tu ne vas pas quelque part avec cette envie, faire ce métier a peu d’intérêt. »
– Jorge Sampaoli à So Foot en 2016
Jorge Sampaoli rejoint donc l’Olympique de Marseille. À voir les changements qu’il appliquera au niveau du jeu et de l’utilisation des joueurs. Désormais, lorsque l’on connaît le tempérament du personnage, on s’attend à du mieux, surtout de la part de certains. Et vous, que pensez-vous de l’arrivée de Sampaoli ?